dimanche 10 avril 2016

la confiance, les lois d'attraction et de cause à effet

Lectures : Q 11, 9-13 + Q 6, 31-38  (cf. Lc 11, 9-13 + Lc 6, 31-38)
(Le texte de la source Q est celui reconstitué et traduit par Jean-Marc Babut)[1]
Thématiques : la confiance, la loi d’attraction, la loi de cause à effet, la règle d’or
Prédication de Pascal LEFEBVRE = voir après les lectures
Tonneins, le 10/04/16

Lectures :

Q 11, 9-13 :
« Je vous [le] dis : demandez, et cela vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et une porte s'ouvrira pour vous.
En effet, qui demande reçoit, qui cherche trouve, et pour celui qui frappe une porte s'ouvrira.
Existe-t-il parmi vous quelqu’un à qui son fils demanderait du pain, et qui lui donnerait un caillou ?  Ou s'il lui demande un poisson, lui donnerait un serpent ?
Si donc vous, même méchants comme vous l’êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père, depuis le ciel, donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. » (Lc 11, 9-13 // Mt 7, 7-11) 

Q 6, 31-38 
« Ce que vous avez envie que les autres fassent pour vous, c'est ce que vous devez faire pour eux. » (Lc 6, 31 // Mt 7,12)
« Si vous montrez de l'amour à ceux qui vous aiment, que gagnez-vous ? N'est-ce pas ce que font [déjà] les ramasseurs de taxes ?
Si vous ne prêtez ­quelque chose qu’à ceux dont vous espérez qu’ils vous le rendront, que gagnez-vous ? N'est-ce pas ce que pratiquent [déjà] les païens ? » (Lc 6,32-34 // Mt 5, 46-47)
« Votre Père est miséricordieux ; devenez comme lui, miséricordieux. » (Lc 6,36 // Mt 5, 48)
« N'émettez pas de jugement. De la Sorte vous ne serez pas jugés [vous-mêmes], car on vous jugera de la manière dont vous aurez jugé [les autres]. On se servira pour vous de la même mesure que celle dont vous vous serez servie pour les autres. » (Lc 6, 37-38 // Mt 7, 1-2)

Prédication :

Pour vivre une existence épanouie, Jésus nous donne 3 enseignements que je résumerai de la façon suivante :
-       Une nouvelle manière de penser Dieu
-       La possibilité de la confiance, qu’on peut exprimer en 2 phrases :
« Croyez et vous obtiendrez » (ce que vous croyez)
« Demandez et vous recevrez »
-       Un appel à prendre l’initiative :
« Donnez et on vous donnera »

Il apparaît que dans notre monde actuel, la plupart du temps, on n’a pas du tout pris en compte ces paroles qui prônent, à la fois, la confiance et l’espérance ; la gratuité et la reconnaissance ; l’engagement et le don de soi.

Dans notre société matérialiste, rien n’est gratuit. Bien souvent, nous pensons qu’il faut mériter ou arracher ce qu’on veut obtenir… sans penser que nous pourrions peut-être le recevoir par grâce.
Les hommes rêvent de plus d’avoir et de pouvoir. Le pouvoir de l’argent est partout, véhiculé par les médias, qui nous conditionnent et nous formatent.
Même les politiques sont confrontés au monde consumériste, aux pressions des lobbies, au système de la finance internationale et aux tentations des paradis fiscaux… et un certain nombre finit par succomber aux sirènes de « Mammon », comme on le voit avec l’actualité des « panama papers ».

L’avidité et l’accaparement répondent aux désirs de l’égo. On exploite au maximum la nature pour obtenir ses richesses énergétiques…  On exploite aussi les hommes pour obtenir davantage de rentabilité….  Et finalement, on constate – en semblant presque impuissant – que ce monde est moribond et court à la catastrophe… qu’il produit sans cesse de l’injustice et du désespoir.

Les plus petits, les plus pauvres, les plus malheureux finissent par ne plus croire qu’un changement soit possible ; chacun se réfugie dans une attitude attentiste et conservatrice. On protège ses acquis et ses frontières. On se résigne à la peur de l’autre, à la méfiance, au pessimisme ou à la fatalité.  
Mais, est-ce là le monde que Dieu veut pour nous ?
Et qui a créé cette réalité… sinon nous-mêmes ?

L’Evangile, c’est d’abord la bonne nouvelle de l’amour de Dieu… la Bonne nouvelle que Dieu nous promet autre chose, pour autant que nous le voulions.

Pour changer les choses, Jésus nous invite d’abord à changer nous-mêmes, à changer nos croyances, nos mentalités, nos comportements.

* Premier point : Jésus nous apporte une nouvelle manière de penser Dieu et la possibilité de la confiance

Par la prière du « Notre Père », Jésus nous invite à changer notre image de Dieu : Dieu n’est pas un roi qui règne du haut du ciel, ni un juge susceptible de nous punir à chaque faux pas, mais une force, une énergie qui s’offre à tous, qui est à notre écoute, nous entend et pourvoit à nos besoins, à l’image d’un Père qui aime ses enfants, qui prend soin d’eux chaque jour, pour leur apporter nourriture, protection et guérison.

Si Dieu est ainsi une puissance bienveillante et agissante, comme un « Père », nous pouvons lui faire totalement confiance : C’est ce que Jésus nous invite à vivre, en nous en remettant totalement à cette force, à ce Dieu bon et miséricordieux (cf. Q 11,13 ; 6,36).

En tant que Chrétiens, ce n’est pas une innovation pour nous d’appeler Dieu « Notre Père ». Nos liturgies ont repris cette expression inaugurée par Jésus. La plupart d’entre nous a sans doute appris la prière du « Notre Père » au catéchisme. Mais il faut se rendre compte à quel point c’était nouveau pour les contemporains de Jésus.

Dire que Dieu est comme une force d’amour, un Père bienveillant, cela tranche radicalement avec l’image que les religions donnent des divinités qu’elles honorent, comme des puissances redoutables ou ombrageuses, dont on ne peut obtenir les bonnes grâces sans se plier à des règles et sans consentir à des sacrifices.

Loin d’un Dieu qui fait peur… d’un Dieu à craindre…  ou d’un Dieu qui fait du commerce en marchandant son pardon… Jésus nous offre l’image d’un Dieu gratuit qui éclaire sa création, qui est « Lumière » : un Dieu qui nous invite à nous laisser imprégner, habiter par sa lumière (cf. Ep 5,8 ; Mt 5,14).

Pour Jésus, la relation entre Dieu et les humains a toujours été le fruit de l’initiative divine en vue d’un salut, c’est-à-dire d’une délivrance, d’une libération, d’une réconciliation, d’une guérison... offerte gratuitement.

La seule chose attendue des humains est simplement qu’ils se mettent à « l’écoute » de cette force positive qu’est Dieu pour la recevoir… qu’ils s’ouvrent à elle pour devenir un canal de l’amour de Dieu… en d’autres termes, qu’ils incarnent l’amour de Dieu, comme Jésus a su le vivre, en devant transparent à l’Esprit d’amour, au souffle du Père.

Mais, on voit bien que ce n’est pas si simple pour nous, les humains, car nous avons un défaut majeur qui s’appelle « l’égo »… duquel résultent l’orgueil, l’égoïsme, la convoitise et l’instinct de domination.

Tous les porte-parole de Dieu dans la Bible – des prophètes à Jésus – ne cessent d’appeler les hommes à se mettre à l’écoute de ce Dieu-Père qui peut agir là où nous lui faisons confiance, là où nous le laissons faire.
Mais, le drame, c’est que du côté des humains, on refuse ce Dieu providentiel ou interventionniste. Nous avons peur du lâcher-prise… peur de risquer la confiance…  car on ne sait pas où tout cela pourrait nous conduire.

Alors… nous préférons compter sur nos propres forces… nous fier à nous-mêmes plutôt qu’à Dieu. Nous prétendons rester maître de la relation avec Dieu… et de ce fait, nous faisons entrer ce Dieu dans le cadre d’une religion établie, avec des règles et des principes dogmatiques, moraux et ecclésiaux.

Disons que nous préférons faire entrer Dieu dans un cadre institutionnel : c’est plus prudent !…  C’est même une manière de maîtriser Dieu… Car imaginez-vous – un instant – que Jésus ait vraiment raison et que Dieu puisse influencer notre existence et intervenir dans notre vie, pour autant que nous lui fassions pleinement confiance : Mais, ce serait la révolution !… on ne maitriserait plus totalement sa vie (comme nous le supposons)….  des choses nouvelles et inattendues pourraient émerger… qui remettraient en question nos manières de penser et d’agir…  des choses jusqu’alors impossibles deviendraient possibles…   (les mentalités changeraient, des guérisons pourraient se produire, des pardons et des réconciliations en famille, entre peuples, entre pays pourraient avoir lieu) … des choses inexpliquées se produiraient qu’on appelle – faute de mieux – des « miracles »… Tout cela serait totalement nouveau !... et remettrait radicalement en cause notre monde scientiste, et avec, les pouvoirs de tous ceux qui prétendent nous apporter la maîtrise et la lumière dans notre vie : les hommes politiques, les chercheurs, les industriels et les laboratoires pharmaceutiques (aux profits exorbitants), les garants de l’ordre, du droit et du bon fonctionnement des instances financières mondiales, etc.

Avouons-le ! Laisser plus de place à Dieu dans notre vie et notre monde : ce serait beaucoup trop risqué ! Car, au fond, ce serait faire place à l’inattendu, à l’aventure, à la nouveauté… et l’inconnu fait toujours peur. C’est une évidence !

En ce sens… dans l’évangile selon Jean… Jésus place Dieu bien au-delà de nos représentations humaines. Il n’est pas à adorer ici ou là : Dieu est Esprit – dit-il (cf. Jn 4, 20-24)… il agit comme un souffle. Et « le vent souffle où il veut… mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va » (cf. Jn 3,8). C’est précisément ce qui fait peur aux humains qui entendent garder le contrôle.

Malheureusement, en agissant ainsi… en étant indifférent à Dieu ou en nous méfiant de Lui… nous nous privons d’un trésor inestimable de grâces et de bénédictions, à cause de notre égo et notre prétention à la maitrise du monde.

A cause de nos croyances en un monde uniquement matérialiste (et consumériste), nous ne faisons que répéter le passé… nous nous restreignons nous-mêmes… nous nous empêchons d’élargir nos horizons à une dimension spirituelle de la vie, à une élévation de notre niveau de conscience.
C’est la raison pour laquelle Jésus appelle et bouscule ses disciples : Il nous invite à chercher autre chose – c’est ce qu’il dira, par exemple, dans son sermon sur la montagne : « Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit » (cf. Mt 6,33).

« Cherchez à entrer dans le règne de Dieu » : si nous intégrions véritablement le fait Dieu est une force d’amour – une énergie positive et non un Dieu autoritaire qui entend tout contrôler à notre place – alors, nous pourrions envisager ce Dieu-Père comme un allié[2] – au lieu de le penser comme un régisseur ou un concurrent –. Nous pourrions entendre que ce Dieu ne veut que le bonheur de ses créatures : Ce n’est pas lui qui crée le malheur, qui nous enferme dans l’injustice ou la culpabilité. C’est nous-mêmes qui réduisons nos potentialités de vie, à cause de notre égo, de nos pulsions d’attachements ou de rejets, de notre prétention à l’autonomie et à la toute-puissante maîtrise.

Inlassablement, Jésus nous appelle à un changement de mentalité, à une ouverture au Dieu d’amour… pour que nous le laissions enfin influencer positivement notre existence.

* Deuxième point : Jésus nous invite à expérimenter concrètement cette confiance : « Demandez et vous recevrez »

« Je vous le dis (affirme Jésus) : demandez et cela vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et une porte s’ouvrira pour vous ».

Les formules impersonnelles « cela vous sera donné », « une porte s’ouvrira » constituent une manière indirecte de se référer à l’action de Dieu. Cela signifie : « soyez-en certains, ayez confiance, Dieu agira ! »

Ces paroles sont pour nous… mais objectivement… les mettons-nous en pratique dans la vraie vie ?

Qui d’entre nous, s’il a des choix décisifs à faire, s’il a une décision importante à prendre…. ou s’il se sent troublé ou désemparé…. ou encore, s’il a besoin de quelque chose en particulier…  qui d’entre nous s’adresse en premier lieu à Dieu, de façon quotidienne, jour après jour (telle la veuve importune – cf. Lc 18,1-8), pour lui demander son aide et son soutien ?.... dans l’assurance qu’il est en train de recevoir ce qu’il vient de demander, que cela a été entendu par le Père et que cela va s’accomplir pour lui de la meilleure des manières possibles…  selon la volonté du Père…. c’est-à-dire, pas seulement de la manière dont nous le souhaiterions, mais bien au-delà de ce que nous avons pu penser ou imaginer…. Car le Père connaît nos potentialités et sait ce dont nous avons vraiment besoin (cf. Mt 6,8 ; Mt 7,32).

Le premier passage que nous avons entendu ce matin (cf. Q 11,9-13) suit immédiatement la prière dominicale : « Notre pain pour ce jour-ci, donne-le-nous maintenant ». (Q 11,3 // Lc 11,3 // Mt 6,11) Jésus ajoute « demandez et cela vous sera donné »… demandez en croyant que vous recevrez !
Il vient assurer les disciples qu’il y aura nécessairement une réponse positive à leur requête – même si ignorons le « comment », même si cette réponse n’est pas toujours – ni exactement – celle que nous attendons.

Jésus affirme que l’énergie Dieu-Père est active en nous et dans le monde. Nous pouvons faire confiance à cette force créatrice qu’est le Dieu d’amour.[3]

C’est là une loi de l’existence dont nous pouvons nous-mêmes réaliser la véracité. Car, sans confiance, rien de nouveau ne peut surgir. Toute entreprise, toute demande, tout projet commence par la confiance que cela peut s’accomplir… que nous sommes entendus et soutenus dans notre désir ou notre initiative, lorsqu’ils sont justes et bons.

Je lisais cette semaine le témoignage d’un conseiller en insertion-professionnelle qui disait la chose suivante :
« Dans le cadre de mon travail j'ai été amené à rencontrer plus de 7800 personnes au chômage. Aujourd'hui, je peux affirmer que ce n'est ni le niveau d'études, ni les diplômes, ni l'âge, ni le sexe, ni l'origine ethnique, ni la nationalité, ni l'expérience qui détermine le fait de retrouver un job ou non, mais uniquement l'état d'esprit dans lequel on est. »

Ayons donc à cœur de retenir et de mettre en pratique cet enseignement du Christ :
« Tout est possible pour celui qui croit » dit Jésus (cf. Mc 9,23).
Toute chose nouvelle peut arriver dans notre vie, pour autant que nous y croyions !... que nous visualisions ces choses et que nous les demandions au Père.
Croyez et vous obtiendrez ! Demandez, et cela vous sera donné !

Le Christ nous appelle à ancrer cette parole de confiance en nous comme une réalité, comme une sorte de loi de l’existence. Il affirme ainsi que nous sommes « co-créateurs » de notre réalité… que notre confiance et notre vision sont véritablement des forces créatrices.
C’est, d’une certaine manière, ce que Jésus affirmait aux malades qu’il rencontrait : « qu’il te soit fait selon ta foi » (cf. Mt 8, 13 ; Mt 9, 29).

Dans certains courants spirituels ou philosophiques, des personnes appellent cela « la loi de l’attraction » : c’est l’idée que nous attirons à nous ce que nous croyons ou pensons.

C’est la raison pour laquelle, il est souhaitable de purifier nos pensées et nos croyances. Il nous faut progressivement abandonner tout état d’esprit négatif, dépréciatif, anxiogène, toute animosité, toute colère. Puisque les pensées positives donnent naissance à des réalités positives, nous devons changer notre état de conscience pour qu’il soit toujours positif.

Tout cela est fort juste ! Mais Jésus, pour sa part, va plus loin dans cette affirmation : Il ne nous invite pas seulement à avoir confiance en nous-mêmes et à positiver – ce qui est déjà un bon début – il nous invite à avoir pleinement confiance en notre Père… c’est-à-dire dans la providence de Dieu… qui agira de façon adéquate pour chacun de nous, pour nous permettre d’avancer… de surmonter les épreuves et les obstacles… pour progresser sur le chemin qui est le nôtre.

* Troisième point : Ce que vous voulez voir changer ou obtenir, commencez par le faire vous-mêmes : « Donnez et on vous donnera » (Lc 6,38)[4]

A côté de cet appel fondamental à la confiance, Jésus nous donne une seconde loi que certains courants philosophiques appelleraient « la loi de cause-à-effet » et qu’on pourrait résumer de la façon suivante :

Donnez et on vous donnera
Acquittez et vous serez acquittés
Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés (cf. Lc 6, 36-38)

En d’autres termes : semez du positif et vous récolterez du positif (voir aussi Ga 6,7 ; Mt 7, 17-20)
Prenez l’initiative du bien, pour obtenir du bien dans votre vie :
Ce que Jésus résume positivement dans la règle d’or : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes d’abord pour eux » (cf. Mt 7,12 ; Lc 6,31)

Bien souvent, nous comprenons ou appliquons cette règle de façon restrictive, en s’abstenant seulement de faire le mal, comme la sagesse populaire universelle le recommande : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse » (Cf. livre de Tobit 4,1 ; évangile de Thomas 6,3 ; Talmud, Shabbat 31a). Mais Jésus reformule cette « règle » de façon dynamique et positive ; et cela change tout.

Il ne s’agit pas seulement de ne pas faire quelque chose de travers, mais de prendre l’initiative du bien en faveur d’autrui, donc d’agir gratuitement, de façon délibérée, en vue du bien.

Jésus explique le fondement d’une telle action : il s’agit d’imiter Dieu, d’agir à la manière de notre Père qui lui crée et œuvre gratuitement en vue de ce qui est juste et bon.

Je cite dans la source Q : « Votre Père est miséricordieux ; devenez comme lui, miséricordieux » (Q 6,36 // Lc 6,36)
« Montrez de l’amour [à tous]… De la sorte vous deviendrez des enfants de votre Père. Son soleil, en effet, il le fait lever sur les méchants aussi bien que sur les bons, et il fait pleuvoir sur ceux qui font ce qu’il désire aussi bien que sur ceux qui ne s’en soucient pas » (Q 6, 27.28.35 // Mt 5, 44-45)

C’est donc un nouvelle mentalité et un nouveau comportement que Jésus propose : ne plus se comparer aux autres, ne plus tenir compte de leurs comportements, de leurs mérites, ni de leur amabilité – ou de leur manque d’amabilité – mais, agir par bonté, gratuitement… juste parce que c’est comme ça que le Père s’y prend avec sa création : par grâce, par amour.

C’est la seule façon de sortir des relations de miroir, de dépasser les relations de réciprocité, de « donnant-donnant », qui appartiennent, certes, au lot commun de la société, mais qui nous limitent dans notre développement.
C’est en ce sens que Jésus dit : Même les ramasseurs de taxes (les collaborateurs impurs) montrent de l’amour à ceux qui les aiment (cf. Q 6,32)… même les païens prêtent à ceux qui leur rendent… mais, vous, citoyens du Royaume – du monde nouveau de Dieu – vous pouvez faire mieux : adoptez un nouveau comportement positif… qui ne tient plus seulement compte des mérites de chacun… mais qui aime sans compter, de façon inconditionnelle.
Ainsi, comme le Père vous aime – sans condition – aimez de la même manière !

Si nous écoutions vraiment ce message de Jésus, nous pourrions ouvrir et élargir les horizons de notre empathie, de notre compassion et de notre altruisme à tout être humain… et plus seulement à ceux qui nous sont proches ou nous ressemblent, à notre famille, nos amis… à  nos coreligionnaires ou aux ressortissants de notre pays… nous aurions un regard plus large : un regard qui prend en compte le fait que tout être humain est enfant de Dieu… y compris le SDF qui vient nous taxer et nous déranger… le migrant qui frappe à la porte de notre frontière avec sa famille… le « basané » qui a d’autres traditions, des habitudes culturelles différentes ou « une tête qui nous fait peur ».

En bref, Jésus nous appelle à la générosité… en dépassant nos instincts naturels, sans nous contenter de reproduire ce qu’on peut observer dans le monde animal, où chacun aspire à défendre son petit « clan » et son territoire contre ses congénères, ou à devenir le « mâle » dominant pour être le premier servi.

Si chacun ne pense qu’à son égo… le monde ne risque pas de changer… les relations de réciprocités et de rivalités risquent de perdurer encore longtemps.
Seul un changement de mentalité, une évolution de nos consciences permettront de rendre le monde meilleur et vivable pour tous. Car, en fin de compte, qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal ?... sinon le fait que l’être humain a les moyens de prendre du recul, de développer un esprit critique, y compris sur ses propres réflexes ou habitudes…. Sinon le fait que l’être humain a les moyens d’entendre un message contestant son mode de vie et la capacité de pouvoir modifier son comportement en conséquence.

En tout cas… il y en a un qui y croit : c’est Jésus.
Le Christ croit à la capacité de conversion de l’être humain. Il espère en nous, en nos capacités d’évolution et de changement. Et c’est là la Bonne Nouvelle de ce jour.
Si Jésus prend la peine de donner ces enseignements, c’est qu’il croit véritablement que nous pouvons entrer dans cette nouvelle ère, cette nouvelle mentalité du Royaume, qui consiste à agir gratuitement et positivement, indépendamment des mérites de chacun.

* Pour conclure - chers amis - il me semble que nous pourrions simplement essayer d’expérimenter cela dans notre vie :
- Faire confiance à ce Dieu-Père qui peut agir en nous et dans le monde… et lui offrir notre reconnaissance et notre gratitude ;
- Oser nous tourner vers lui et lui demander quotidiennement ce dont nous avons besoin, en visualisant ces dons et en ayant la certitude qu’il nous entend et nous exauce de la meilleure façon ;  
- Commencer par expérimenter son amour en offrant le nôtre à tous ceux que nous croisons, dans l’assurance que les bonnes semences que nous donnons deviendront de bons fruits pour nous et pour autrui.

Amen.



[1] Jean Marc Babut, Un tout autre christianisme, éd. Desclée de Brouwer.
[2] Ce que traduit bien la notion « d’alliance »
[3] Il agit à la manière d’un Père encore plus attentif à ses enfants que les disciples ne le sont eux-mêmes envers leurs propres enfants : cf. Lc 11, 11-13
[4] On peut aussi penser au « donnez leur vous-mêmes à manger » : cf. Lc 9,13.

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