dimanche 26 juin 2016

Cherchez d'abord le règne de Dieu et sa justice

Lectures bibliques : Mt 6, 24-34 ; Lc 12, 16-21
Thématique : cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice ! Peut-on seulement faire confiance à la Providence divine ?
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Culte avec 4 baptêmes, Tonneins, le 26/06/16.

* Oriane - qui vient de recevoir le baptême - a choisi de nous faire méditer ce matin sur ces textes de l’Evangile qui parlent des oiseaux et des lys des champs.

On pourrait croire que ces images bucoliques et champêtres offertes pas Jésus sont un peu naïves. Mais, il n’en est rien. Jésus n’est pas un doux rêveur. Il part de l’existence concrète pour nous amener à réfléchir au sens de la vie. A travers des images et des paraboles, il ne nous appelle pas seulement à l’insouciance, mais à la confiance. Ce qui n’est pas la même chose. L’insouciance (le fait de ne pas se faire de souci) peut être liée à une forme de naïveté ou d’inconscience : on est parfois insouciant vis-à-vis d’un danger ou face aux conséquences de ses actes : c’est quelque chose qui peut être passif ou involontaire. La confiance, au contraire, est active : elle résulte d’une décision consciente : elle révèle la volonté de s’en remettre à quelqu’un de façon intuitive ou mûrement réfléchie.
Jésus n’appelle pas seulement ses disciples à ne pas se faire du souci pour leur vie matérielle ou pour le lendemain. Il les invite clairement à placer leur confiance dans la Providence de Dieu.

Les deux textes que nous venons d’entendre posent une question fondamentale pour l’existence humaine : sur qui, sur quoi fonder sa confiance ? En qui, en quoi investir sa sécurité ?

Dans la vie réelle, la société nous apprend à compter sur nous-mêmes. Elle nous apprend à devenir autonome. Elle nous enseigne également que l’argent est un pouvoir, une sécurité susceptible, d’une part, de nous mettre à l’abri de la misère, pour subvenir à nos besoins élémentaires, et, d’autre part, de nous permettre de mener une vie « heureuse », par l’acquisition de biens de consommation, que la publicité nous présente comme nécessaires à notre épanouissement et notre bonheur.

Bien sûr, nous ne sommes pas dupes du discours mensonger de la publicité : aucun bien matériel n’est véritablement susceptible de nous rendre « heureux » en tant que tel. Il ne faut pas confondre le plaisir et le bonheur. Le bonheur véritable, c’est autre chose. Il ne se réduit pas au fait de posséder et de jouir d’une chose ou d’une autre.

Néanmoins, nous pensons souvent que la première proposition est vraie : que l’argent représente réellement une sécurité qui nous tient à l’abri du danger, dans la mesure où il nous permet de répondre à nos besoins physiques ou matériels : nous nourrir et nous vêtir.
Mais, Jésus, d’une certaine manière, vient contester cette manière de voir les choses sur deux plans : Premièrement, pour lui, nos besoins réels ne se limitent pas aux besoins physiologiques (manger et s’habiller), nous avons aussi une dimension spirituelle et relationnelle à habiter, pour réaliser pleinement notre vocation d’être humain. Deuxièmement, il est faux de penser que l’argent nous apporte une quelconque sécurité, car, dans les faits, il est certainement un moyen utile et nécessaire, mais il ne peut en aucune façon nous garantir la vie. L’argent ne constitue pas une assurance-vie, contrairement à ce que les banquiers voudraient nous faire croire.

Le danger de l’argent, pour Jésus, est qu’il peut facilement quitter son rôle de moyen, d’instrument au service des échanges entre les humains, pour devenir un Dieu, un Mammon, une idole en qui nous plaçons notre confiance. La frontière est étroite et poreuse entre le besoin de faire des réserves pour se prémunir, par peur de manquer, et le désir de posséder et d’accaparer des biens, non plus seulement pour se sécuriser, mais pour se sentir exister et se savoir reconnu par les autres, pour briller socialement.
L’argent peut facilement devenir une idole, sans que nous nous en rendions forcément compte. Nous passons alors notre vie à gagner de l’argent, croyant sécuriser par là notre existence et notre avenir, mais nous risquons, en fait, de la perdre, dès lors que cela devient une préoccupation ultime : dès lors que la préoccupation de l’argent, les soucis matériels deviennent notre souci principal… nous ne faisons plus que cela.
Autrement dit, Jésus nous invite à réfléchir à l’ordre de nos priorités, à ne pas confondre ce qui relève de nos préoccupations essentielles avec nos soucis élémentaires.

* Ce qui est intéressant dans notre passage au sujet des oiseaux, des lys et des humains, c’est que Jésus est tout à fait réaliste sur nos besoins terrestres : il ne les nie pas, puisqu’il affirme que Dieu, notre Père céleste, sait que nous avons besoin de toutes ces choses : de nous nourrir et de nous vêtir. Mais il les resitue à leur juste place.
Pour Jésus, non seulement, le Père connaît nos besoins, mais, il agit en vue d’y répondre : il pourvoit à toutes ces choses, en nous offrant toutes ces bénédictions dans sa création. C’est la raison pour laquelle, nous ne devons pas seulement penser aux choses matérielles, nous préoccuper de ces questions de base. Nous avons, en réalité, autre chose à faire ici-bas de plus important : chercher le règne de Dieu et sa justice.

L’argumentation de Jésus repose sur une unique conviction : sa foi en la Providence de Dieu. Pour nous la faire découvrir ou nous la rappeler, il s’appuie sur les merveilles de la nature autour de nous. Il prend pour exemple la Providence divine qui est à l’œuvre dans la création et dans les créatures : les oiseaux sont nourris par l’œuvre créatrice de Dieu, par la nature, fruit du souffle vital de Dieu. Les herbes des champs, et plus particulièrement les fleurs et les lys, connaissent eux-aussi aussi une croissance et un développement magnifique, grâce à l’œuvre de l’impulsion vitale de Dieu, à sa Force créatrice et régénératrice, qui agit en secret dans les éléments, dans toute forme vivante.

Si Dieu agit ainsi dans les petites choses, les formes vivantes le plus modestes – comme les oiseaux et les fleurs – à combien plus forte raison peut-il agir en nous et pour nous, qui sommes des êtres de conscience, des êtres vivants considérés comme « créés à son image », comme « enfants de Dieu », comme la fine-fleur de sa création.

En conséquence, nous ne devons pas vivre dans l’inquiétude, ni dans l’angoisse du lendemain. La certitude de l’action providentielle de Dieu doit nous inciter à nous tourner vers Lui, donc à chercher son règne dans notre vie, sur notre vie… plutôt que de vivre dans la peur du manque… peur qui nous incite à nous confier seulement en nous-mêmes et en nos possessions.

Il y a pour Jésus une différence fondamentale entre les croyants et les païens. Cette différence ne vient pas de leurs besoins, car ils sont identiques : tous ont besoin de choses matérielles pour vivre (de nourriture et de vêtements), tous ont des préoccupations élémentaires de base, nécessaires à la vie. Mais ce qui distingue les croyants du reste des humains, c’est qu’ils savent que Dieu agit secrètement et pourvoit à sa création.
Ce qui fait la spécificité des croyants, c’est leur foi en un Dieu qui est Esprit, Souffle et Dynamisme créateur… c’est leur confiance en un Dieu qui est agissant dans ses créatures : qui les nourrit, les vêtit, qui prend soin d’elles, les fait croitre et les guérit… un Dieu qui est actif dans sa création comme un Père bien aimant pour chacun de ses enfants, qui est plein de sollicitude et de bonté.

C’est toute la différence entre les incrédules et les croyants : d’un côté, vous avez des personnes qui pensent qu’elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes, sur leurs seules forces pour répondre à leurs besoins. Forcément, cela génère de l’inquiétude et de l’angoisse. Cela les conduit à s’appuyer sur l’argent, à se sécuriser en voulant faire des réserves, en construisant des greniers, ou en passant leur vie à faire des économies, pour pallier à la peur du lendemain.
De l’autre côté, vous avez des personnes qui reconnaissent l’œuvre de Dieu et qui osent lui faire confiance, à la manière de Jésus. Et du coup, cela les libère de l’angoisse de la solitude et de l’inquiétude face à leurs besoins. Cela les libère des soucis de la survie, pour être disponibles à d’autres préoccupations tout aussi essentielles aux yeux du Christ, voire plus importantes : « chercher le règne de Dieu » dans leur vie, dans leur intériorité et toute leur vie terrestre, et, « chercher la justice de Dieu », c’est-à-dire s’attacher à vivre les valeurs de l’Evangile dans toutes les relations sociales. Dans les évangiles, cette justice est liée à l’amour, à la miséricorde, au pardon, à la paix… mais aussi au don de soi, au partage, au dépassement de la réciprocité, à la gratuité.

En d’autres termes, pour Jésus, la foi en la Providence de Dieu donne aux croyants une conscience plus aigue de la réalité – ils savent quelque chose que d’autres ignorent ou dont ils n’ont pas forcément conscience – mais cela leur donne aussi une responsabilité supplémentaire, quelque chose de plus important à réaliser.
Sachant qu’ils peuvent compter sur Dieu et lui faire confiance, cela doit changer leur attitude : ils ne doivent plus se cantonner au souci de leur égo, à la sauvegarde de leurs intérêts matériels et particuliers, ils sont désormais appelés à chercher le règne de Dieu et sa justice, c’est-à-dire à vivre pleinement leur vocation d’être humain, aussi dans ses dimensions spirituelles et relationnelles, en se tournant vers Dieu et vers les autres.

L’évangile nous montre dans ce passage du sermon sur la montagne, combien la simple foi en la Providence de Dieu est censée changer et réorienter la vie du croyant : cela doit nous conduire à revoir complètement notre manière d’envisager la vie et le sens de nos priorités :

Pour le Christ, ceux qui font confiance à Dieu et à sa force d’impulsion vitale, à son dynamisme créateur, ne peuvent plus désormais vivre et agir à la manière des païens, c’est-à-dire comme s’ils n’avaient pas de Père céleste.
Ils ne peuvent plus passer leur vie et leur temps à s’inquiéter, à se préoccuper d’eux-mêmes et de leurs biens, comme s’ils vivaient sans Dieu, comme s’ils étaient totalement autonomes et indépendants.

Connaissant l’action secrète du Dieu vivant dans sa création, ils sont appelés à se tourner vers lui, pour lui demander son aide, et à se tourner vers les autres, pour leur apporter de l’aide.
Le fait de se savoir en étroite relation, en communion, avec cette Force de vie agissante qu’on appelle Dieu, change l’orientation de leurs préoccupations existentielles. Ils peuvent désormais quitter le souci de leur égo, de leurs préoccupations de base, pour accueillir la présence de Dieu en eux, pour sentir son règne dans leur intériorité, et, d’autre part, se tourner vers les autres, et se mettre en quête de la fraternité et de la justice, voulues par Dieu.

Jésus conclut par une promesse : Celui qui changera son niveau de préoccupation, celui qui inversera l’ordre de ses priorités, qui cherchera d’abord le règne et la justice de Dieu dans sa vie (c’est-à-dire celui qui s’ouvrira d’abord à la préoccupation de Dieu et d’autrui, plutôt que de ne s’occuper que de lui-même et de s’inquiéter de ses seuls besoins) celui-là recevra « par surcroit » toutes ces choses.

* Je crois que cette foi en la Providence de Dieu que Jésus met au cœur de son enseignement doit nous interroger : est-ce que nous y croyons vraiment ? Est-ce que nous ne vivons pas parfois, comme des païens, en oubliant que Dieu est « Emmanuel », Dieu avec nous ? Si tel est le cas, il est toujours possible de nous mettre à l’écoute de l’Evangile et de faire autrement.

Par ailleurs, sur un plan rationnel, on est aussi en droit de s’interroger sur la manière de voir de Jésus et sur sa foi en la providence divine.

Deux questions se posent :

- La première question est la suivante : est-ce si évident que la Providence de Dieu pourvoit aux besoins de ses enfants ? Nous pouvons le penser et l’expérimenter avec raison. Seulement, que dire face aux dizaines ou centaines de milliers d’Ethiopiens qui meurent de faim à l’autre bout de la planète ? aux migrants ou aux exilés qui sont entassés dans des camps de fortunes aux frontières de la Turquie ou de l’Europe ? ou aux habitants de Madagascar qui vivent dans la misère, sans accès à l’eau potable, à une alimentation équilibrée, ni à l’éducation ? On est en droit de s’interroger sur cette affirmation de Jésus qui dit que le Père sait ce dont nous avons besoin. « Que fait Dieu ? » diront certains.

Cette question que beaucoup se posent est bien sûr légitime, mais en même temps, je crois qu’elle est mal posée. Aujourd’hui, la plupart des grands problèmes, que ce soit des mouvements de populations, des migrations ou des problèmes climatiques, des sécheresses, engendrant des pénuries de récoltes, sont, en réalité, prévisibles.
Si des gens meurent de faim ou vivent dans la misère, ce n’est pas essentiellement pour des raisons environnementales, mais, d’une part, pour des raisons géopolitiques (à cause d’un manque de volonté et de courage politique des élites ou pour des questions de pouvoir, de conflits, de guerres), et, d’autre part, pour des raisons de développement économique (un développement souvent perturbé ou entaché par des volontés extérieures d’accaparement, de convoitise des ressources ou par un refus de répartitions des richesses).

En d’autres termes, la responsabilité humaine est en cause derrière cette misère, car nous avons aujourd’hui la capacité de prévoir les difficultés et de partager les ressources que la création nous offre. Si cela ne se fait pas, c’est avant tout pour des questions de pouvoir … pouvoirs politiques, financiers, économiques… à cause de la corruption des élites, à cause de la convoitise d’une minorité, des grands groupes industriels et financiers, des entreprises qui exploitent les richesses de ces pays pour leur propre compte ou ceux de leurs actionnaires … c’est essentiellement parce que beaucoup d’êtres humains pensent d’abord et avant tout à leurs profits personnels, leurs marges, leurs dividendes, et qu’ils ne se soucient guerre de la moitié la plus pauvre de l’humanité et de ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté.

Alors, bien sûr, on peut toujours s’interroger sur la Providence de Dieu, mais questionnons-nous d’abord sur l’incapacité de l’homme de partager les biens et les ressources offertes par la création avec ses frères humains.

- La deuxième interrogation – toute aussi légitime… et qui révèle notre inclination naturelle – constitue aussi une remise en question de la manière de penser de Jésus : En théorie, c’est très bien de faire confiance à Dieu, mais, dans les faits, concrètement, n’est-ce pas plus prudent de prévoir soi-même les choses ? … par exemple, de mettre de l’argent de côté ou d’accumuler des biens… au cas où… au cas où des difficultés surgiraient… au cas où on viendrait à manquer ?

C’est ainsi que pensent la plupart des gens. Ils sont d’accord avec Jésus pour la théorie. Mais, dans la pratique, ils préfèrent compter sur eux-mêmes ou sur leurs biens, plutôt que sur Dieu : des euros à la banques, un portefeuille d’actions, une bonne assurance-vie ou un patrimoine immobilier semblent plus concerts que cette Force d’amour invisible qu’on appelle Dieu.  

Jésus répond à cette objection par une parabole que nous avons entendue dans l’évangile de Luc (cf. Lc 12, 16-21) :
Nous connaissons bien cette histoire. C’est celle d’un homme riche dont la terre a tellement rapporté qu’il décide de détruire ses greniers pour en reconstruire de plus grands, afin d’y amasser et d’y stocker toutes ses récoltes. Son projet, son ambition, est de profiter de ses biens, pour en jouir à loisir et à profusion, manger, boire et faire bombance. Mais ce qui motive son comportement, c’est peut-être aussi l’inquiétude du lendemain, la peur de manquer, la volonté de s’assurer un avenir, l’angoisse devant la finitude et la mort. Dans ce cas, des greniers pleins à craquer ne pourront que soulager sa peur.
Seulement – ironie du sort – le destin en a décidé autrement : Son âme lui est réclamée.
Au moment même où il estimait avoir triomphé de sa fragilité, la mort, contre laquelle il pensait se prémunir, survient en fait.

Cette parabole est très intéressante, dans la mesure où elle montre, en réalité, que rien ne peut protéger cet homme d’un éventuel danger : il croit être en sécurité en amassant des biens, en se mettant à l’abri en faisant des réserves. Mais, en fait, il est aussi fragile et vulnérable que n’importe quel autre être humain, y compris le plus pauvre et le plus misérable. Il ne peut en aucune façon sauver sa vie par lui-même. Ses biens ne lui sont (et lui seront) d’aucun secours, d’aucune utilité. Il n’est pas en son pouvoir de prolonger sa vie, ni par son inquiétude comme le souligne le 1er passage (cf. Mt 7, 27), ni par ses richesses, comme le révèle cette parabole (cf. Lc 12, 16-21). Il croit avoir la maîtrise de sa vie, de son âme, mais cela ne lui appartient pas.

Cette petite histoire a pour objectif de nous fait sortir de nos illusions de protection, de sécurité : Rien de matériel ne peut réellement nous mettre à l’abri. Nous ne pouvons pas, par nous-mêmes, garantir notre vie. Même des greniers pleins – même l’argent – restent impuissants et inefficaces face à la maladie ou à la mort.
Il n’y a finalement qu’un seul remède contre la peur du lendemain : la foi. Nous avons heureusement la possibilité de confier notre vie à Dieu, de nous en remettre à lui.

Par ailleurs, la parabole nous permet aussi de méditer sur un autre plan : quel est le projet de cet homme ? Pas seulement le désir de se mettre à l’abri, de se protéger du manque et du danger. Son ambition est en réalité de jouir seul de ses biens, par lui-même et pour lui-même. Cet homme est tellement seul qu’il parle à son âme. Son seul souci est de savoir comment il va pouvoir stocker tous ses biens. Il a des problèmes de riche. Mais ce qui est triste dans cette histoire, c’est d’une part, de constater que cet homme n’a aucun vis-à-vis, personne avec qui échanger, à qui donner, avec qui partager. Son attitude est criante d’égocentrisme, comme le souligne la conclusion : il amasse un trésor pour lui-même – il est centré sur lui-même, dans un monde exclusivement matérialiste, au lieu de s’enrichir auprès de Dieu, au lieu d’avoir intégré et développé les dimensions relationnelles et spirituelles de sa vie.

D’autre part, ce qui est aussi attristant, c’est de constater que cet homme ne s’est pas interrogé sur la cause et l’origine de cette surabondance.  D’où viennent toutes ces récoltes abondantes, si ce n’est l’œuvre du créateur ? Pourquoi lui ont elles été confiées ? Bénéficiant de cette surabondance, de cette richesse, n’avait-il pas une responsabilité particulière… pour en faire bon usage ? pour partager ces biens et en faire bénéficier autrui ?

Finalement, cet homme est passé à côté de sa vie : son manque de discernement et de conscience – dû à son orientation purement matérialiste – ne lui ont pas permis d’envisager le fait que la Providence de Dieu était sans doute derrière et à l’origine de sa richesse.
Cet homme n’a pas non plus perçu que les talents qui lui étaient confiés, l’inscrivaient dans une responsabilité de gérant, pour les cultiver et en faire profiter autrui. En restant centrer sur son égo et ses biens, il n’a perçu ni l’origine de cette surabondance dans la Providence de Dieu, ni la destination de ces biens, dans la relation aux autres et le partage fraternel.

A travers cette parabole, Jésus répond donc à l’objection qui pouvait être la nôtre, à savoir qu’en théorie, on a tendance à donner raison à Jésus quand il nous appelle à la confiance, mais que, dans les faits, notre penchant naturel revient plutôt à compter sur nous-mêmes et sur nos possessions tangibles.
Jésus nous montre que ce chemin n’est pas le bon. Car, à force de ne compter que sur soi et ses avoirs, on risque de tomber, comme le riche de la parabole, dans une préoccupation purement matérialiste de la vie. On risque d’oublier, d’une part, que Dieu est à l’œuvre dans le monde par la force de sa Providence active et bienveillante, et, d’autre part, que le sens de la vie ne se trouve pas en soi, en nous-mêmes, dans l’accumulation de sécurités et de biens – qui en réalité sont illusoires et trompeurs, car ils ne peuvent jamais nous prémunir de notre condition terrestre d’être humain fragile et vulnérable – mais que ce sens se trouve dans le développement de la vie spirituelle – c’est-à-dire dans la recherche du règne de Dieu – et dans l’épanouissement de la vie relationnelle – c’est-à-dire dans la recherche de la justice de Dieu.

* En conclusion… en nous appelant à chercher le règne de Dieu et sa justice, Jésus nous donne la clé d’une vie réussie et bienheureuse. Non pas réussie sur un plan matérialiste, mais réussie aux yeux de Dieu, dans notre vocation et mission d’être humain.

En dépassant nos seules préoccupations élémentaires, en nous invitant à compter sur la Providence de Dieu, Jésus nous appelle à nous enrichir au regard de Dieu, à découvrir le trésor dans le ciel que Dieu a préparé pour nous : le trésor qui est à notre portée, que nous pouvons trouver, lorsque nous acceptons de lâcher notre égo et nos soucis, pour nous ouvrir à la présence du Souffle de Dieu dans notre intériorité.

Les désirs de l’égo, l’avidité, la convoitise sont des obstacles à l’accès à la vraie vie, dans la mesure où ils fixent notre attention sur les préoccupations matérielles de l’existence et nous détournent de notre vocation véritable : accéder au trésor céleste qui est en nous, que nous découvrons lorsque nous laissons Dieu régner sur notre vie, lorsque nous laissons Dieu être « Dieu en nous »… et lorsque nous comprenons que nous ne sommes ici-bas que locataires et gérants des biens qui nous sont provisoirement confiés, pour les mettre à disposition d’autrui, afin qu’avec nous et par nous, la justice de Dieu s’accomplisse : celle de l’amour, de la fraternité et du partage.


Amen.

dimanche 12 juin 2016

Mc 10, 13-16

Lectures bibliques : Mt 5, 1-10 ; Mc 9, 33-37 ; Mc 10, 13-16
Thématique : accueillir le règne de Dieu comme un enfant
Prédication de Pascal LEFEBVRE[1] / Tonneins, le 12/06/16, culte avec baptême de Margot.

* Au 20e siècle, le théologien et scientifique Teilhard de Chardin posait une question essentielle : En tant qu’êtres humains, qui sommes-nous vraiment ? Sommes-nous des êtres humains vivant une expérience spirituelle ou sommes-nous des êtres spirituels vivant une expérience humaine ?

Il répond par la deuxième affirmation. Et je crois que nous pouvons partager cette conviction. Pour lui, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine. Ce qui signifie que ce que nous sommes véritablement ne se limite pas à notre corps matériel et biologique. Notre réalité humaine relève d’une autre dimension, au-delà de ce qui est seulement visible et accessible par nos cinq sens.

Il importe de garder cette question en mémoire, car bien souvent la dimension spirituelle de notre humanité passe au second plan ou est complètement occultée dans notre monde matérialiste et scientiste. Pourtant, à bien écouter les évangiles, on apprend que Jésus proclame la venue du règne de Dieu. Il annonce que le Royaume de Dieu s’approche (Mc 1, 15). Il nous parle de l’accès à une autre réalité à laquelle nous pouvons prendre part.

* Aujourd’hui dans nos lectures bibliques, il est justement question d’accueillir le royaume de Dieu. De quoi s’agit-il ?

On peut répondre simplement et logiquement qu’accueillir le règne de Dieu, c’est chercher la présence de Dieu, c’est vouloir faire partie de son règne, c’est-à-dire de l’espace où Dieu étend son royaume… du monde dont il est le Roi.

Toutefois, une telle définition peut sembler très large… trop large, même. Car si Dieu est Créateur (comme le dit la Bible), nous voyons bien, en réalité, que son règne est partout : son règne, c’est l’univers tout entier… c’est le monde, le fruit de sa création… et son règne, c’est aussi chacun d’entre nous, car, en tant que créatures, nous appartenons au règne de Dieu, nous sommes des fruits de sa création, ou plutôt des plants en croissance dans sa création.

Il semble que Jésus parle d’autre chose quand il fait référence au règne de Dieu : il parle d’une autre réalité… d’un endroit ou d’un temps où l’on a la possibilité de développer des relations privilégiées avec Dieu… d’un espace ou d’un lieu où l’on a une autre conscience de la réalité…  où l’on peut sentir le règne de Dieu sur notre vie… dans notre vie.

Certains ont essayé de penser le Royaume en terme de lieu, de territoire, d’espace. Mais, ce n’est pas si simple. De nombreuses questions surgissent : s’agit-il d’un lieu post-mortem, d’un royaume auquel on pourrait avoir accès après la mort ? ou d’une réalité accessible dès maintenant ?
Les propos de Jésus peuvent nous faire pencher pour cette deuxième hypothèse, car Jésus précise à ses disciples que ce « royaume » est accessible, à notre portée, entre nos mains (Lc 17, 20-21).

Si on pense le « Royaume » en termes géographiques, on se rend compte – en écoutant Jésus – que ce « règne » n’est pas un lieu localisable – ici ou là – mais un espace auquel nous pouvons accéder : un espace qui est en nous, à notre portée.
C’est un lieu auquel nous pouvons avoir accès… qui s’ouvre à nous… quand nous quittons provisoirement l’espace du monde – ou plus précisément des préoccupations mondaines – pour nous ouvrir à celui de notre intériorité, à notre monde intérieur.
C’est le lieu où nous pouvons rencontrer Dieu, en nous… accéder à notre vrai Soi en relation avec l’Esprit divin.
Par la méditation et la prière silencieuse, en lâchant-prise de nos soucis, de nos préoccupations quotidiennes, de notre égo, nous accédons à un espace de silence, de calme intérieur et de paix : un espace où Dieu règne en nous.

Le Royaume de Dieu, c’est un lieu de paix : un lieu qui ne dépend pas des conditions de vie extérieures – propices, favorables, ou au contraire, difficiles et pénibles – C’est un lieu auquel chacun peut avoir accès, au-delà de la question des bonheurs, des joies, ou, au contraire, des malheurs, des épreuves liées à notre vie mondaine, qui, elle, dépend essentiellement des conditions extérieures : de nos ressources, de notre mode de vie, de nos moyens, de notre contexte environnemental (que nous habitions dans un pays riche ou pauvre, en paix ou en guerre… que nous soyons au travail, au chômage, à la retraite… dans l’aisance ou la précarité), etc.

Puisque ce Royaume est une réalité intérieure – un monde heureux qui s’ouvre quand Dieu règne en nous – il ne dépend pas de notre environnement extérieur, mais de notre état d’esprit et de la disposition de notre cœur, de notre ouverture de cœur.
C’est la raison pour laquelle, dans les Béatitudes, Jésus affirme qu’un bonheur est à notre portée, au-delà et malgré les épreuves extérieures de l’existence : il va même jusqu’à dire que ceux qui pleurent (Mt 5, 5) ou qui éprouvent de la tristesse, du chagrin, une douleur ou une blessure, par exemple, à cause d’un deuil, peuvent trouver une voix de rétablissement, un chemin de relèvement, de résurrection – pour ne pas dire de « bonheur » – car ils seront consolés : ils sont accueillis, entendus et aimés dans l’espace intime de la présence de Dieu, qu’on appelle le « règne de Dieu », dans ce lieu de cœur à cœur, de communion avec l’Esprit de Dieu.

La première béatitude nous livre le moyen d’accéder à ce règne de Dieu en nous : la pauvreté de cœur ou la pauvreté en esprit.
Je cite : « Heureux les pauvres de cœurs / ou les pauvres par l’esprit / le royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3).
Il ne faut pas confondre la pauvreté et la misère. Ce dont il est question ici, c’est de la pauvreté intérieure (et non de la misère sur le plan matériel).
Ce qui caractérise ceux qui sont « pauvres » (dans le sens des Béatitudes), c’est leur ouverture et leur disponibilité de cœur. Celui qui est plein de lui-même, imbus de sa personne, de son égo, de son orgueil ou de ses possessions (de ses biens ou de son savoir), n’a plus de place en lui pour Dieu.
C’est la raison pour laquelle Jésus affirme qu’il est difficile aux riches d’entrer dans le règne de Dieu (Mc 10, 23). C’est une manière d’affirmer que celui qui ne compte que sur lui-même et sur ses richesses, risque du même coup d’oublier de faire confiance à Dieu.
Au contraire, celui qui se reconnaît « pauvre », en manque, assoiffé de la présence de Dieu (Ps 63), va compter sur le secours du Père, et pas seulement sur ses propres ressources ou ses seules forces.

En d’autres termes, c’est l’ouverture du cœur, la disponibilité d’esprit et la confiance qui caractérisent les « pauvres de cœur ».
En cela la première béatitude rejoint l’épisode où Jésus appelle les disciples à prendre exemple sur les enfants.

* Que veut-il dire quand il nous exhorte à « accueillir le règne de Dieu comme un enfant » ?

- On comprend en général : « accueillir le règne de Dieu comme un enfant l’accueille ». Cela correspond à une parole de Jésus dans l’évangile selon Matthieu : « Si vous ne changez pas et ne devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le règne des cieux » (Mt 18,3). Jésus exhorterait ses disciples à être comme des enfants, à adopter le même comportement, la même attitude qu’un enfant.
Il ne s’agit pas ici de naïveté, ni d’innocence, mais de disponibilité et de confiance. Un enfant fait confiance sans réfléchir. Il ne peut pas vivre sans faire confiance à ceux qui l’entourent. Sa confiance n’a rien d’une vertu, elle est une réalité vitale. Il ne peut pas faire autrement.
Pour rencontrer Dieu, le meilleur moyen dont nous disposons, c’est notre cœur d’enfant qui est spontanément ouvert, qui ose demander simplement, qui veut être aimé, et accepte de suivre celui qui peut le guider (comme un enfant avec un père ou un mère bienveillante).

- Mais on peut aussi bien comprendre : « accueillir le règne de Dieu comme on accueille un enfant ». Car le verbe « accueillir » a en général le sens concret d’« accueillir quelqu’un », comme on peut le constater quelques versets plus tôt où Jésus parle d’« accueillir un enfant » (Mc 9,37). Dans ce cas, c’est à l’accueil d’un enfant que Jésus compare l’accueil de la présence de Dieu. Il y a une connivence secrète entre le règne de Dieu et un enfant.

Accueillir un enfant, c’est accueillir une promesse. Un enfant croît et se développe. C’est ainsi que le règne de Dieu n’est pas sur terre une réalité achevée, mais une promesse, une dynamique et une croissance inachevée.

Quand on accueille un enfant, on accueille une personne, une réalité en devenir… quelqu’un qui va grandir, se développer, s’épanouir. Il en est de même du règne de Dieu : c’est une réalité en croissance, qui peut grandir en nous, pour nous ouvrir et nous transformer.
Jésus donnera l’image de la petite graine de moutarde qui contient en elle une potentialité de vie et de croissance extraordinaire, pour devenir une grande plante potagère (cf. Mt 13, 31-32).

Ainsi, Jésus nous rappellerait une promesse de croissance dans l’accueil du règne de Dieu en nous et il nous appellerait à la patience et à la persévérance pour peu à peu lâcher-prise dans la confiance et apprendre à laisser de la place à l’Esprit de Dieu, à son règne, dans notre intériorité.

- Par ailleurs, outre la disponibilité de cœur et la confiance qui caractérisent les enfants, il faut ajouter aussi qu’ils sont imprévisibles :
Dans le récit des évangiles, ils arrivent quand ils arrivent, ils débarquent sans prévenir, et de toute évidence ce n’est pas le bon moment pour les disciples. C’est la raison pour laquelle, ils se font rabrouer ou sont écartés. Mais Jésus insiste : il faut les accueillir puisqu’ils sont là. C’est ainsi qu’il nous faut accueillir la présence de Dieu quand elle se présente à nous, que ce soit au bon ou au mauvais moment. Il faut jouer le jeu de l’accueil des évènements, des personnes et des coïncidences autour de nous.

Accueillir le règne de Dieu comme on accueille un enfant, c’est veiller et prier pour l’accueillir quand il vient, toujours à l’improviste, à temps ou à contretemps. C’est rester vigilants et ouverts aux instants de grâce et de paix qui peuvent survenir.  

- Ainsi, quelle que soit l’interprétation – qu’il s’agisse d’être comme un enfant pour accueillir le règne de Dieu, ou d’accueillir le règne de Dieu comme on accueille un enfant – on voit bien qu’il y a des points communs et complémentaires entre ces différentes manières de comprendre les paroles de Jésus.

Pour le Christ, le « règne de Dieu » est une réalité accessible, à notre portée, ici et maintenant (Lc 17, 21 ; Mc 1,15). Pour accéder à ce monde heureux, de paix et de communion avec Dieu, il faut consentir à un abandon, à une perte : Accepter d’être comme un enfant, c’est-à-dire accepter d’ouvrir son cœur, de se rendre disponible à ce qui vient, d’avoir confiance à ce qui se présente à nous. Le royaume est ce monde nouveau qui s’approche, qui vient à nous, en Jésus Christ.

* Ce n’est pas facile, pour nous, de comprendre et surtout d’accepter ce que Jésus nous propose. Car, dans notre monde, d’une part, on veut tout contrôler, tout maitriser. Et, d’autre part, le salut est souvent pensé de manière individuelle : c’est un salut « chacun pour soi », un salut par plus d’avoir et de pouvoir. Mais, Jésus lui nous parle d’un salut universel, un salut pour tous, qui implique de quitter la préoccupation de son égo (Mc 8,34-35).

L’évangile nous dit que le Royaume (le monde nouveau de Dieu) s’approche quand on accepte de mourir à soi-même et de ressusciter à une vie nouvelle.
Pour accueillir cette réalité au creux de nous-mêmes et pour l’exporter dans le monde, dans la société autour de nous – car la paix qui vient de Dieu est faite pour être partagée avec les autres – il importe que chacun oublie un peu son égoïsme et ses soucis personnels et ouvre son esprit, d’une part, à Dieu qui agit dans notre intériorité et, d’autre part, aux autres, qui vivent autour de nous. Car nous sommes tous inter-dépendants, reliés les uns aux autres.

Il importe de trouver cet espace de paix que Dieu peut ouvrir en nous et il importe aussi de le partager, de chercher la conciliation ou la réconciliation, pour construire quelque chose ensemble, plutôt que de se détruire mutuellement… comme nous le montrent les actualités et les images télévisées terribles de guerres et d’attentas en bien des points de notre planète.

Nous devons prendre conscience que ce que Jésus nous invite à vivre, c’est un retournement, un changement radical de nos mentalités, de nos manières habituelles de voir les choses.

Adopter ce nouveau comportement n’a rien de naturel. C’est un apprentissage… quelque chose de totalement nouveau.
Jésus nous appelle à nous inscrire dans cette nouvelle mentalité du règne de Dieu, qui nous apprend la gratuité plutôt que le calcul, la préoccupation d’autrui plutôt que le souci de l’intérêt personnel, le partage plutôt que la rivalité.
C’est tout le contraire de ce que nous avons tendance à faire ou ce que la société nous montre, en mettant en avant le règne de l’individualisme et de la concurrence.

Cette affirmation rejoint aussi notre actualité en France et en Europe : En dehors de toute considération politique… nous voyons bien, par exemple, que les messages des syndicats et des manifestants qui mettent sous tension le gouvernement pour obtenir l’abandon de réformes (par exemple, de la loi ‘travail’) – tout comme, par ailleurs, les avis contraires des grands patrons du CAC 40 – sont inaudibles… car, ici ou là, chacun se soucie, en réalité et avant tout, de son pré carré, de son pouvoir, de ses privilèges à préserver.
C’est exactement la même question avec le Royaume Uni qui s’apprête à voter le ‘Brexit’, la sortie de l’Union Européenne, pour des raisons de défense d’intérêts nationaux.
Tout cela révèle un manque de confiance !

Certes, certains prétendront agir au nom de l’intérêt collectif ou général. Mais, le soi-disant « intérêt général » ne les empêchent pas, par exemple, d’oublier les êtres humains qui meurent de faim à l’autre bout de la planète, ou tous les migrants et les exilés qui sont refoulés loin de nos frontières, dans l’indifférence générale. Le discours est différent quand il s’agit de défendre notre confort, notre niveau de vie, notre sécurité et nos intérêts. Pourtant, fondamentalement, la vie d’un Français voudrait-elle plus chère – serait-elle plus précieuse – que celle d’un Ethiopien ou d’un Syrien ? Quel intérêt général prétendent-ils défendre tous ces gens ?…  Quelle confiance ont-ils en l’avenir ?... Ne serait-ce pas surtout leur conservatisme, leur volonté de ne rien perdre de leurs acquis personnels, qui motivent leurs comportements ? Ou simplement – et de façon irrationnelle – la peur du lendemain ?

Sans faire de politique, car ce n’est pas ici le lieu… on voit, à travers notre actualité, combien il est difficile d’entendre le message de Jésus quand il s’agit concrètement d’oser quitter son égocentrisme, d’abandonner la préoccupation de ses intérêts particuliers… pour s’engager dans la confiance et le partage.

* Pour conclure, il faut encore préciser que ce que Jésus nous invite à vivre, pour entrer dans cette dynamique du règne de Dieu, dans cette nouvelle mentalité, n’a pas seulement pour objectif (vous l’aurez compris) de trouver une nouvelle voix d’épanouissement personnel. Il est certain que cet accomplissement individuel advient avec la découverte du règne de Dieu en nous, mais plus fondamentalement, et plus largement, l’accès au monde nouveau de Dieu nous inscrit dans une vie nouvelle au niveau relationnel.

Désormais, la paix que Dieu nous donne – lorsque nous le laissons régner en nous, lorsque nous mettons à l’écoute de son Esprit – … cette paix… nous ouvre à la recherche de la justesse et à la justice dans les relations que nous pouvons avoir avec nos frères humains (dans notre famille, notre travail, les associations que nous fréquentons, les lieux où nous sommes engagés).

Nous devons garder à l’esprit que la paix offerte par Dieu est indissociable de la recherche de la justice. Je citerai pour terminer deux brefs versets qui peuvent nous inspirer dans notre action quotidienne :
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés » (Mt 5, 6)
« Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6,33).

Amen.




[1] Lecture qui a inspiré cette méditation : http://www.taize.fr/fr_article3261.html