dimanche 6 décembre 2015

Mc 10, 32-45

Mc 10, 32-45 / L’évangile de la non-domination

Lectures bibliques : Lc 6, 27-35 [ou Es 50, 4-11] ; Mc 10, 32-45
Thématique : Pouvoir ou service / l’Evangile de la non-domination, unique voie du salut
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Nérac, le 29/09/15 & Marmande, le 06/12/15.
(2ème partie reprise en grande partie d’une méditation de Jean Marc Babut[1])

* « Si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. Et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. » (Mc 10, 43-44)
Ce matin, l’évangile nous montre, à travers les apôtres Jacques et Jean, combien les êtres humains sont à l’envers du message de Jésus.

Depuis le début de sa vie publique, depuis le début de l’Evangile, Jésus proclame son message : la Bonne nouvelle du Royaume. Il invite les hommes à changer de mentalité : à cesser de penser que le bonheur et le salut de l’homme se trouve dans plus d’avoir et de pouvoir… il prêche, au contraire, le lâcher-prise, la confiance et l’humilité… il nous invite à être « comme des enfants » (Mc 10,14), c’est-à-dire simples, disponibles, ouverts, libres et confiants pour accéder au Royaume… à la présence du Père – de Dieu – dans notre intériorité.

Lui-même abandonne tout et se met pleinement au service des autres, en apportant guérison et libération à ceux qu’il rencontre, en luttant contre l’exclusion et pour la justice – quitte à s’opposer au pouvoir religieux de son temps.
Il se bat avec les armes de la foi et de l’amour, pour apporter la Bonne Nouvelle au monde… pour ouvrir la possibilité de regarder autrement la vie et les autres, non comme des rivaux ou des concurrents à dominer, mais comme des frères à accueillir, à aider et à aimer. Il est prêt à donner sa vie pour proclamer cet Evangile et il annonce ici, pour la troisième fois, sa mort prochaine.

Mais, voilà qu’au moment de l’annonce de sa passion, deux de ses disciples paraissent totalement à côté de la plaque : non seulement, ils semblent inconscients et insensibles (voire indifférents) aux souffrances et au martyre à venir que Jésus annonce, mais au lieu d’écouter leur maître et son message, ils pensent à leur ego, à leur « petite personne » et s’interrogent sur leur avenir. Ils ambitionnent la gloire dans le Royaume à venir… des places de choix : les premières places pour eux-mêmes, les disciples de la première heure.

En relisant cette page de l’évangile, on peut être consterné du manque de compréhension des disciples. Ont-ils véritablement perçu la portée du message de Jésus ? Comment se fait-il qu’ils soient à ce point égocentriques et ambitieux, alors que leur maître pressent sa mort prochaine ? On voit – à travers eux – combien l’être humain est instinctivement – ou plutôt, culturellement – à l’envers de l’Evangile : Jésus parle de disponibilité, de don de soi et de service, mais ils restent cantonnés dans leur préoccupation égocentrique et leur désir de pouvoir.

D’ailleurs, les choses n’ont pas vraiment changé aujourd’hui : loin de s’être mis à l’écoute du message de Jésus, les hommes du XXIe siècle et beaucoup des politiques qui les gouvernent ont choisi de rester dans le monde ancien dont le Christ annonce la ruine programmée (cf. Mt 13).
Les évènements récents le montrent : l’entêtement des hommes dans la voie de la possession, du pouvoir, de l’argent… continue à faire des ravages partout sur notre planète : peur, pauvreté, misère, guerre, terrorisme, destruction de l’environnement… ne sont que le reflet de la soif de pouvoir et de domination économique et politique d’une minorité sur le plus grand nombre.

Après avoir semé le désordre au Moyen-Orient, les pays occidentaux récoltent les fruits amères des mauvaises herbes qu’ils ont dispersé ici ou là, en passant des accords économiques et politiques avec des pays et des partenaires douteux, comme l’Arabie Saoudite (sponsor officiel du salafisme sunnite)… des pays qui ne respectent ni les droits de l’homme, ni le pluralisme, ni les valeurs démocratiques. Mais quand il s’agit de défendre des intérêts commerciaux ou nationaux, on est parfois prêts à tous les compromis, pour vendre des armes et des « rafales », ou pour obtenir du pétrole, en vue de maintenir notre croissance économique.

Après avoir semé la zizanie et favorisé indirectement (et sans doute inconsciemment) la montée des extrémistes, il ne faut pas s’étonner que le désordre nous atteigne un jour… et que des fanatiques viennent se venger et terroriser nos populations, en remettant en question nos choix de société et nos valeurs.
Les crises économiques, environnementales et géopolitiques (pour ne pas dire « terroristes ») qui nous secouent actuellement ne sont que des conséquences de cette mentalité de domination que Jésus récuse.

Cette mentalité, c’est encore ici celle de Jacques et Jean… et même des dix autres apôtres qui s’insurgent et s’indignent contre eux, mais qui cachent, en réalité, exactement le même désir d’accéder aux premières places.

Et le pire, c’est qu’on croit – une nouvelle fois, aujourd’hui encore – que la voie de la violence et des armes – (On parle de « guerre », au nom de la liberté et des valeurs de la République, contre l’obscurantisme des fondamentalistes) – pourra mettre un terme et faire taire la violence qui nous assaille… violence qui n’est que le miroir de la violence que nous-mêmes – occidentaux – avons infligée à autrui en Afghanistan, dans le Golfe, en Irak ou en Syrie… ou celle que nous laissons croître dans les quartiers difficiles et les cités abandonnées de tous.

Mais si nous voulons réellement changer les choses… et avoir un autre avenir… il est temps de nous mettre à l’écoute de l’Evangile. Car, assurément, la voie de la domination et de la violence est une voie mortifère… une impasse. Nous devons en être conscients !
C’est malheureusement celle qu’a choisie notre gouvernement, en décidant de s’aligner sur la politique des Etats-Unis... (confondant la nécessité légitime d’assurer la sécurité et de protéger notre territoire, avec un interventionnisme et une ingérence – en réalité, illégitimes – dans des pays tiers, sur lesquels nous déversons nos bombes en toute impunité… et même avec la « bonne conscience » des puissants… de ceux qui prétendent faire régner l’ordre et la justice.)

Notre passage de ce jour est donc éminemment d’actualité. Et il est bon de le réentendre et de nous y arrêter quelques instants :

* Tout d’abord, Jésus se dirige vers Jérusalem, pour un affrontement final avec les adversaires de son message de salut. Il annonce sa passion : « Le Fils de l'Homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux païens » (v.33)

« Le Fils de l'Homme va se heurter aux maîtres jérusalémites de la religion. Le Fils de l’Homme […] c’est tout citoyen [du Royaume], du monde nouveau de Dieu. C’est donc en premier lieu Jésus lui-même.
Les grands prêtres, ce sont les membres des grandes familles sacerdotales […] Ce sont donc les responsables de tout ce qui est du domaine du rite dans la religion juive.
Les scribes, quant à eux, sont les spécialistes de l’interprétation des livres saints. Ce sont les maîtres de la doctrine.

L'affrontement qui se prépare va donc mettre face à face deux modèles différents de la relation avec Dieu - deux modèles inconciliables :

- Du côté des maîtres de la religion, on fait valoir sans nuance les droits de Dieu : le droit au culte, le droit de réglementer la vie des fidèles par des prescriptions comme celle du sabbat ou, comme les règles de pureté. [On pense que la relation à Dieu doit passer par des sacrifices, pour obtenir le pardon ou les bonnes grâces de Dieu.]
- Du côté de Jésus, l’ambassadeur du monde nouveau, on se réfère, au contraire, à un Dieu qui cherche d’abord à sauver le monde et s’efforce d’éveiller [notre conscience et] notre sens de la responsabilité, un Dieu qui appelle, qui encourage, qui insiste parfois, mais qui refuse absolument d’exercer la moindre contrainte. Il veut que son seul pouvoir soit celui de sa parole et de son amour.
D’un côté la loi, de l’autre la confiance ».

Jésus va délibérément à la rencontre de cet affrontement inévitablement mortel pour lui. Pour quelle raison ?

En réalité, sauf à se dérober de sa mission, il ne peut plus reculer.
Jésus est porteur de l’Evangile, c’est-à-dire de l’unique message de salut collectif (ou « universel ») pour notre monde.
Pour prouver la vérité de l’Evangile de la non-violence et de la non-domination, il doit la maintenir sans faiblir jusqu’au bout, jusqu’à la mort s’il le faut, sans utiliser aucun des moyens de contrainte dont disposent ses adversaires.

En marchant ainsi vers Jérusalem, Jésus incarne la figure du « Juste » humble et souffrant dont parle le livre d’Esaïe. Dans ce livre prophétique (cf. Es 53 / voir aussi Es 50, 4-11)[2] le « serviteur du Seigneur » est celui qui reste fidèle à Dieu envers et contre tout, éventuellement jusqu'à la persécution, et s’il le faut jusqu’à la mort.
Tel ce serviteur, Jésus monte à Jérusalem prêt à y laisser la vie, enraciné dans la confiance et l’assurance que Dieu n’a jamais laissé tomber et ne laissera jamais tomber celui qui est fidèle et juste. C’est pourquoi il achève ainsi son avertissement aux disciples : « ils le flagelleront, ils le tueront et, trois jours après, il se relèvera » (v.34).

On ne sait pas trop comment les disciples ont réagi à cette annonce. Mais ce que nous laisse entendre l’Evangile, c’est un malentendu… c’est une requête incongrue de Jacques et Jean… qui attendaient sans doute – malgré tout – une sorte de victoire politique de leur maître[3] :
« Quand Jésus, le Messie, prendra le pouvoir après sa victoire finale, ils aimeraient bien être admis à siéger à ses côtés ». Ils ne veulent pas seulement les places d’honneur, mais carrément « avoir accès aux postes d’autorité ». Ils veulent devenir « les lieutenants du Messie vainqueur ».

Leur appétit de pouvoir montre à quel point ils sont loin des préoccupations de Jésus et de son message de salut.
« Certes, dans notre monde, détenir au moins une parcelle de pouvoir est considéré comme quelque chose d’essentiel, comme un atout indispensable au succès - pour ne pas dire au salut. Mais le pouvoir est quelque chose de complètement étranger au monde nouveau de Dieu ». C’est la raison pour laquelle Jésus leur répond « Vous ne savez pas ce que vous demandez » (v.38).

L’essentiel, pour Jésus, n’est pas de disposer d’un quelconque pouvoir, mais de savoir si ses disciples sont prêts « à assumer l’épreuve éventuellement mortelle de l’hostilité des adversaires de l’Evangile.

Jésus use de deux images pour le leur demander. Il y a d’abord l’image de la coupe à boire, coupe qui symbolise précisément l’épreuve mortelle à affronter[4]. La seconde image est celle d’un baptême [qui représente une plongée dans les eaux inconnues,] une immersion complète dans un torrent qui déborde[5]. Dans ce cas-là aussi on voit bien que l’épreuve peut être mortelle.

Courageusement - ou plus probablement inconsciemment - les deux disciples se disent prêts ­affronter l’épreuve redoutable qui attend les témoins de l’Evangile. Et Jésus leur fait crédit. […]
Jacques et Jean « boiront donc la même coupe que Jésus », mais le martyre auquel ils se disent prêts ne leur garantit absolument pas en récompense un quelconque honneur ou quelque poste de pouvoir lors de l’avènement triomphal du Messie.
En leur disant : « il ne m'appartient pas de l’accorder, ce sera pour ceux à qui cela sera préparé », Jésus les avertit qu’il n’est pas là pour ça […] Lui-même n’a pas reçu mission d’en décider et ne la revendique pas ».

La réaction des autres disciples furieux et indignés, et sans doute un peu jaloux – mais qui fondamentalement ne pensent pas autrement – ne se fait pas attendre[6]. Mais Jésus y apporte une réponse claire :

« Veut-on savoir ce qu’est ce pouvoir tant convoité ? Il suffit de considérer le monde des humains. Vous le savez, dit Jésus, ceux que l’on regarde comme les chefs des nations font peser sur [les peuples] leur domination. Et les grands exercent sur [eux] leur autorité (v. 42). […] [Pour Jésus] le pouvoir que [ces prétendus chefs] exercent, c’est un pouvoir qui va de haut en bas, un pouvoir qui pèse sur les assujettis, un pouvoir qui impose […] qui décide pour les autres, un pouvoir qui les considère comme des mineurs incapables […] qui prétend penser et décider pour tous, un pouvoir qui tue la responsabilité.

Jésus a l’air de laisser au domaine politique la responsabilité de tels choix. Mais il y a un domaine où il ne peut pas être question de laisser s’installer ce genre de situation : c’est la communauté des disciples : Il n’en est pas ainsi parmi vous.
C’est d’abord un constat : parmi les disciples, Jésus n’est pas celui qui exerce un pouvoir. Mais c’est aussi une règle pour la vie de la communauté qui se réclame de Jésus : il n’en est pas ainsi parmi vous ! […]

[Autrement dit] dans la communauté des disciples de Jésus [l’échelle des valeurs du monde se trouve renversée], il n’y a pas de place pour des structures de pouvoir. Il n’y a de place que pour des structures de service.
La vraie grandeur, selon Jésus, c’est de servir. Le vrai pouvoir, c’est de servir.  Hélas, […] on en est loin dans notre monde.

Sans revenir au domaine politique, qu’on a déjà suffisamment égratigné aujourd’hui, on voit bien, par exemple, que les [grandes] entreprises s’assignent comme objectif prioritaire non pas du tout de servir ceux qui ont besoin d’elles, ou ceux qui travaillent pour elles, mais de gagner toujours davantage, même si c’est aux dépens du personnel ou des clients.
[Même lorsqu’on parle de qualité de service, on sait pertinemment que cette qualité est un moyen au service de la quantité, c’est-à-dire du but : de la rentabilité, du profit].
C’est une des grandes des grandes raisons pour lesquelles tant de choses vont mal dans notre monde : on a choisi le pouvoir [et l’argent] plutôt que le service [et le don de soi]. »

Tout cela est peut-être lié à notre image de Dieu : N’avons-nous pas imaginé Dieu comme un prince ou un roi qui règne avec puissance et gloire sur son trône du haut du ciel ? N’avons-nous pas fait de Dieu, une sorte de Mammon à imiter ?
Or, le Dieu de Jésus-Christ n’a rien à voir avec cette image fabriquée de dieu, qui n’est que la projection de notre désir de toute-puissance.

Bien différemment, Jésus nous parle d’un Dieu qui agit comme un Père bien-aimant et bienveillant… un Dieu gratuit et accessible, qui est relation et pardon… un Dieu de vie et d’amour qui agit imperceptiblement par son Esprit… pour souffler un vent de lumière, de guérison et de liberté dans l’intériorité des êtres vivants.

Ainsi donc, quand Jésus met en avant l’être et le don de soi, on voit bien comment l’Evangile est un vrai message de salut :
Contre la course au pouvoir et à l’avoir… qui est la voie d’un salut individuel et égocentrique, uniquement accessible à ceux qui sont en capacité de se battre et de mériter leur place et leur gains… mais qui laisse tous les autres sur le carreau… et qui s’avère mortifère pour les relations humaines et la planète… Jésus propose la voie d’un salut collectif, ouvert à tous… un salut qui passe par le service du prochain.

Lui-même vit selon ce mot d’ordre : Le Fils de l'Homme, dit-il, est venu non pour se faire servir ; mais pour servir (v.45).
Non pas se servir, ni se faire servir, mais servir : voilà, sans doute, en quoi consiste le « changement de mentalité » auquel Jésus appelle ses auditeurs (cf. Mc 1,15). Voilà un des secrets du monde nouveau de Dieu.

Et Jésus ajoute : Le Fils de l’homme est venu […] pour donner sa vie en rançon pour plusieurs / pour la multitude (v.45), c’est-à-dire pour tous les humains.

La notion de « rançon » signifie le paiement d’un certain prix pour la délivrance des prisonniers, pour la libération d’esclaves.
Ce prix que Jésus va payer, c’est sa propre vie qu’il accepte et assume de donner, pour libérer les humains de leur aveuglement.

Or, ce message a souvent été mal interprété. Certains ont lu cette « rançon » comme le prix versé à Dieu pour que l’humanité soit délivrée de la malédiction que Dieu aurait fait peser sur elle. Comme si la mort de Jésus avait été un sacrifice exigé par Dieu pour que les humains puissent être pardonnés.
Disons-le tout de suite : Cette façon de voir ne s’intègre pas du tout à l’image du Dieu de grâce, compatissant et plein d’amour, que Jésus présente lui-même dans ses sermons.
Par ailleurs, elle donne une image de Dieu tout à fait dérangeante : Quel est donc ce « dieu » qui aurait besoin d’un sacrifice, d’une contrepartie ou d’un marchandage pour accorder son pardon ?… Dieu serait-il un « être » pervers, manipulateur et morbide qui se satisferait du sang de son fils ? On voit bien les limites de ce type d’interprétation qu’on retrouve pourtant dans un certain nombre d’Eglises, aujourd’hui encore.

D’autres ont compris cette « rançon » comme le prix versé au diable pour libérer les hommes… le diable qui par la suite serait dupé par Dieu, qui ressuscite son fils.
Cette interprétation ne tient pas non plus. Elle fait du diable un être personnifié, aussi important que Dieu, et du monde une réalité soumise à un dualisme manichéen et caricatural.

Non… en réalité… si Jésus paie un prix – par le don de sa vie – c’est à nous, les humains, qu’il le paie !
« Face à l’opposition implacable que rencontre son message de salut pour l’humanité, il lui restait un double choix possible :

Il aurait pu tout simplement renoncer […] [ne pas monter à Jérusalem et fuir comme l’ont fait ses disciples]. Mais alors, […] c’en aurait été fini pour toujours du moindre espoir de salut pour nous autres humains.
C’était nous condamner à continuer de tourner en rond, en espérant nous sauver chacun de son côté, par toujours plus d’avoir et plus de pouvoir.

L’autre choix pour Jésus, c’était de maintenir coûte que coûte que l’Évangile est seul efficace pour le salut de l’humanité tout entière. C’était continuer coûte que coûte à y croire, pour que d’autres, à l’avenir, puissent y croire à leur tour ; pour que l’Évangile ne soit pas étouffé, mais qu’il puisse continuer d’être offert à notre monde pour son salut.

Seulement, maintenir ainsi la vérité de l’Évangile exigeait de Jésus qu’il ne se dérobe pas, mais que, tel le Juste […] [du livre d’Esaïe], il fasse front contre l’opposition, et qu’il accepte éventuellement d’être physiquement vaincu par ceux qui détenaient l’avoir et le pouvoir. C’est cela que Jésus a choisi. Il s’est sacrifié, mais c’est à nous qu’il l’a fait ! »

Ainsi, Jésus est resté jusqu’au bout fidèle à sa Parole. « Il nous a montré par sa vie et par sa mort qu’il était venu non pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour tous les humains (v.45). La vérité de son message de salut lui a paru plus importante que sa propre vie. On sait alors jusqu’où il a poussé l’amour ». Jésus nous a aimés jusqu’au bout.
C’est une réalité qui doit sans cesse éveiller notre conscience, car en même temps qu’elle révèle l’amour du Christ pour nous et le projet de Dieu pour l’humanité, elle met à nu les conséquences mortifères de ce monde ancien (menée par la logique de la domination), qui, depuis 2000 ans, continue à faire tant de ravages !

Il nous revient donc, à nous les disciples du Christ, d’entrer dans cette nouvelle mentalité et ce Royaume auquel Jésus nous appelle.

Inlassablement, Jésus nous invite à le suivre, à nous enraciner dans le don de soi et la gratuité… dans l’assurance qu’il n’y a pas d’autre voie de salut pour notre humanité que celle du service.

Amen.




[1] Jean Marc Babut, Actualité de Marc, Cerf, p.219-224.
[2] Cf. Les « chants du serviteur » : Es 42,1-9 ; 49, 1-7 ; 50,4-11 ; 52,13-53,12.
[3] Peut-être une restauration nationale du type d’un messianisme temporel.
[4] Le calice est celui des souffrances, une image des textes prophétiques et en particulier chez Jérémie (Jr 25, 15 ; 49, 12 ; 51, 7 ; Lm 4,21), qui, à l'origine, indiquait la coupe de la colère divine (celle que Jérusalem a dû avaler avec l'exil), mais qui dans le judaïsme ultérieur indiquera le martyre, perdant ainsi toute connotation de punition.
[5] Le baptême est compris métaphoriquement comme une immersion dans la mort du Christ ou une participation du disciple à la mort – et la résurrection – du Messie (Mc 10, 38- 39 ; voir Rm 6, 3 s.).
[6] La pieuse indignation des autres disciples cache mal le fait qu’eux aussi ont des visées de gloire et de succès. Les dix autres ne sont pas différents : ils protestent, mais c’est parce qu’ils s’indignent d’une prétention qui les amoindrit. Ce n’est pas juste – pensent-ils – que ces deux là soient au-dessus de nous ! Ils réagissent dans la même perspective qui place le pouvoir au-dessus de tout.

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