dimanche 25 juin 2017

Un salut qui engage

Lectures bibliques : Mt 5, 38-48 ; Lc 6, 36-38 ; Lc 12, 33-34 ; Lc 14, 12-14; Mc 14, 10-21
Thématique : Quel salut Jésus propose-t-il ? Osons-nous y entrer ? 
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 25/06/17
(partiellement inspirée d’une méditation de Jean-Marc Babut)

J’aimerais aujourd’hui que nous méditions ensemble sur une question très simple mais fondamentale : quel salut Jésus propose-t-il réellement à notre monde ?

Si nous devions définir le salut que Jésus apporte : que dirions-nous ? Comment l’expliquerions-nous à nos contemporains, nos amis, nos enfants ?

Les textes que nous avons entendus peuvent nous éclairer pour répondre à ces questions. 

* Premier point, premier constat : La plupart des gens pensent que la religion a surtout pour but d’apporter une forme de consolation. Face à l’angoisse de la mort, la peur du néant, le message des Eglises - et, au-delà, de la plupart des religions - est de nous apporter une espérance : celle d’une vie - d’une forme de vie, d’une autre vie - après la mort.

En ce sens, beaucoup de gens tendent à réduire le message du christianisme à cette vision : le salut qu’apporte Jésus serait lié à la mort… ou comme au moyen-âge ou à l’époque du réformateur Luther, à la peur de l’enfer ou de la damnation. 
Ainsi, Jésus, en tant que Christ de Dieu, nous apporterait le salut par rapport à cette question cruciale : il nous sauverait de la mort, de l’angoisse du néant ou de la peur de l’enfer. 

D’une certaine manière, cette vision est présente dans le Nouveau Testament lui-même. Pour l’apôtre Paul : Jésus (ou plutôt le Christ, car Paul ne parle que du Christ et rarement des gestes et des paroles de Jésus lui-même) - par sa mort sur la croix et sa résurrection - … le Christ nous libère du péché et de la mort. De ce point de vue, il est vu comme le Sauveur, celui qui a vaincu la mort. 

Nous avons été imprégné de ce message paulinien. Mais, il me semble, à dire vrai, que cette vision des choses n’est pas suffisante (ou réductrice). En tout cas, elle ne rend absolument pas justice aux paroles et aux gestes de Jésus lui-même. Car le message de Jésus - son Evangile - n’est pas d’abord une Bonne Nouvelle pour après, pour le futur après la mort, mais une Bonne Nouvelle pour le présent, pour notre vie d’aujourd’hui, ici et maintenant.

Il faut donc remettre en cause ce discours qui cantonne la vision du salut porté par les Eglises, comme un salut exclusivement post-mortem, en précisant que Jésus était le porteur d’un Evangile pour notre monde présent : l’Evangile du royaume, du monde nouveau de Dieu, dans lequel il appelle ses disciples à entrer. 

Autrement dit, le premier écueil - quand on parle de « salut » - c’est de penser à un salut pour après. 
Certes, en tant que Croyants, nous pouvons faire confiance à Dieu pour la vie - la vie éternelle - qui nous est offerte… qui continuera donc après la fin de notre vie terrestre… en raison de l’amour de Dieu et de sa bonté. Nous pouvons croire en une résurrection spirituelle offerte par Dieu, comme l’apôtre Paul en parle lui-même dans la 1ère épitre aux Corinthiens (cf. 1 Co 15), en prenant appui sur la résurrection de Jésus Christ. 
Mais il me semble qu’il ne faudrait pas réduire « le salut » à un salut futur et jamais présent.

D’ailleurs, Jésus lui-même s’attache à dissuader ses disciples de s’évader dans un ailleurs ou un plus tard, pour les ramener, au contraire, à l’ici et au maintenant où ils se trouvent :

- Ainsi, quand les disciples rêvent d’un Royaume de Dieu à venir, Jésus proclame : « Le règne de Dieu - le monde nouveau de Dieu - est devenu tout proche : convertissez vous et changez de mentalité », pour l’accueillir, pour y entrer (cf. Mc 1,15). 

- A propos de la fin du monde, on évoque la figure céleste du Fils de l’Homme (déjà dans le livre de Daniel), venant sur les nuées pour rassembler les élus de Dieu. Jésus, pour sa part, avertit : « le Fils de l’Homme est venu non pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie… » (Mc 10,45) : il parle de ce qu’il fait lui-même dans le présent.

- Alors que beaucoup attendent le salut pour après la mort, Jésus, quand à lui, agit en guérissant les malades, en purifiant les lépreux, en libérant des possédés. Il montre ainsi que le salut qu’il annonce et propose est « une guérison » pour l’humanité, pour tout de suite.

- Ailleurs, encore, quand Jacques et Jean rêvent des places d’honneur qui pourraient leur être attribuées, le jour venu, quand Jésus reviendra dans sa gloire… Jésus leur répond : « Si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » (Mc 10,43) : maintenant, bien sûr. 

- Enfin, même devant les difficultés, quand les disciples fatigués et affamés, au retour de leur mission, voudraient bien se débarrasser de toute la foule de gens qui n’a rien mangé depuis longtemps, mais que ne se lasse pas d’écouter le maitre itinérant… Jésus renvoie ses disciples au présent de leur responsabilité : « Donnez leur vous-mêmes à manger (Mc 8,37) leur dit-il », ici et maintenant.

On pourrait multiplier les exemples qui nous enseignent que Jésus n’est pas venu apporter ou parler d’un salut post-mortem, mais de la possibilité d’une confiance, d’un salut, d’une libération, d’une guérison pour notre monde présent. 

Pour lui, la partie de Dieu se joue non pas ailleurs, ni plus tard, mais ici et maintenant, et c’est à chacun de la jouer, en prenant notre responsabilité d’enfants de Dieu dans le temps présent.

* Deuxième point : il y a un autre écueil - quand on parle du « salut » - tout à fait différent, mais peut-être pire : c’est de se laisser séduire par le discours ambiant actuel sur le salut. 

En effet, bien que ce terme soit désormais devenu désuet (le mot salut ne veut plus rien dire à nos contemporains) et bien que nous n’en ayons pas forcément conscience, notre monde, notre société, nous communique toujours insidieusement une vision du salut : c’est un salut par plus d’avoir et de pouvoir.

Ce qui nous sauverait des difficultés, de la peur de l’avenir, de la misère… ce qui nous mènerait sur la voie d’un accomplissement et pourquoi pas du bonheur… c’est un salut par la possession, la richesse ou le pouvoir. 

C’est ce que nous fait croire notre société consumériste ou la publicité : croire que si je possède telle ou telle chose, je serai forcément plus heureux, plus puissant, plus fort, plus beau, etc. 

Mais, le problème c’est que ce salut est purement illusoire. Il nous fait perdre notre temps et notre vie… car tout cela - tout ce que nous possédons, notre avoir et notre pouvoir - est finalement vain. Nous ne l’emporterons pas au paradis. Et il est douteux que le vrai bonheur soit simplement lié aux conditions extérieures et matérielles de notre existence. Jésus dit tout à fait le contraire dans les Béatitudes : le bonheur est lié à notre intériorité, notre rapport à Dieu, à la dimension spirituelle de notre réalité.… et non à la matérialité. 

D’autre part, ce type de salut est contestable - c’est un leurre - dans le sens où c’est toujours un salut « chacun pour soi ». 
En effet, un salut par plus d’avoir et de pouvoir, c’est toujours un salut à arracher. C’est un salut fondé sur la rivalité, la force, la puissance, la domination, la concurrence. Chacun essayant de lutter pour lui-même, pour arracher ce type de salut ou de bonheur matérialiste. 

C’est malheureusement le salut qu’a choisi - sans doute inconsciemment, sans en percevoir toutes les conséquences, - notre société occidentale : un salut « chacun pour soi »… tout à fait éloigné du salut que propose Jésus : qui, lui, nous entraine sur une autre voix : celle d’un salut fondé sur le service, le partage, la solidarité, la fraternité. 

* Alors, je reviens à ma question initiale : comment définir le salut que Jésus apporte… si ce n’est ni un salut post-mortem, ni un salut matérialiste fondé sur plus d’avoir et de pouvoir ?

Jésus propose un salut fondé sur Dieu… sur Dieu seulement… sur son amour, sa Providence… et sur une imitation du comportement de Dieu. 

Comme Dieu aime les humains gratuitement, sans condition… en faisant lever son soleil et pleuvoir sa pluie, aussi bien sur les bons que sur les méchants… sur les justes que sur les injustes (cf. Mt 5,43-45)… comme Dieu agit par grâce, sans compter, indépendamment de nos mérites… ainsi nous pouvons apprendre à agir et à aimer les nôtres - nos prochains - de la même manière. 

Le salut que Jésus propose est fondé sur un changement complet de mentalité… un retournement de nos habitudes… qui s’appuie sur « l’attitude » de Dieu lui-même (si j’ose dire). 

Nous sachant aimés de Dieu sans limite et sans condition… nous pouvons nous confier totalement à Lui, à ce Dieu d’amour plein de bienveillance et de sollicitude pour ses créatures, ses enfants. Nous pouvons le prier et lui faire confiance pour notre vie… car Jésus nous assure qu’il connait nos besoins et y pourvoit. 
L’assurance de la bonté de Dieu est la base de la foi. C’est ce qui rend la confiance possible… savoir que Dieu est comme un Père bien-aimant.

Dès lors - sachant cela - nous pouvons changer toute notre manière de voir la vie. 
Si Dieu est comme un Père plein d’amour qui pourvoit à nos besoins, nous n’avons plus rien à craindre, nous n’avons plus à avoir peur de quoi que ce soit : nous sommes assurés d’être aimés, soutenus, guidés, protégés, nourris, soignés… nous pouvons abandonnés la préoccupation de notre salut, pour nous tourner vers les autres. 

Ainsi, nous pouvons reconfigurer toutes nos relations humaines à la lumière de cette connaissance du Dieu d’amour, à la lumière de la foi, de la confiance que nous pouvons Lui accorder. 

Dès lors, en nous calquant sur la manière d’agir de Dieu, notre Père céleste, nous pouvons aimer même ceux qui ne nous aiment pas ou nous traitent en ennemi, pour éviter d’entrer dans des rapports de forces, de mimétisme ou dans l’engrenage de la violence. 
Nous pouvons cesser de considérer les autres comme des rivaux ou des concurrents… cesser de les juger … et même leur donner ce qu’ils demandent : laisser notre manteau à celui qui réclame notre tunique… faire deux mille pas à celui qui nous force à en faire mille avec lui…  inviter à notre table même celui qui ne nous rendra jamais la pareille…. 

Nous pouvons instiller une nouvelle mentalité dans notre monde : vivre l’amour de prochain, la gratuité, la bonté, le pardon, la fraternité… en sortant des relations de réciprocité, de miroir, des relations « donnant-donnant », qui sont toujours des relations de type « commercial » fondé sur l’intérêt particulier. 

Oui, nous pouvons vivre de la grâce (cf. Mt 6, 25-34), vivre dans un esprit de gratuité : c’est la révolution que propose Jésus. 

Voilà donc, en quelques mots, le salut que Jésus nous offre : c’est un salut qui est à la fois délivrance, libération et guérison de notre humanité. 

Grâce à l’amour de Dieu, à la foi en sa Providence, nous pouvons sortir de la peur du lendemain, de la peur de perdre, de manquer, d’être floué ou lésé… en un mot de la peur de l’autre ou de se faire avoir…. nous pouvons essayer de changer de mentalité, pour faire sortir les relations humaines de toute idée de rivalité, d’égoïsme, de convoitise, de domination… tout ce qui contribue au TPMP « Tout Pour Ma Pomme » ou au « moi d’abord ». 

Jésus propose donc un retournement de nos mentalités : prendre l’initiative du bien en chaque occasion… donner le meilleur de soi-même… pour faire émerger le meilleur de l’autre. 
« Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes d’abord pour eux ! » (Mt 7,12)

C’est en semant du positif, de la bienveillance, de l’amour qu’on change peu à peu le monde autour de soi et qu’on finit par récolter les fruits de toutes ces bonnes graines : « Donnez et vous recevrez… donnez et on vous donnera » (cf. Lc 6,38) : nous attirons à nous ce que nous semons. 

En bref, Jésus propose un monde nouveau fondé sur la compassion, l’altruisme et le partage. Si tout le monde agit ainsi, alors - soyons-en certains - le monde trouvera le salut promis. Il sera transformé. 

C’est parce que le monde n’est pas encore dans cette mentalité évangélique que les choses tournent mal : que certains vivent dans l’opulence tandis que d’autres meurent de faim, ici ou là, ou n’ont pas accès aux médicaments…. C’est parce que les hommes n’ont pas encore confiance en cet Evangile, qu’ils vivent dans la peur : peur de manquer, peur de perdre, peur de l’autre… qu’ils sont encore dans cette mentalité de concurrence et de rivalité… où chacun serre les mains et les poings pour tout garder ou accaparer. 
Ce qui montrent à quel point nous sommes encore « primitifs » et « irrationnels » dans nos comportements. 

* J’en viens - pour la dernière partie de cette méditation - à ce passage de l’annonce de la trahison de Jésus (cf. Mc 14, 17-21), qui montre à quel point l’Evangile du monde nouveau de Dieu annoncé par le Christ a pu se heurter à la mentalité courante des humains… Bien sûr, le message révolutionnaire de Jésus - qui est venu contester les habitudes de penser - a rencontré bien des oppositions, car certains - notamment les tenants de l’ordre établi et du pouvoir en place - avaient sans doute beaucoup à perdre, devant l’annonce d’un Dieu accessible et gratuit, qui appelle à une conversion, à un changement radical des mentalités. 

Voyez-vous, dans ce passage de l’annonce de la trahison du maître, par Jésus lui-même, il y a quelque chose de surprenant. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué. C’est le fait que parmi les Douze apôtres chacun se sent si peu sûr de son propre engagement envers Jésus… qu’il se demande s’il ne risque pas de devenir le traitre dont Jésus parle. 
« Serait-ce moi ? » demandent-ils l’un après l’autre.

Ces interrogations, ces doutes sonnent comme un aveu : 
Si - face au discours de Jésus - la pression exercée par l’opinion, les camarades ou les autorités devenait trop forte, chacun s’avoue tout à fait capable de flancher et de trahir le maître. 

Jésus offre-t-il la seule clé du salut pour notre monde ? C’est ce que nous pouvons penser en tant que Chrétiens. Nous pouvons croire que c’est Jésus qui a raison. Bien sûr !
Pourtant, notre passage nous montre que certains n’y croyaient pas ou plus. En tout cas, il y en a un qui n’y croit plus, c’est celui qui s’apprête à trahir Jésus. 

Pendant un certain temps, peut-être, il a suivi Jésus. Il l’a entendu prêcher son évangile de la non-domination, de la non-violence. Il l’a vu contester l’ordre établi, réintégrer des parias et des exclus, guérir des malades et des lépreux. Il a dû adhérer à l’évangile du royaume. Mais l’opposition de plus en plus forte rencontrée par Jésus a sans doute amené le malheureux disciple à penser que la méthode de Jésus était illusoire. 

Les autres disciples sont-ils, quand à eux, plus assurés que c’est Jésus qui a raison, que son évangile est la bonne voix pour sauver le monde de ses mauvais démons ? 
Compte tenu de leur questionnement : on peut en douter. 
Serait-ce moi ? demandent-ils…. Comme s’ils étaient tous prêts à se reconnaitre capables de trahir le maître…  incapables de résister aux pressions hostiles à l’égard de son Evangile.

Et nous, chers amis, où en sommes-nous ? 
N’aurions-nous pas, nous aussi, déjà plus ou moins trahi Jésus ?

Certes, nous nous disons ses disciples, c’est-à-dire ses élèves, ses apprentis. Mais avons-nous vraiment renoncé, comme Jésus y exhorte, par exemple, à toute tentation de pouvoir sur les autres ? 

Certes, nous savons que, dans le monde nouveau de Dieu, Jésus nous appelle à partager même le peu qu’on a. Et nous savons nous laisser émouvoir, de temps à autre, par celles ou ceux qui semblent ne rien avoir du tout et qui, à la sortie du supermarché, sur les places publiques ou dans les transports en commun dans les grandes villes, nous demandent quelques euros pour manger ou survivre. 
Mais cette aumône épisodique que nous pratiquons, est-ce vraiment cela partager ?

Il me semble - en écoutant l’évangile selon Luc (« vendez ce que vous possédez » ou « invitez les pauvres ») - que le partage auquel Jésus appelle va nettement plus loin que cela. 
Seulement nous n’osons pas réellement le suivre. Nous n’osons pas aller jusque là, ni vous ni moi… Nous avons encore peur d’y perdre. 

Certes - comme je le disais - le message de Jésus veut nous entrainer à un changement complet. Et cet évangile, nous avons les moyens de le déchiffrer, de l’entendre, et nous comprenons fort bien que c’est là qu’est la clé du salut pour notre monde… seulement, nous n’arrivons pas à le prendre vraiment au sérieux pour nous-mêmes, à nous y engager. Il reste, le plus souvent, une belle théorie, inappliquée. 

Le problème… notre problème… c’est que nous n’osons pas encore le faire entrer concrètement dans notre vie. Peut-être, n’avons-nous pas encore la foi - comme le disait Jésus. 

Si nous le faisions… ne nous le cachons pas… cela n’irait pas sans poser quelques difficultés, quelques changements conséquents. Mais, peut-être, parce que cela nécessiterait de revoir complètement les choses et même toute notre manière de vivre… nous préférions, bien souvent, ne pas nous poser trop de questions et éviter d’en discuter entre nous. 

« L’un de vous me trahira » annonce Jésus aux Douze. Et chacun lui demande « serait-ce moi? » 
Ne pensez-vous pas que c’est une question qui est loin de nous être étrangère ?

Seulement Jésus laisse ses disciples avec la responsabilité de cette question et se garde bien d’y répondre… de juger qui que ce soit, ou de condamner quelqu’un… 
Il ne désignera personne en particulier. Pas plus Juda qu’un autre. Aucun des Douze ne pourra se dire « ouf ! Ce n’est pas moi ! » Aucun ne sortira de là rassuré aux moins de se croire définitivement à l’abri d’une trahison. Celle-ci reste plutôt pour chacun comme une tentation permanente, face à laquelle il faudra rester vigilant. 

Jésus n’est pas venu pour juger, mais pour sauver. Celui qui le trahit, c’est celui-là qui se juge lui-même. On le comprend en revoyant la traduction de nos Bibles. 

La plupart de nos Bibles traduisent : « […] malheur à cet homme par qui le Fils de l’Homme est trahi (Mc 14,21) » Mais, en fait, ce n’est pas une malédiction que Jésus prononce ici. C’est bien plus une plainte (comme dans les psaumes) qu’on pourrait rendre par quelque chose comme : « Quel malheur pour cet homme-là, par qui le Fils de l’Homme est trahi ! ». 
Le malheur, en effet, c’est que - ce faisant - cet homme - par ce mauvais choix - trahit quelque chose de sa véritable humanité et de la fraternité à laquelle Jésus appelle. 

En prononçant ces paroles, Jésus ne condamne donc personne, mais il replace chacun devant la responsabilité de ses choix. 
Ainsi, même à l’heure qui le rapproche du drame, de la mort, Jésus continue de former ses disciples aux responsabilités qu’ils vont devoir assumer. 

Désormais, à l’approche du départ du maître, chacun va devoir s’assumer lui-même entièrement. Chacun va devoir être adulte et responsable de ses décisions. C’est une étape à franchir, mais c’est aussi un grand honneur :

Dieu nous fait confiance pour prendre le relai du témoignage de l’Evangile. Il compte désormais sur nous, les disciples, pour être « lumière du monde » à la suite de Jésus (cf. Mt 5, 13-16). 

Osons vivre avec courage cette confiance que Dieu nous fait et nous offre !


Amen. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire