dimanche 28 janvier 2018

Mt 25

Lecture biblique : Mt 25 (voir ci-dessous, en bas de la page)
Thématique : la foi, l’espérance et l’amour, en trois paraboles
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 28/01/18

* Comment interpréter ces fameuses paraboles de l’Evangile selon Matthieu ? 

Il faut commencer par les restituer dans leur contexte. 
C’est le dernier discours de Jésus avant sa passion. Au chapitre précédent (chap.24), Jésus parle de l’avènement du Fils de l’homme, une figure biblique - disons même « eschatologique » (qui parlent des choses dernières, des temps derniers) - … ce Fils de l’homme qui est censé intervenir et agir au nom de Dieu… dans une fonction d’arbitre… pour apporter une lumière, un jugement sur l’humanité… et rassembler les élus de Dieu. 

Jésus parle des signes qui annonceront son avènement, sa venue. Mais il ajoute que personne n’en connait vraiment le jour … 
En attendant, il appelle les disciples à veiller. 

C’est donc dans ce contexte de l’annonce de l’avènement du Fils de l’homme que se situe les paraboles de Jésus. Il est question de veillez en attendant cet évènement… car, en effet, personne ne sait quand il adviendra. Jésus invite donc les disciples à persévérer dans la foi, l’espérance et l’amour… en attendant. 

Retenons déjà ici ces trois vertus théologales : la foi, l’espérance et l’amour - sur lesquelles l’apôtre Paul insistera également. Elles peuvent nous servir de grille de lecture pour ces trois paraboles.

* Petite remarque (entre parenthèses) en passant… si vous lisez les chapitres 24 et 25 de Matthieu, vous remarquerez peut-être que Jésus ne semble pas parler directement de lui, lorsqu’il évoque la venue prochaine du Fils de l’homme. Il parle d’un évènement futur que, vraisemblablement, beaucoup de croyants de cette époque attendaient avec impatience. 

Ce sont les disciples qui, plus tardivement, vont appliquer à Jésus (vont plaquer sur lui) cette figure du Fils de l’homme. Ils vont identifier Jésus au messie, au Christ… et du fait de sa mort sur la croix et des expériences d’apparitions (qui révéleront sa résurrection dans la sphère céleste)… ils vont penser que le Fils de l’homme était Jésus lui-même… et que l’avènement du Fils de l’homme signifie le retour du Christ. 

C’est cet évènement qu’attendront avec persévérance tant de Chrétiens durant des siècles. Cette espérance était - on le croyait - imminente à l’époque de l’apôtre Paul… mais, peu à peu, avec le temps, il faut l’avouer… elle a perdu de son souffle. 

Aujourd’hui d’ailleurs, on peut très bien être « chrétien » - vouloir vivre une relation personnelle de confiance avec Dieu… et vouloir suivre et vivre les enseignements de Jésus - tout en pensant que Jésus ne reviendra peut-être jamais. D’ailleurs, s’il vit désormais dans une autre sphère de réalité… dans la lumière éternelle de Dieu… on peut avoir du mal à penser qu’il puisse revenir un jour, en chair et en os. 

On peut donc légitimement habiter autrement cette espérance que décrit Jésus. 
Pour ma part, je ne sais pas si le Fils de l’homme viendra un jour… mais ce que je sais, en lisant la Bible, c’est que nous aurons chacun à rendre compte, d’une manière ou d’une autre, de ce que nous avons vécu et fait de cette vie qui nous est donnée (cf. Mt 25, mais aussi 2 Co 5,10). 
Un jour ou l’autre, à la fin de notre existence, une lumière d’amour sera faite sur notre personne et notre vie relationnelle, et nous constaterons avec Dieu ce qui aura été bon et moins bon. 

La Bible a donc pour rôle - entre autres - de nous apporter des conseils de vie, pour vivre une existence bonne et juste sous le regard de Dieu… et pour ne pas nous retrouver démunis, « le bec dans l’eau », le jour où Dieu nous accueillera dans son règne lumineux. 

En bref… je ne sais pas si le Fils de l’homme viendra un jour, comme Jésus et les disciples le pensaient - personnellement, cette croyance vient plutôt heurter ma raison et me questionner - mais, pour autant, je crois que les enseignements de Jésus restent tout à fait valables et d’actualité… dans la mesure où ils nous aident à réfléchir à l’orientation de notre vie : 

En attendant le jour « j », où nous quitterons cette existence, pour être accueillis dans la lumière éternelle de Dieu… la question se pose de savoir ce que nous avons à faire et à vivre ici bas. 

Pour vivre une vie juste et bonne - ajustée à la volonté de Dieu - Jésus nous guide avec trois paraboles qu’on peut interpréter à la lumière de trois vertus : la foi, l’espérance et l’amour. 

* La première parabole : celle des dix jeunes filles envoyées avec leur lampe à huile au-devant d’un marié qui tarde à rejoindre la noce symbolisent l’espérance. 
Cinq d’entre elles - en tout cas - celles qui ont été sages et avisées, prévoyantes et persévérantes - en apportant des réserves d’huile, montrent que la bonne attitude, face à l’attente d’un monde meilleur, n’est pas l’insouciance, ni la passivité… ce n’est pas le découragement ni la paresse, mais l’attente active : une attente nourrie et habitée par l’espérance. 

L’espérance est montrée à travers la figure de ces cinq jeunes femmes qui savent qu’éclairer la nuit, c’est faire venir l’aurore. 
Elles croient toujours à la venue du Seigneur… elles ont tout prévu dans cette longue attente. 

Par cette parabole, Jésus nous appelle donc à veiller, à garder l’espérance au fond du coeur … et à agir en éclairant le monde de cette espérance, comme l’ont fait ces cinq jeunes filles avec leurs réserves d’huile qui leur a permis d’accueillir l’époux. 

Bien sûr, cette parabole nous concerne aujourd’hui encore : 

N’avons-nous pas, parfois, la tentation de baisser les bras… de nous laisser décourager, face à un monde encore si sombre et si violent ?
Les informations télévisées nous montrent quotidiennement ou presque, à travers le monde, des images de catastrophes, de tensions, de conflits, de guerres, où chaque jour des centaines de personnes meurent dans l’abrutissement de la sauvagerie, dans la misère, ou dans les ténèbres de l’ignorance. Cela ne doit pas nous inciter à penser que le monde est « foutu », que l’humanité est perdue. 

La lumière de l’Evangile brille toujours ici ou là…  même comme une petite flamme fragile… elle est un signe que les choses peuvent être autrement. 
Nous sommes appelés à faire briller cette lumière, en étant à la suite du Christ des artisans d’espérance… en montrant au monde qu’un autre chemin est possible que celui de la réciprocité - du mal contre le mal - de la violence - de la rancune ou de la rancoeur… 

A nous de vivre la gratuité de l’amour, du pardon, de la fraternité, de la réconciliation… à nous de vivre, avec conviction et persévérance, la loi d’amour de l’Evangile… pour être des petites étincelles de lumière et d’espérance dans ce monde (cf. Mt 5, 14-16). 

* La deuxième parabole - celle des talents - met en avant une deuxième vertu : la foi. 
Ce qui distingue, en effet, les deux premiers serviteurs du troisième, ce n’est pas seulement le nombre de talents reçus : 1, 2 ou 5 talents : peu importe… puisqu’un talent représentait déjà une somme considérable et même démesurée (1 talent équivalait à 10 000 deniers). 
Non… ce qui les différencie, c’est la confiance qu’ils ont en leur maître. 
(C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont récompensés : ils ne sont pas félicités pour ce qu’ils ont fait, pour les gains obtenus - puisqu’ils présentent d’autres talents, de nouveaux talents à leur maître - mais ils sont approuvés en raison de leur confiance.)

Le dernier serviteur - quant à lui - n’a pas compris son maître - qui symbolise ici Dieu ou le Fils de l’homme. Il a considéré ce talent confié avec méfiance. 
Parce qu’il a vécu dans la peur de se tromper ou la crainte du jugement, il n’a rien entrepris. Il n’a pas compris - pas pris la mesure - du cadeau offert par Dieu. Il l’a simplement caché dans la terre. 
Au retour du maître, qui vient pour prendre des nouvelles, il lui rend en disant : « voici ton bien ! ». 

Ainsi, en ne saisissant pas la confiance offerte par le maître, il l’a pour ainsi dire refusée… contrairement au deux premiers serviteurs qui l’avaient acceptée et qui, du coup, avaient mis à profits les cadeaux reçus. 

On pourrait dire - d’une certaine manière - que ce troisième serviteur s’est lui-même privé de la vie, par peur… en refusant la confiance que le maître lui avait offerte. 

Au regard de cette parabole, on perçoit que la foi consiste, en fait, à accueillir la foi de Dieu, à accepter sa confiance. 

La foi, c’est donc faire confiance à Dieu… ou plus exactement… c’est faire confiance à la confiance de Dieu. 

La foi ne vient pas de nous. Elle consiste à accueillir la foi de Dieu. 
Dieu a eu confiance en ces serviteurs… mais un - par crainte - a refusé cette confiance que Dieu lui offrait.

On voit donc, à travers les deux premiers serviteurs de la parabole, ce que fait la foi : accueillir la confiance que Dieu nous fait, cela nous met en mouvement… cela nous procure courage et audace, pour aller de l’avant, pour innover, pour inventer… et, au bout du compte, cela nous donne de la joie. 
C’est la promesse que Jésus révèle dans cette parabole : « Tu as eu confiance… tu as accepté la confiance que je t’avais faite - dit le maître - tu as mis cette foi a profit… tu as su en tirer de bonnes choses…  d’autres talents… viens maintenant te réjouir avec ton maître ». 

Ainsi, Jésus nous redit, ici, que la foi n’est pas une croyance… une somme de définitions sur Dieu… que l’on enferme dans des dogmes ou un Credo… la foi est comprise comme une relation, qui implique une attitude de fidélité réciproque, qui nous met en mouvement… qui nous ouvre à une nouvelle dynamique… puisqu’il s’agit d’entrer dans la confiance même de Dieu, qui nous relève et nous pousse en avant.

Cette parabole nous rappelle donc que Dieu nous offre sa grâce. 
La foi - si l’on peut dire - se mesure à la façon dont l’homme s’ouvre et accueille cette grâce première de Dieu et y accepte d’y répondre. 

Etre chrétien, c’est être au bénéfice de la confiance surabondante de Dieu, de la fidélité surabondante de Dieu. 
La source de notre foi n’est pas en nous-mêmes, elle est en Dieu. 
Croire en Dieu, ce n’est pas croire en soi…. C’est bien davantage croire que - au-delà de nos fragilités, de nos manquements, de nos faiblesses ou de nos échecs - Dieu nous donne tout ce qui est nécessaire pour continuer à avancer et pour rebondir… et même, au-delà, il nous offre ses bienfaits et ses talents… pour transformer tout ce qui peut l’être en quelque chose de bon… pour les offrir aux autres… pour nous faire porter des fruits d’amour, de fraternité, d’espérance, de joie autour de nous… dans notre famille, notre travail, nos engagements, dans la société ou dans l’Eglise… 

La foi, c’est cela : c’est se reconnaitre au bénéfice de l’amour et de la confiance de Dieu. 
Jésus nous invite à vivre cette confiance chaque jour de notre existence… malgré les épreuves et les difficultés… pour nous permettre de les surmonter. 

* Enfin, troisième et dernière parabole : celle du jugement dernier. 
Elle nous propose, à travers l’image d’une séparation entre des brebis fidèles et des chèvres rebelles, de distinguer ceux qui ont agi pour le règne de Dieu de ceux qui n’y ont pas contribué, pour différentes raisons qui ne sont pas exposées ici : par désintérêt d’autrui ou indifférence, par égoïsme ou négligence…  peu importe les raisons… Le fait est que beaucoup de personnes - et parfois nous-mêmes - sont plus préoccupées par leurs besoins et leurs soucis, que par plus de partage, d’amitié, de fraternité ou de justice. 

Ici, à travers cette petite histoire saisissante - qu’il faut, bien sûr, entendre dans un sens « allégorique » ou « mythique » - et non pas à la lettre - c’est l’amour (la charité), comme vertu fondamentale, qui est mis en avant. 

D’un côté, il y a ceux qui ont désaltéré l’assoiffé, nourri l’affamé, accueilli l’étranger, visité le prisonnier. Et de l’autre, ceux qui sont restés les bras croisés. 

La révélation de cette parabole, c’est que derrière les visages de ceux qui sont en peine (les affamés, les assoiffés, les étrangers, les prisonniers, les malades) se cache celui du Christ… c’est-à-dire le visage de Dieu lui-même. 
L’auditeur de la parabole est désormais prévenu : aimer son prochain, c’est aider son prochain (ce n’est pas éprouver un sentiment, c’est agir en sa faveur)… et cela revient à agir envers Dieu lui-même. 

Ainsi, nous dit cette parabole : mettre à profit le temps qui nous est donné de vivre dans cette existence - en attendant un monde meilleur - ne peut se faire que dans l’amour. 

Une vie sans amour est une vie insensée… perdue… fermée sur elle-même… une vie qui nous éloigne de Dieu… puisque Dieu est amour (cf. 1 Jn 4). 

Au contraire, ceux qui ont agi avec bienveillance sont appelés « les bénis » du Père… ils sont invités à s’approcher de Dieu - « Venez les bénis de mon Père » dit Jésus - car en réalité, il se sont déjà approchés de Dieu par leur compassion, leur générosité et leurs actes bienveillants. 

L’amour fraternel - gratuit et sans calcul - est ici manifesté par des gestes simples, quotidiens : donner à boire, à manger, rencontrer, visiter, soutenir, consoler, prendre soin… des gestes simples à l’intention des plus petits… des plus petits que nous pouvons croiser à tout moment dans notre vie quotidienne. 

Ce n’est donc pas compliqué de s’approcher du Christ… il suffit d’ouvrir les yeux autour de soi, d’éprouver de la compassion pour autrui, d’accepter de se rendre disponible - ce qui est parfois le plus difficile, car on a toujours des soucis et des choses à faire pour soi ou sa famille -  C'est décider de donner un peu de son temps… d’agir, de tendre la main… d’apporter un peu de soin et de réconfort aux autres… et de rendre ainsi le monde meilleur. 

* Ainsi donc… pour conclure… ces trois paraboles nous invitent toutes à veiller, mais en insistant sur une dimension particulière… en mettant en avant des vertus distinctes : l’espérance ou la foi ou l’amour. 

Voilà à quoi doit ressembler notre veille, notre attention quotidienne : développer une conscience plus aiguisée, plus élargie à notre entourage, pour être des instruments, des serviteurs, du règne de Dieu… en propageant la foi, l’espérance et l’amour. 

Les paraboles de Jésus constituent ainsi une exhortation : elles nous appellent à prendre la vie au sérieux ! 
Elles nous disent en substance : Ne passe pas ta vie à dormir ! Réveille-toi et vis vraiment ! Vis selon la volonté de Dieu… et tu mèneras une vie juste et bonne… une vie relationnelle riche de sens… et tu trouveras joie et bonheur !

Par ailleurs, la parabole dite « du jugement dernier » nous montre que l’accomplissement du dessein de Dieu dépasse les frontières et les églises : Quiconque témoigne de l’amour envers un être humain, accomplit - peut-être sans le savoir - la volonté bienveillante de Dieu : il participe à son règne. 

Je me demande dans quelle mesure notre Eglise, nos associations diaconales (comme l’Entraide) et nous-mêmes participons à ce règne. 
Il me semble que nous le faisons, lorsque nous accueillons ceux que nous croisons sur notre route - et qui n’ont parfois aucune place dans la société - lorsque nous les accueillons véritablement comme des frères et soeurs en Christ. 

Je me demande parfois si l’Eglise n’a pas pour unique raison d’être de constituer ce lieu où l’on accueille celui qui n’est accueilli nulle part ailleurs, où l’on donne une responsabilité à celui qui n’en a aucune, où l’on confie un service à celui à qui personne ne fait confiance, où l’on donne la parole à celui qui n’est jamais écouté, parce qu’on le regarde avec les yeux du Christ. 

C’est exactement ce qui se joue dans cette parabole du jugement dernier : le roi (qui symbolise le Fils de l’homme ou peut-être Dieu lui-même) s’identifie au plus petit parmi les frères. Il nous rappelle que nous ne faisons qu’un… que nous sommes tous liés. 

Ainsi donc, lorsque nous traitons toutes les personnes que nous rencontrons - non pas de haut, avec condescendance, comme des « petits » ou des êtres sans importance - mais, au contraire, comme des êtres royaux… des rois ou des reines… puisque c’est ainsi que le Christ les voit… quand nous rétablissons ceux que nous croisons dans leur dignité d’enfant de Dieu… de fils et de fille du Roi céleste… alors, oui, nous témoignons pour eux de l’amour de Dieu… et, dès lors, nous devenons témoins de son règne de foi, d’espérance et d’amour.

Nous sommes ainsi invités à saisir la foi, la confiance, que Dieu nous offre… pour changer de regard sur autrui et sur le monde…  pour contribuer à relever les coeurs et élever les consciences… et devenir des artisans de son Royaume, ici et maintenant. 


Amen. 


Lecture biblique : Matthieu Chapitre 25 (TOB : voir https://lire.la-bible.net)

Les dix vierges
1« Alors il en sera du Royaume des cieux comme de dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et sortirent à la rencontre de l’époux. 2Cinq d’entre elles étaient insensées et cinq étaient avisées. 3En prenant leurs lampes, les filles insensées n’avaient pas emporté d’huile ; 4les filles avisées, elles, avaient pris, avec leurs lampes, de l’huile dans des fioles. 5Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. 6Au milieu de la nuit, un cri retentit : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.” 7Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes. 8Les insensées dirent aux avisées : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.” 9Les avisées répondirent : “Certes pas, il n’y en aurait pas assez pour nous et pour vous ! Allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous.” 10Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et l’on ferma la porte. 11Finalement, arrivent à leur tour les autres jeunes filles, qui disent : “Seigneur, seigneur, ouvre-nous !” 12Mais il répondit : “En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais pas.” 13Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.

Les talents
14« En effet, il en va comme d’un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. 15A l’un il remit cinq talents, à un autre deux, à un autre un seul, à chacun selon ses capacités ; puis il partit. Aussitôt 16celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla les faire valoir et en gagna cinq autres. 17De même celui des deux talents en gagna deux autres. 18Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla creuser un trou dans la terre et y cacha l’argent de son maître. 19Longtemps après, arrive le maître de ces serviteurs, et il règle ses comptes avec eux. 20Celui qui avait reçu les cinq talents s’avança et en présenta cinq autres, en disant : “Maître, tu m’avais confié cinq talents ; voici cinq autres talents que j’ai gagnés.” 21Son maître lui dit : “C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître.” 22Celui des deux talents s’avança à son tour et dit : “Maître, tu m’avais confié deux talents ; voici deux autres talents que j’ai gagnés.” 23Son maître lui dit : “C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître.” 24S’avançant à son tour, celui qui avait reçu un seul talent dit : “Maître, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes où tu n’as pas semé, tu ramasses où tu n’as pas répandu ; 25par peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien.” 26Mais son maître lui répondit : “Mauvais serviteur, timoré ! Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que je ramasse où je n’ai rien répandu. 27Il te fallait donc placer mon argent chez les banquiers : à mon retour, j’aurais recouvré mon bien avec un intérêt. 28Retirez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents. 29Car à tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré. 30Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents.”

Le jugement

31« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, accompagné de tous les anges, alors il siégera sur son trône de gloire. 32Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres. 33Il placera les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. 34Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. 35Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez recueilli ; 36nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi.” 37Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ? 38Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te vêtir ? 39Quand nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ?” 40Et le roi leur répondra : “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait !” 41Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. 42Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire ; 43j’étais un étranger et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” 44Alors eux aussi répondront : “Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou en prison, sans venir t’assister ?” 45Alors il leur répondra : “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait.” 46Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle. »

dimanche 14 janvier 2018

2 Co 4,16 - 5,10

Lectures bibliques : Es 61, 1-4. 8. 10-11 ; Mt 22, 1-14 ; 2 Co 4, 16-18 + 5, 1-10
Thématique : revêtir l’Esprit du Christ… pour vivre une vie nouvelle
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 14/01/18

* En ce moment… c’est l’hiver… la période de l’année où il y a plus de décès et d’enterrements… en tout cas, c’est le cas cette année. 

En recevant un certain nombre de familles pour préparer des cultes d’action de grâce à l’occasion des obsèques, je me rends compte qu’il n’y a pas forcément beaucoup d’espérance dans les coeurs. Ce n’est pas un jugement de ma part, mais un constat… un constat un peu malheureux. 

Je crois que cet état de fait vient de la manière dont nous pensons notre vie et notre réalité humaine. 

Nous sommes dans un monde très matérialiste et scientiste, où - globalement - nous pensons la réalité à partir de nos sens : de ce que nous pouvons voir, sentir, toucher… expérimenter avec nos moyens corporels. 
Il en résulte que nous avons une vision - me semble-t-il - très réduite de la réalité, de nous-mêmes et de notre vie. 

Ainsi, pour nous - puisque nous avons tendance à nous arrêter à ce que nos yeux peuvent voir… ce que nos mains peuvent toucher -… pour nous, nous sommes des corps : Je suis ce corps qui se tient devant vous et qui vous parle. 

Le problème, c’est que si l’on réduit son identité - sa personnalité, son individualité - au corps : le jour où ce corps perd la santé, un certain état d’équilibre, et qu’il fonctionne mal : c’est le début de la catastrophe… et le jour où ce corps nous lâchera, pour s’arrêter, pour mourir et se dégrader : ce sera la tragédie : la fin de tout. 

Oui… si nous ne sommes que des corps : la mort  signe l’entrée dans le néant : la fin de notre vie… le « clap » définitif et final. 

Dans les textes que nous avons entendus, l’apôtre Paul nous propose une autre manière de voir les choses, qui transcende une vision purement matérialiste de la vie : 

Pour lui - en tout cas, pour le lecteur que je suis, car c’est une interprétation possible de ses écrits (je ne prétends pas que ce soit la seule) - … pour lui, notre réalité ne se limite pas au corps, à « l’homme extérieur ». 
Il y a, à côté de cette extériorité, une intériorité qu’il appelle « l’homme intérieur »… et que d’autres - théologiens ou philosophes - ont appelé l’âme ou l’esprit. 

Il y aurait donc plusieurs dimensions à notre individualité, notre personnalité : le corps, l’homme extérieur (que Paul appelle ailleurs l’homme charnel, animé par les désirs de la chair, les passions liées au corps et à l’ego)…  - Cet « homme extérieur » va inévitablement vers sa ruine - nous dit Paul (car nous savons qu’il est inscrit dans la matérialité et la finitude) - … et - d’autre part - « l’homme intérieur » - l’esprit ou l’âme - qui se renouvelle de jour en jour (cf. 2 Co 4, 16, 18). 

Cette vision de l’humanité (cette anthropologie) me semble beaucoup plus ouverte à l’espérance qu’une vision purement matérialiste. Car, elle nous laisse à penser que si le corps (l’homme extérieur) va un jour disparaitre… l’homme intérieur, quant à lui, va poursuivre sa course au-delà de notre existence matérielle et biologique : 
Cela nous ouvre à l’espérance d’une poursuite de notre individualité… dans la vie éternelle… ou, tout du moins, dans une autre sphère de réalité. 

En ce sens, Paul parle dans la première épitre aux Corinthiens (cf. Chap. 15) de « corps spirituel » (corps régi par l’esprit), pour évoquer la réalité de cette vie transformée : une forme de vie transcendante et spiritualisée, en quelque sorte… que Paul distingue du « corps psychique ou animal », qui correspond à notre incarnation présente, dans la chair. 

En d’autre terme, je dirais que la vision paulinienne de l’homme nous ouvre à l’espérance. Par ailleurs, elle nous rappelle que nous vivons actuellement - comme être humain incarné, vivant en chair et en os sur la planète terre - dans deux réalités : le monde physique (le monde de la matérialité, qui est à la fois le monde de la relativité et de la biochimie) et le monde de Dieu que je qualifierai de monde spirituel : 
Non pas que Dieu ne soit pas aussi le Dieu de notre monde matériel, mais nous avons l’habitude de parler de Dieu comme une réalité spirituelle : lorsque nous disons que Dieu est Esprit, Souffle saint… qu’il est l’Eternel, la Lumière, l’Amour, la cause première de toute vie et de tout être, nous parlons - à travers ces images - de Dieu, comme une Force de vie, une réalité invisible et impalpable.

Il découle donc de cette manière de voir que nous vivons, à la fois, dans un monde « matériel » (dont nous ne connaissons qu’une infime partie, par rapport à l’infinité des mondes de l’univers ou des multivers) et dans un monde plus vaste et transcendant - qu’on pourrait appeler le monde de Dieu : le règne de Dieu ou le Royaume, dans le sens d’une réalité spirituelle dont Dieu est l’origine et le maître, si on pense que Dieu est l’Intelligence suprême, le Créateur éternel, la cause première de toute chose.

La difficulté - pour nous - c’est que nous avons tendance à réduire notre existence à ce monde monde matériel auquel nous appartenons, ici bas, dans l’expérience de vie qui est actuellement la nôtre… et, finalement, nous passons beaucoup de temps à nous en préoccuper, à travers nos besoins (manger, boire, nous vêtir, nous abriter, …) et nos désirs (avoir, posséder plus de biens, plus de pouvoir, d’argent, de confort, etc.). 

(Disons que notre « corps » est parfois même idolâtré ou idéalisé…  Il faut maintenir sa jeunesse, sa beauté, sa forme - de même que nous tenons à répondre à la plupart de nos désirs de possession… Nous avons ainsi tendance à sacraliser la matérialité : notre corps, notre téléphone portable, notre voiture,… oubliant que ce sont des instruments de communication… qui sont sensés permettre à notre esprit d’habiter ce monde et d’y agir en relation avec les autres, en vue du bien de tous.)

Du même coup (à cause de cette obsession à l’égard de la matérialité) - nous oublions souvent - ou disons, que nous nous préoccupons assez peu - sauf, bien sûr, ce matin, au moment de ce culte ou dans nos temps de méditations ou de prières personnelles - de notre vie spirituelle, c’est-à-dire du fait que nous appartenons aussi au monde de Dieu (au « Règne de Dieu » ou « Royaume des cieux », pour reprendre les mots de Jésus). 

Quand je dis cela, et que je fais cette distinction, je ne veux pas dire que le monde matériel n’appartient pas à Dieu, mais j’essaie de dire que notre esprit, notre âme - qui constitue (à mon sens) l’essence de notre personnalité, de notre individualité - appartient au monde de Dieu… et que, certainement, nous devrions nous occuper plus d’avancer et de progresser au niveau spirituel, que de nos besoins élémentaires. 

En effet, si nous pensons que notre âme / ou notre esprit / est éternel… et que notre corps, qui n’est que notre enveloppe, notre véhicule, notre « tente » (pour reprendre l’image, la comparaison de Paul) n’est là que pour 100 ans environ, nous devrions modifier et retourner l’ordre de nos priorités… et nous dire que notre mission de vie - à travers la matérialité - est de faire progresser notre âme, de permettre à notre esprit d’expérimenter l’amour, la paix, la bonté, la bienveillance, la joie, etc. 

Il ne s’agit absolument pas de nier notre vie matérielle et physique, ses attraits et ses difficultés - bien au contraire - mais de l’envisager comme un moyen, un instrument… et non comme un but, une destination finale. 

Pour Paul, la vie terrestre n’est qu’une « tente », un instrument, une demeure provisoire… la destination finale, c’est de vivre dans la présence et la lumière de Dieu.
 (Il parle de demeurer auprès du Seigneur, comme un but, un accomplissement : cf . 2 Co 5, 1-10)

Il me semble donc que les épitres de Paul nous invite à regarder notre vie de manière nouvelle : 
La vie terrestre est à saisir comme le moyen qui nous est donné - à travers toutes nos rencontres humaines (notre vie familiale, professionnelle, associative, de voisinage, etc) - de progresser dans l’amour… de faire progresser notre esprit ou notre âme, pour qu’il s’approche de plus en plus de Dieu, de son état d’esprit, qui est la Bonté même, la Bienveillance même, la Miséricorde même, la Gratuité même. 

Nous sommes appelés à expérimenter et à concrétiser dans cette vie charnelle, les valeurs qui sont des valeurs éternelles. 
Et, bien sûr, ce qui va rester de ce que nous aurons fait sur cette terre, ce n’est que l’amour, la paix, la justice, l’amitié, la lumière, la joie que nous y auront apporté. Tout le reste (tout ce qui se cantonne au matériel) n’a pas d’importance et risque de disparaitre tôt ou tard. Ce qui compte c’est l’amour que nous aurons su donner et recevoir.
C’est toujours le constat que nous faisons lors des obsèques d’une personne : nous nous souvenons essentiellement de l’amour donné et reçu. 

Ceci explique pourquoi Jésus insiste tant dans les paroles de l’Evangile sur la justice et le don de soi (le service) : 
- D’une part, parce que la vie est faite de ce que nous y semons et nous y donnons : « donnez et vous recevrez » (Lc 6,38). C’est de notre notre responsabilité de savoir ce que nous semons dans le grand champ du monde. 
- Et, d’autre part, le don de soi nous fait progresser sur un plan spirituel : il nous apprend le lâcher-prise, le détachement, la confiance, la gratuité, la générosité… toutes ces valeurs qui caractérisent la manière d’agir et de créer de Dieu… et qui nous font avancer nous-mêmes… qui nous font devenir semblables à notre Père céleste… qui nous font vivre et agir à la manière de Dieu… et donc devenir ses enfants… Puisque sont véritablement « enfants de Dieu » ceux qui agissent à la manière de Dieu (cf. Mt 5, 43-48).

En parlant de tout cela - nous l’avons entendu - Paul utilise, à la fois, l’image du vêtement et de l’habitation : il dit que nous avons un vêtement provisoire : notre corps, notre tente… qui se détruit… et que nous avons une demeure éternelle dans les cieux qui nous attend… 
Pour accéder à cette habitation céleste, nous devrons un jour ou l’autre nous dévêtir…  même si nous ne le voulons pas forcément…  en tout cas, pas immédiatement… il nous faudra quitter notre habit provisoire et éphémère.
(Il dit ailleurs que « la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu » cf. 1 Co 15)

Mais, la question est de savoir dans quelle disposition nous serons au moment de quitter notre tente, notre habit provisoire : 
Serons-nous nus ? Ou  Aurons-nous revêtu un autre vêtement ? 

C’est précisément ce que Paul nous appelle à faire et à vivre : il nous appelle à revêtir un autre vêtement qu’il appelle « Christ » ou « l’homme nouveau ». 
Il nous faut - dit-il - « revêtir un vêtement par-dessus l’autre, afin que ce qui mortel soit englouti par la vie » (2 Co 5, 4). 

Pour ce faire, nous avons reçu les arrhes de l’Esprit, c’est-à-dire que nous avons reçu l’Esprit du Christ, qui est l’Esprit de Dieu lui-même (voir aussi 2 Co 3,17-18). 

Il s’agit donc pour Paul de revêtir dès maintenant un vêtement d’éternité - un vêtement spirituel - qu’il nomme « Christ », l’Esprit du Christ, c’est-à-dire un nouvel état d’esprit qui était celui de Jésus Christ… et par lequel il a été trouvé juste devant Dieu… par lequel Dieu l’a relevé et justifié… par lequel Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. 

Je vous cite quelques passages des épitres de Paul :

- dans l’épître aux Ephésiens (4, 22-24) :
« Il vous faut, renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme […] il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité. »

- Dans l’épître aux Romains  (Rm 13, 12-14)
« La nuit est avancée, le jour est tout proche. Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. […] Revêtez le Seigneur Jésus Christ et ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour en satisfaire les convoitises. »

- Dans l’épître aux Galates (Ga 3, 26-28)
« Tous, vous êtes, par la foi, fils de Dieu, en Jésus Christ. Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ. »
(Le baptême est ici présenté comme le sacrement de la transformation de nos vies en celle de Jésus. Nous revêtons Christ, par la foi et par le baptême.)

- Enfin, dans l’épître aux Colossiens (3, 5-15)
« Faites donc mourir ce qui en vous appartient à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais et cette cupidité, qui est une idolâtrie. […]  Maintenant donc, vous aussi, débarrassez-vous de tout cela : colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté sortie de vos lèvres. Plus de mensonge entre vous, car vous vous êtes dépouillés du vieil homme, avec ses pratiques, et vous avez revêtu l’homme nouveau, celui qui, pour accéder à la connaissance, ne cesse d’être renouvelé à l’image de son Créateur […]  Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. […] Et par-dessus tout, revêtez l’amour : c’est le lien parfait. Que règne en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés tous en un seul corps. Vivez dans la reconnaissance. »

Paul appelle donc les disciples de Jésus Christ à ne pas attendre que nous ayons quitté notre vêtement terrestre, notre tente provisoire, pour revêtir - dès maintenant - un vêtement  par dessus l’autre : un vêtement d’éternité : l’Esprit du Christ… qui désigne - on le sent - une nouvelle manière de vivre, marquée par la bonté et la justice… une façon de vivre qui reflète l’existence même du Christ.

Pour Paul, l’acte symbolique de changer de vêtement, de revêtir un  nouveau vêtement, est un signe de conversion, de vie nouvelle. 

Pour lui, que nous conservions - encore quelque temps - notre demeure terrestre ou que nous la quittions - bientôt - notre ambition, notre projet, doit être de « plaire à Dieu » (cf. 2 Co 5,9). 
« Plaire à Dieu » , cela signifie participer à son règne d’amour : c’est faire advenir sa volonté d’amour, de fraternité et de paix pour le monde… c’est être un artisan de son règne de justice, à la suite de Jésus… c’est vivre, dès à présent, les valeurs de l’Evangile, c’est revêtir l’Esprit du Christ. 

* Ces images que nous donne l’apôtre Paul peuvent nous aider à mieux comprendre le passage de l’Evangile de Matthieu que nous avons entendu (cf. Mt 22, 1-14) : 
Dans la parabole racontée par Jésus, quel est donc ce vêtement de noce qui manquait à l’un des convives entré dans la salle de noce… et à cause duquel il en a finalement été chassé ?

Ici aussi l’image du vêtement, d’un nouvel habit à revêtir, est un symbole de changement de vie… ou, en l’occurence, d’absence de changement de vie, s’il est manquant : 

Les pères de l’Eglise ont vu, dans ce vêtement de noce, le symbole de la foi. D’autres y ont vu le symbole de la charité (de l’amour à l’égard des plus petits) ou - connaissant bien Matthieu - ils y ont vu le symbole de la justice, c’est-à-dire des bonnes oeuvres, des oeuvres justes que nous accomplissons lorsque nous vivons en accord avec la volonté bonne de Dieu. (Dans la mesure où les bonnes oeuvres peuvent être considérées comme un signe de conversion… comme les fruits d’un véritable de changement de vie.)

En d’autres termes, l’homme est jeté dehors, parce qu’il n’a pas ajusté sa vie - ici symbolisé par sa tenue (signe de son identité) - au lieu où il était. 
Sa manière d’être ne correspond pas à l’invitation du maître. 
Il est entré dans le « Royaume de Dieu », symbolisé part le festin nuptial, mais il n’en a pas réellement tenu compte : il n’a rien changé à sa vie… il n’est pas entré dans la confiance, ni dans la charité, ni dans la justice attendues par le maître. 

Bien sûr, c’est une parabole, c’est donc un récit imagé - une comparaison - qui est destiné à frapper nos esprits et à nous appeler à un retournement, un changement de regard et d’orientation. 

* Il nous faut ainsi réfléchir - là où nous sommes, et à travers ce que nous faisons dans notre quotidien - de quelle manière nous pouvons revêtir nos pensées, nos paroles et nos actes : de lumière, de bonté, de compassion, de bienveillance… en nous laissant inspirer par l’Esprit de Dieu… afin que nos relations humaines soient belles et justes… qu’elles soient porteuses de vie, d’harmonie, de paix et de justice.  Et qu’elles contribuent, à la fois, à notre propre progression spirituelle et à la progression spirituelle des autres, de ceux que nous côtoyons. 

Car le Christ nous appelle à être les disciples et les artisans du Royaume de Dieu : de ce règne spirituel d’amour, dès maintenant.  Et cela nous pouvons essayer de le vivre en chair et en os, dans notre incarnation présente, ici bas… sans attendre la mort… sans attendre d’avoir rejoint notre habitation céleste. 

Oui… l’Esprit de Dieu nous est offert… sachons donc nous mettre à son écoute… et nous laisser inspirer par lui au quotidien… pour revêtir le Christ (comme le dit Paul)… afin que notre vie présente soit transfigurée… et que nous soyons un jour accueillis dans la salle de noces, pour la fête et la joie à laquelle Dieu nous appelle et nous attend. 

En cette période d’hiver, n’oublions donc pas - face à la pluie ou au froid - de revêtir un vêtement par-dessus l’autre : ce vêtement ne symbolise pas seulement le sacrement du baptême… il est le signe d’une existence véritablement placée sous le règne de l’Esprit du Christ : il symbolise l’entrée dans une vie nouvelle, qui nous appelle à rayonner de bonté et de lumière… et qui nous donne une espérance : la vie éternelle !


Amen. 

dimanche 7 janvier 2018

Se laisser guider et transformer par la lumière du Christ

Lectures bibliques : Mt 2, 1-12 ; Mt 4, 12-17 ; Mt 5, 14-16 = voir après la prédication
Thématique : Suivre la lumière du Christ et se laisser transformer par elle.
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 07/01/18

Prédication

Nous entendons aujourd’hui plusieurs passages de l’évangile selon Matthieu :

* Dans le premier - qu’on lit traditionnellement pour la fête de l’épiphanie - il est question des mages venus d’Orient - c’est-à-dire, de païens, d’étrangers, qui sont en recherche spirituelle… en quête de sens pour leur vie. 

Il existe de nombreux moyens de chercher, lorsqu’on est en quête de réponses : on peut ouvrir des livres de spiritualité ; on peut s’intéresser aux réponses qu’on trouve dans les Ecrits des différentes religions ; on peut entrer dans des lieux de culte et participer à la vie spirituelle d’une assemblée, à la vie de prière de telle ou telle communauté ; on peut méditer en silence chez soi ou prier ; mais, on peut aussi faire comme les mages : être attentif aux signes du temps et aux coïncidences… on peut se faire observateur de la Création et du ciel étoilé… pour essayer de deviner et de discerner les signes que le Créateur a pu laisser, pour nous guider dans notre périple, notre pèlerinage sur la terre. 

C’est ce que font ces mages - ces étrangers. Pour eux, l’apparition d’une étoile est le signe de la naissance d’un personnage important, d’un grand homme ou d’un roi, comme on le pensait à cette époque. 

Sans doute marqués par une espérance messianique, l’attente d’un Messie-Sauveur, comme beaucoup de leurs contemporains du 1er siècle… et bien qu’ils ne soient sans doute pas eux-mêmes Juifs, ils pensent que l’apparition de cette étoile marque la naissance du « roi des Juifs », c’est-à-dire du Messie tant attendu, d’où leur venue à Jérusalem, la ville sainte, rassemblant le Temple et les pèlerinages, et leur rencontre avec le roi Hérode, pour en savoir plus, pour essayer d’avoir confirmation de cet évènement, et pour faire sa connaissance. 

Devant ce questionnement Hérode se renseigne lui aussi et il en vient consulter les Scribes, les spécialistes des Ecritures hébraïques, qui confirment - selon une prophétie - qu’un Messie doit naître à Bethléem, qui était la ville de David.  
Dès lors, les mages poussent leur périple jusqu’à la-bas, pour rencontrer l’enfant-roi. 

Le paradoxe de cette situation que dépeint l’évangéliste Matthieu, c’est que ceux qui avaient connaissance de cette prophétie n’ont pas pris la peine de se mettre en route pour vérifier la venue du Messie et l’accueillir. 
Ce sont des étrangers, des non-Juifs, qui - eux - sont en quête… alors que les tenants de la religion instituée : Scribes et grands prêtres - semblent être enlisés dans leur tradition, leur routine et leurs habitudes.

Autrement dit, il ne suffit pas d’avoir à disposition des informations ou des révélations… il ne suffit pas de savoir et d’avoir les Ecritures à ses côtés, pour être véritablement en recherche spirituelle, pour se mettre en route… 

Ici, ceux qui cherchent véritablement sont ceux qui sont catalogués - répertoriés - comme des « non-croyants », des Gentils, des païens, des non-juifs, des étrangers. 

Bien sûr, on ne saura jamais si cet épisode raconté par Matthieu est une fiction littéraire et symbolique ou s’il s’agit réellement d’un récit historique. Mais peu importe… il nous est offert et nous questionne : 

Faut-il voir, dans cet épisode, une préfiguration : à savoir que Jésus, en tant que Christ, sera essentiellement reconnu et cru par des païens, plutôt que par des Juifs ? (Alors qu’il était venu d’abord pour parler « aux brebis perdues de la maison d’Israël ». (cf. Mt 15,24))

C’est - semble-t-il - ce qui s’est finalement produit : puisque bon nombre de premiers Chrétiens - des générations qui ont suivi l’apôtre Paul et, ensuite, ses disciples - ont été des pagano-chrétiens. Et que bon nombre de judéo-chrétiens, comme le raconte le livre des Actes et comme en témoigne l’évangile selon Jean - se sont retrouvés exclus de la synagogue.

Ou - deuxième hypothèse - faut-il voir, dans cette épisode, une sorte d’avertissement, à savoir que ceux qui sont en quête spirituelle - en recherche - sont parfois ceux qui se trouvent en dehors des religions instituées, des temples ou des assemblées ? 
Ce sont ceux qui acceptent de se déplacer, de sortir des sentiers battus, de se mettre en route… donc de quitter leurs présupposés, de s’interroger, de se mettre en mouvement. 

Il semble que cet épisode nous rappelle qu’il existe un risque potentiel dans l’attitude des « bons croyants »… et même une possibilité d’aveuglement…  à savoir que nos prétentions de savoir… et les réponses que nous pensons avoir et connaître… peuvent parfois nous mettre en danger de léthargie… ou devenir un frein à notre engagement. 

Ici, ce sont ceux qui reconnaissent ne pas savoir se déplacent ; Au contraire, ceux qui prétendent savoir n’ont plus besoin de la lumière de Dieu : ils restent assis dans leurs temples avec leurs Ecritures empoussiérées. 

A travers ce récit de l’épiphanie qui signifie « manifestation » ou « apparition », pour parler de l’apparition d’un nouvel astre lumineux, qui correspond - pour Matthieu - à la venue du Messie, du Christ, venu éclairer notre monde…. l’Evangile vient ainsi nous secouer et nous interroger : 

Où en sommes-nous personnellement ?… et collectivement ?
Sommes-nous toujours en quête, en recherche spirituelle, en recherche de sens ou de réponses, comme ces mages ? 
Ou sommes-nous un peu comme ces Scribes et ces grands prêtres, qui pensent avoir toutes les réponses (à travers les Ecritures et les dogmes), mais qui ne se donnent plus la peine de se lever, ni de se déplacer pour évoluer, pour se laisser renouveler par la lumière de cette nouvelle étoile, par la lumière du Christ ?

C’est toute la différence entre une foi qui nous endort, dans un certain conservatisme, avec une histoire « glorieuse » et millénaire, des lois et des traditions, qui nous sécurisent… et une foi qui nous appelle à un déplacement, à une nouveauté de vie… en vue d’une transformation. 

* En écho à ce premier épisode… et en lien avec ce questionnement… nous venons aussi d’entendre un deuxième passage, qui se situe au début de la vie publique de Jésus une fois qu’il est adulte. Il raconte le retrait de Jésus en Galilée, après l’arrestation de Jean le Baptiste.

Dans ce passage, Matthieu applique à Jésus une prophétie du livre d’Esaïe (cf. Es 8,23 - 9,1) : 
A nouveau - et comme un rappel du récit des mages avec l’étoile - Jésus est présenté comme le Christ, la lumière de Dieu qui vient illuminer le monde (cf. Mt 4,16). 

Avec la venue de Jésus sur notre terre, une lumière s’est levée. 
Ainsi que l’avaient pressenti les mages d’Orient, Jésus est reconnu de façon symbolique, comme l’étoile qui nous guide, comme la lumière qui vient vers nous, pour nous illuminer, pour que nous puissions la suivre. 

C’est là tout l’objet de cette présentation par l’évangéliste Matthieu. Il s’agit de rappeler, dès le début de son récit, l’identité réelle du protagoniste de son histoire :
Jésus - en tant que Christ - est annoncé comme étant la vraie lumière, qui nous a été donnée, pour nous guider, pour nous appeler à un déplacement, pour que nous puissions nous mettre en quête, en chemin… en ayant un point de mire à regarder… afin d’avoir une direction, une visée, un but à suivre.

Nous en avons pour preuve la déclaration qui suit immédiatement cette annonce : 
Aussitôt après avoir affirmé que Jésus accomplit la prophétie d’Esaïe, en incarnant cette grande lumière qui s’est levée… aussitôt après cela, Matthieu exprime les mots de Jésus qui appelle à la « conversion », c’est-à-dire, à un retournement, un déplacement, un changement de direction.

Aussi, nous voyons bien, dans les évangiles, quels sont les intentions des auteurs, par exemple, de Matthieu ou de Jean :
Pour eux, Jésus est la lumière du monde (Jn 8,12), mais cette lumière nous est donnée pour un changement de cap, une réorientation de nos vies, une transformation :

Nous sommes appelés à sortir de nos zones de ténèbres, de nos habitudes, de notre ego, de nos attachements mondains, de nos conformismes, pour entrer dans le règne de Dieu, pour chercher sa présence et sa justice dans notre vie (cf. Mt 6,33). 

Ecoutons encore ces paroles du Nouveau Testament  :
- Chez Matthieu :
A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous (Changez de mentalité) : le Règne des cieux s’est approché. » (Mt 4,17)

- Chez Jean :
Jésus, à nouveau, leur adressa la parole : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. » (Jn 8,12)

- Chez Paul :
La nuit est avancée, le jour est tout proche. Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. (Rm 13,12)

Ou encore :
Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité. Discernez ce qui plaît au Seigneur.  Ne vous associez pas aux œuvres stériles des ténèbres ; démasquez-les plutôt. Ce que ces gens font en secret, on a honte même d’en parler ; mais tout ce qui est démasqué, est manifesté par la lumière, car tout ce qui est manifesté est lumière. 
C’est pourquoi l’on dit : Eveille-toi, toi qui dors, lève-toi d’entre les morts, et sur toi le Christ resplendira. (Ep 5, 8-14)

Ainsi donc, pour les auteurs du Nouveau Testament, le Christ nous conduit à nous détourner des ténèbres, pour nous conduire vers la lumière… c'est-à-dire pour nous conduire à Dieu lui-même, car Dieu est lumière (comme le dit la 1ère épître de Jean). 

C’est donc en regardant au Christ, en voyant la lumière qu’il nous transmet et qui vient de Dieu, que nous sommes conduits au changement. 

En voyant le monde et ceux qui nous entourent avec les yeux du Christ - c'est-à-dire avec l’amour et la lumière qui le caractérisent - nous voyons la réalité autrement :

Nous pouvons apprendre à quitter notre égoïsme, notre égocentrisme, nos errements, nos ressassements, nos culpabilités, nos erreurs passées, et toutes nos servitudes… - nous pouvons sortir du « pays de l’ombre de la mort », comme l’appelle Essaie (cf. Es 9) -… pour nous ouvrir à la nouveauté, à Dieu, aux autres. 

La lumière vient manifester nos zones d’ombres, nos ténèbres, pour nous permettre de les éclairer, pour nous inciter à les quitter. 

Le Christ, par sa vie lumineuse, nous inspire un changement de vie : il nous offre de devenir, nous aussi, « lumière du monde »… comme nous l’avons entendu dans un troisième passage de l’évangile selon Matthieu (cf. Mt 5,14).

Jésus y explique que c’est par nos bonnes actions - nos actions justes - que nous faisons briller la lumière et qu’ainsi nous rendons gloire à Dieu (Mt 5, 14-16). 

Pour lui, notre lumière est liée à notre état d’esprit, notre bonté et notre justice. 

* Pour conclure - vous l’aurez compris - la lumière du Christ nous appelle à une vie transformée et lumineuse. 

La question est de savoir si nous acceptons de laisser toutes les zones de notre vie être illuminées par Lui : notre vie personnelle, professionnelle, associative, spirituelle, physique, sentimentale, sexuelle, relationnelle, amicale, familiale, etc. 

C’est toute notre existence qui est appelée à la lumière. 

Cela signifie, d’une part : accepter la lumière de Dieu et son amour dans notre vie, sur notre vie…. Car Dieu veut nous apporter le salut : sa guérison, son amour, sa réconciliation, sa libération…

Et, d’autre part, cela signifie : accepter de laisser Dieu transformer ce qui est encore "ténèbres", ce qui est encore dans l’ombre, ce qui est encore éteint ou blessé ou inadapté à la volonté lumineuse de Dieu, en nous et pour nous. 

A l’heure où nous prenons de bonnes résolutions pour cette nouvelle année, nous pouvons nous interroger sur ce qui pourrait être transformé positivement dans notre vie :
Quelles sont les pièces de notre demeure, de notre habitation, qui auraient besoin de la lumière de Dieu ?
Quelles sont les pièces dont nous acceptons d’ouvrir les fenêtres et les volets, pour laissé Dieu y mettre sa lumière bienveillante ? 

Qu’est-ce que nous acceptons de lâcher - ce qui est encore ombre ou "ténèbres" - pour le confier à la lumière de Dieu ?
Qu’est-ce que nous pouvons encore transformer grâce à la lumière du Christ ?

Si nous le souhaitons, nous pourrons prendre quelques minutes de silence - après cette réflexion - pour méditer personnellement sur ce point. 

A travers nos bonnes résolutions… et en toute confiance avec Dieu, notre Créateur… nous pouvons manifester notre désir de changement, notre souhait de changer de vie, pour nous laisser pleinement illuminer et transformer par l’amour du Christ… car, soyons certains que Dieu veut le meilleur pour nous. Et pour cela, il nous propose de nous ouvrir à sa lumière bienveillante. 

Amen. 

Lectures bibliques

Es 60, 19-20

Désormais ce n’est plus le soleil qui sera pour toi la lumière du jour,
ce n’est plus la lune, avec sa clarté, qui sera pour toi la lumière de la nuit.
C’est le SEIGNEUR qui sera pour toi la lumière de toujours,
c’est ton Dieu qui sera ta splendeur.
Désormais ton soleil ne se couchera plus,
ta lune ne disparaîtra plus,
car le SEIGNEUR sera pour toi la lumière de toujours […]

Ps 112, 1-6 (avec reprise du v.4)

Dans l’obscurité se lève une lumière pour les hommes droits. 
Heureux l’homme qui craint le SEIGNEUR
et qui aime ses commandements :
Sa lignée est puissante sur la terre,
la race des hommes droits sera bénie.
Il y a chez lui biens et richesses,
et sa justice subsiste toujours.
Dans l’obscurité se lève une lumière pour les hommes droits.
Il est juste, bienveillant et miséricordieux.
L’homme fait bien de compatir et de prêter :
il gérera ses affaires selon le droit :
pour toujours il sera inébranlable,
on gardera toujours la mémoire du juste.
Dans l’obscurité se lève une lumière pour les hommes droits.

Mt 2, 1-12

1Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem 2et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. » 3A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où le Messie devait naître. 5« A Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c’est ce qui est écrit par le prophète : 6Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple. » 7Alors Hérode fit appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux l’époque à laquelle l’astre apparaissait,8et les envoya à Bethléem en disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que, moi aussi, j’aille lui rendre hommage. » 9Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant. 10A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie. 11Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.

Mt 4, 12-17

12Ayant appris que Jean avait été livré, Jésus se retira en Galilée. 13Puis, abandonnant Nazara, il vint habiter à Capharnaüm, au bord de la mer, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali, 14pour que s’accomplisse ce qu’avait dit le prophète Esaïe : 15Terre de Zabulon, terre de Nephtali,
route de la mer, pays au-delà du Jourdain, Galilée des Nations !
16Le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a vu une grande lumière ;
pour ceux qui se trouvaient dans le sombre pays de la mort, une lumière s’est levée.
17A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous : le Règne des cieux s’est approché. »

Mt 5, 14-16


14« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée.15Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.