lundi 15 juillet 2013

Marcher par l'Esprit (Ga 5, 16) ... devenir un bon arbre (Mt 7, 17)

Marcher par l’Esprit pour accomplir les fruits de l’Esprit (cf. Ga 5, 16-25)
Devenir un bon arbre pour produire de bons fruits (cf. Mt 7, 15-20)

Lectures bibliques : Ga 5, 13-17.24-25. 6, 8-10 ; Mt 7, 1-5.13-24.
Volonté de Dieu : Ga 5, 16 + Rm 8, 5-16 
Thématique : marcher par l’Esprit … pour sortir du jugement … pour trouver le chemin de la relation à l’autre et du bonheur partagé… pour se laisser transformer par Dieu et devenir « un bon arbre » afin de « produire de bons fruits ».
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 14/07/13.

On dit parfois que "l’amour rend aveugle".
L’évangile nous dit autre chose : que "le jugement rend aveugle".  
« Juger rend aveugle, l’amour ouvre les yeux » (Bonhoeffer)[1].

« En jugeant [l’autre] – dit le théologien, Dietrich Bonhoeffer –  je suis aveugle à l’égard de mon propre mal, et de la grâce qui s’adresse à l’autre ».
En revanche, dans la foi, dans l’amour du Christ, Crucifié et Ressuscité, je suis au courant de ma faute, de la part de mal qui m’incombe. J’accepte de me reconnaître pécheur et de me placer sous la grâce de Dieu, pour recevoir son pardon et vivre une vie nouvelle.

L’amour de Dieu nous permet d’ouvrir les yeux sur notre propre situation, sur notre condition humaine. 
Il place tous les hommes sous la croix du Christ… sous la même croix, qui vient mettre à nu le péché de l’homme qui veut vivre de ses seules forces, par lui-même, par son avoir et son pouvoir, sans Dieu.
Et, il vient dévoiler le fait que cet homme pécheur, est aussi gracié par Dieu, justifié par son amour, indépendamment de ses actes ou ses mérites… et appelé à vivre quelque chose d’autre… une existence nouvelle… sous le regard de Dieu.

L’amour voit l’autre tel qu’il est… à la fois, pris dans les méandres du mal et libéré par Dieu, ouvert à la nouveauté.
Et c’est la raison pour laquelle Jésus nous invite à ne pas juger.
Car nous ne sommes pas différent de notre voisin, de notre prochain… de notre ennemi ou de notre concurrent. Nous sommes, nous aussi, des pécheurs, des co-créateurs potentiels du mal, comme nous pouvons être des co-créateurs de la justice de Dieu, lorsque nous agissons dans la dynamique du Royaume.

Dans la réalité… tout cela n’est pas si simple… et il nous arrive bien souvent de juger autrui. Il faut nous demander ce qui nous motive dans cet acte ?
Est-ce le désir de pointer le mal, en vue de le réduire, de l’éliminer ou de le surmonter ? Ou est-ce une manière de se mettre à distance de l’autre, pour se mettre en avant et se valoriser, par orgueil, supériorité ou surestimation de soi ?

Parfois, nous jugeons une situation de souffrance ou d’injustice parce qu’elle est choquante. Et nous avons raison de la dénoncer.
Mais parfois, nous jugeons des personnes, et nous participons involontairement à ce qui est de l’ordre du dénigrement (parfois même de la médisance)… de ce qui réduit l’autre à sa faute… et risque de l’enfermer dans la culpabilité… parce que l’autre vient, en réalité, toucher un point sensible, atteindre ce qui constitue justement une faille en nous.

Ainsi… au lieu de se couper des autres en les regardant de haut… Jésus nous appelle d’abord à nous examiner personnellement, afin de déceler le mal là où il risque de nous atteindre en premier lieu.
C’est en ce sens que Bonhoeffer écrit :
« Si, en jugeant, ce qui m’import[ait] réellement était l’anéantissement du mal,  je [devrais plutôt commencer par moi-même, et] chercher le mal là où il me menace réellement : en moi-même. »
Car le mal qui menace est avant tout à cette place…. en moi-même… lorsque je n’écoute que mon désir égoïste de toute-puissance, d’auto-satisfaction ou d’auto-justification, de mainmise sur l’autre ou de convoitise.

Nous savons, en effet, tous que l’homme vit sous l’emprise d’un désir contradictoire… d’un désir qui n’est pas limpide.
C’est ce que Paul exprime lorsqu’il parle d’une vie sous l’empire de la chair ou sous le règne de l’Esprit (cf. Rm 8, 1-17 ; Ga 5, 13-25).

De quoi s’agit-il exactement avec cette expression, qui semble indiquer deux manières opposées de vivre : une vie sous la chair ou une vie sous la conduite de l’Esprit de Dieu ?

La vie sous la chair, c’est une vie où je prétends me réaliser par mes seules forces, en toute indépendance, sans l’Autre.
C’est l’homme livré à lui-même… dans une vie tournée sur soi, recroquevillée dans la satisfaction de ses désirs égoïstes, de son avantage personnel … sans préoccupation du prochain.
C’est le style de vie orienté par la course à l’avoir et au pouvoir, par lesquels je crois pouvoir me réaliser pleinement par moi-même, et atteindre une forme de bonheur : celle de la jouissance du plein, de l’accumulation, de la possession.

C’est, par exemple, ce qui se joue au début de la parabole du fils prodigue (cf. Lc 15, 11-32), lorsque le jeune homme – dans son désir liberté qu’il confond avec une indépendance radicale – part loin de son père, afin de profiter, seul, de sa part d’héritage.

A vrai dire, il me semble que c’est ce style de bonheur – de faux bonheur, de fausse promesse – que nous vend la société d’aujourd’hui, en déployant des attraits individualistes et consuméristes.

Et il faut dire que la situation que nous traversons en ce moment en Europe, avec la crise de la croissance, montre que cette forme de bonheur auquel on continue à s’accrocher coûte que coûte, est, à la fois, intenable sur la durée et source de nombreuses injustices, dans la mesure où ce style de vie orienté vers la chair (pour reprendre le langage de Paul) ne se soucie guerre du sort de l’autre… des plus petits…. de ceux qui n’ont pas la capacité d’acheter ce bonheur…. faute d’argent et de moyens.

Au contraire, la vie sous l’Esprit, c’est autre chose. C’est une vie qui accepte de se laisser orienter par un Autre, qui tourne son regard vers l’extérieur… vers l’Evangile, pour se laisser guider par le Christ… vers la beauté de la création pour rendre grâce au Créateur… vers le prochain, le voisin (qui parfois vit dans la solitude ou la misère) pour vivre dans l’amour (cf. Ga 5, 22), la solidarité et la fraternité.

C’est une vie où je ne me considère pas tout-puissant, auto-suffisant et indépendant, mais inter-dépendant, dépendant de la grâce de Dieu et de l’amour du frère.
C’est une vie où je ne peux pas prétendre grandir et de me construire seul, sans que cela ait une influence sur mon voisin, sans me soucier de lui.
En bref… c’est une vie où j’accepte le règne d’un Autre – de Dieu – car je suis confiant en son amour bienveillant pour les hommes.

C’est en ce sens, qu’on peut comprendre l’expression utilisée par Paul dans son épître aux Galates (cf. Ga 5, 16) lorsqu’il nous invite à « marcher par l’Esprit ».
Il s’agit d’accorder notre manière de vivre avec les projets de l’Esprit pour nous… de laisser l’Esprit saint diriger notre vie… en adhérant aux projets de Dieu pour nous, en désirant les voir ses réaliser.
C’est d’ailleurs, ce que nous proclamons dans la prière du Notre Père : « que ton règne vienne… que ta volonté soit faite » (cf. Mt 6, 10).

En voyant cette semaine un reportage sur Arte… un documentaire alarmant sur ce qui se joue au niveau industriel et écologique aux Etats Unis…. Je crois avoir trouvé une illustration… à vrai dire, l’exemple même de ce qui se joue entre ces deux style de vie que Paul oppose : Le règne de la chair, par lequel l’homme veut s’auto-suffire et s’auto-justifier, et le règne de Dieu, accessible à celui qui place sa confiance à la suite du Christ et qui agit selon les valeurs de l’Evangile du Royaume.
                                                                 
En ce moment, et depuis plusieurs années, certains états d’Amérique du Nord sont en train de vivre une véritable crise écologique, dont d’ailleurs personne ne parle.
Avec l’exploitation des gaz de schistes, en vue de ne plus dépendre énergétiquement des pays producteurs de pétrole, les dirigeants des Etats Unis (sans doute sous la pression des Lobbies des groupes industriels) sont en train de polluer un nombre considérable de rivières et de cours d’eau et de causer le malheur de centaines de milliers de personnes, qui subissent les effets de cette pollution terrible sur leur état de santé. (Ce qui se traduit, par des maladies, des cancers, dus à une atmosphère devenue irrespirable et, surtout, à des puits pollués, par les produits chimiques utilisés dans le processus de fracturation hydraulique).

Au-delà des aspects technologiques de l’exploitation des gaz de schistes qui conduisent à cette pollution, sans doute irrémédiable, ce qu’il faut analyser, c’est le discours sur les raisons (le pourquoi) d’une telle exploitation.
C’est très simple. La motivation, c’est l’indépendance énergétique (Mieux vaut produire chez nous, que d’importer… que de dépendre du pétrole des autres).
Alors, au lieu d’accepter de dépendre d’autres pays, au lieu de transformer notre mode vie (notre manière de vivre occidentale… inappropriée pour 7 milliards d’individus), au lieu de penser différemment en réduisant la voilure énergétique, en pensant autrement que par cette prétendue croissance économique, on préfère ne rien changer : continuer à vouloir accaparer les ressources et les richesses naturelles, pour vivre indépendants, faire du profit et gagner davantage.
Et pour vendre le procédé… on fait même peser la menace terroriste (On ne veut plus dépendre des pays du Moyen Orient… c’est trop risqué)… afin de justifier l’injustifiable.

Ce qui se joue dans cette histoire me semble symptomatique d’une vie sous l’empire de la chair, pour traduire, dans notre actualité du 21siècle, le langage de Paul.

Et si on voulait également reprendre les mots de Jésus : « c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez (…) Tout bon arbre produit de bon fruits, mais l’arbre malade produit de mauvais fruits » (cf. Mt 6, 16s)… on s’apercevrait bien vite que cette manière de penser –
que l’on tente d’imposer partout – est devenue dominante en occident… et qu’elle ne laisse que des fruits pourris à nos enfants.

Il faut en prendre conscience ! Nous ne pouvons plus continuer à penser comme cela. Notre mode de vie individualiste et consumériste, non seulement ne conduit pas au bonheur – on n’a jamais autant consommé de médicaments antidépresseurs dans les pays occidentaux qu’au 21e siècle – mais en plus, il produit des fruits empoisonnés pour nos enfants.

Il ne s’agit pas ici de juger des personnes – Jésus nous dit bien de « ne pas juger », tout simplement parce que nous faisons partie de cette commune humanité, à la fois, impactée et responsable de ce qui arrive aujourd’hui (du fait de notre mode de vie irresponsable pour la planète).
Mais juger une situation, ce n’est pas juger des personnes.
Il nous faut pointer le mal de cette situation. Dire « mal » ce qui est « mal »… pour sortir de la confusion.
Nous sommes tous – et chacun, personnellement – appelés à une conversion, à un retournement.
Nous sommes appelés à devenir de bons arbres, pour laisser une terre habitable et fructueuse pour nos enfants.

Dans cette perspective… je crois que vivre sous l’Esprit, c’est accepter de se laisser transformer par l’amour de Dieu.
Jésus a cette prétention de nous changer… de nous libérer de nos conditionnements, de nos enfermements.
Et c’est ce qu’il a véritablement accompli en tant que porteur de l’Esprit de Dieu, en tant que Parole de Dieu : Il a semé l’amour de Dieu, afin de transformer ceux qu’il a rencontré, afin de faire d’eux… afin de faire de nous…  de « bons arbres ».

Commencer à l’écouter… c’est commencer à s’interroger, de façon lucide, sur notre situation – sur notre monde et sa folie.
Cela commence par un aveu, un acte de reconnaissance.
Cela implique d’accepter d’ouvrir les yeux sur l’impasse dans laquelle se trouve notre civilisation. Nous devons changer de mentalité et de manière de voir les choses.
Et il me semble que cela doit passer par un changement au plus petit niveau : au niveau individuel et local…. à ce niveau où nous sommes concernés.

Pour ce faire… peut-être pouvons-nous commencer, ce matin, par prendre quelques minutes, pour réfléchir à ce qui compte, à nos priorités : Qu’est-ce qui est vraiment important pour nous dans la vie ? Qu’est-ce qui nous rend véritablement heureux et vivants dans notre existence ?

Pour tenter une réponse…. et pour ne pas parler du bonheur de façon théorique… mais empirique…  et sans faire étalage de ma vie privée… je voudrais vous faire partager, en quelques mots, ce qui moi, me rend heureux.
Peut-être y trouverez-vous quelque chose qui vous correspond.

Ce qui me rend heureux, ce n’est pas ce que la société me vend comme l’apanage, le « top » du bonheur : consommer, faire les soldes, acheter la dernière voiture, la dernière tablette ou le dernier article à la mode… et recommencer la même chose deux ans plus tard… parce que la publicité m’a convaincu que j’ai besoin de nouveautés matérielles, pour profiter davantage de la vie.
Certes, je ne veux pas « cracher dans la soupe ». Je suis content de vivre avec un minimum de confort, d’avoir une bonne voiture et un bon ordinateur. Mais, tout cela, ce n’est pas un but dans ma vie, c’est simplement un moyen de pouvoir communiquer, de vivre des relations sociales.

Non… ce qui me rend vraiment heureux, c’est de partager des relations humaines épanouissantes, avec mon épouse, mes enfants, ma famille, mes amis, avec vous, chers paroissiens… Ce qui me rend heureux, c’est d’occuper la juste place, quand je suis à l’écoute de l’un ou de l’autre dans une visite, quand je suis à l’Entraide et que je peux rendre service ou aider une personne en difficulté, quand je partage des moments de réflexion avec l’un ou l’autre… quand je suis confronté à des questions importantes ou des situations qui me font réfléchir et évoluer… quand je lis un livre intéressant qui m’interpelle et qui m’aide à avancer… ou encore, quand je fais de la marche ou de la photo, car je peux admirer les beautés de la création et dire au Seigneur combien son œuvre est magnifique… ou encore, si j’avais le temps, ce qui me rendrait heureux, ce serait d’avoir un potager ou un verger, pour recevoir ce que la nature m’offre… avec un peu de travail… sans la polluer ou l’exploiter à outrance…. pour faire la cuisine à ceux que j’aime.

Voilà ce qui me rend heureux… c’est finalement très simple… et je crois que je suis loin d’être le seul à penser ainsi.
Il ne s’agit pas d’un bonheur qui me donne plus d’avoir ou de pouvoir, mais du vrai bonheur de vivre en relation avec les autres, d’avoir le sentiment de chercher ce que Dieu veut pour nous avec les autres…. en me confiant à lui… en essayant d’avancer et de progresser un petit peu chaque jour, grâce à Lui et grâce aux autres.

Dans cette recherche… et ce style de vie… fort simple… il me semble que ce n’est pas moi qui fait mon bonheur tout seul… - ce bonheur égoïste et solitaire, en réalité, ça n’existe pas - … mais c’est grâce à tous ces instants partagés, ces relations partagées… que ma vie prend du relief, de la saveur et du sens. Elle est guidée par un Autre, qui m’appelle à le chercher, à chercher sa volonté comme une préoccupation ultime (cf. Tillich)… à chercher son royaume et sa justice, comme le dit l’Evangile (cf. Mt 6, 33).

Mais dans ce cheminement… je dois dire qu’il y a aussi un certain nombre de choses qui viennent gâcher le paysage… et c’est pour cela qu’un bonheur égoïste ne peut pas vraiment être un bonheur.
C’est vrai… j’ai tout pour être heureux… Mais comment être véritablement heureux, quand d’autres, autour de moi, vivent dans la précarité et la misère… Comment être heureux devant le gâchis humain partout sur terre de personnes qu’on laisse vivre, survivre ou crever dans des conditions inhumaines, parce que les plus riches ou les gouvernants de ce monde ne se sentent pas concernés ou impuissants à agir… tant ils sont attirés par les sirènes de Mamon[2] et peu enclin à porter attention à l’autre.

Comment être heureux si autour de moi d’autres sont malheureux, écrasés par la souffrance, la maladie, la solitude ou la culpabilité…
Comment être heureux aujourd’hui, sans penser à demain, à cette terre en souffrance, cette mer exténuée qu’on laisse à nos enfants…
En réalité, je ne peux pas être pleinement heureux devant le spectacle… devant la misère de ce monde, qui pourrait être tellement différent s’il laissait résonner l’Evangile du Royaume, s’il écoutait la Parole de Dieu.

Alors, qu’est-ce que je peux faire ?

Je peux certes continuer à vivre les quelques moments heureux dont je parlais à l’instant… ils sont précieux. Mais je ne peux certainement pas les vivre sans penser aux autres, dans l’indifférence, en baissant les bras, comme si de rien n’était.
Je suis peut-être un individu seul… face au monde… mais je ne suis pas isolé… je peux faire jouer mon réseau relationnel.
Je peux prier, je peux agir, je peux modifier mon comportement, je peux manifester… essayer d’agir localement, autour de moi… dans ma ville ou sur Internet.

Mais… avant tout… je peux commencer par moi… commencer par changer… en essayant de devenir « ce bon arbre » dont parle Jésus… non pas par moi-même, par mes propres forces, mais en vivant dans la confiance… et en changeant de manière de vivre, de façon plus sobre, plus respectueuse du travail des autres et de la nature.  
Puis je peux témoigner, parler, discuter avec d’autres, pour que grâce à l’Evangile du royaume, ils ouvrent un peu mieux leurs yeux, pour qu’ils changent de regard sur la vie et sur le monde, pour qu’ils acceptent de se laisser transformer par cet Evangile.

Je peux essayer de vivre dans la lumière … non pas ne me prenant pour une lumière, certainement pas !… mais en laissant scintiller en moi la petite lumière de l’Evangile, afin que cette lumière brille pour d’autres (cf. Mt 5, 14-16)… pour qu’à leur tour, ils se laissent orienter et construire par Dieu… pour qu’ils contribuent à un changement de mentalité plus vaste, où l’homme n’est plus guidé par l’avoir et le pouvoir, mais par l’être, le désir « d’être en relation » : car c’est là, en réalité, ce que nous cherchons tous dans la vie : être en harmonie, en communion avec Dieu, avec soi-même et avec les autres.

En bref… comme le dit la règle d’or dans le sermon sur la montagne, je peux commencer à agir… je peux prendre l’initiative du changement, sans attendre que les autres fassent le premier pas :
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes [faites-le d’abord] pour eux (…) » (Mt 7, 12) : voilà ce à quoi Jésus nous appelle, en tant que disciples du Royaume… artisans du règne de Dieu.

En même temps…. chers amis, frères et sœurs… il nous faut comprendre que ce que demande Jésus ne se limite pas à un « faire »…. mais à un « devenir » : Jésus nous appelle à devenir des êtres nouveaux. Et c’est sur ce point que j’aimerais conclure :

Jésus ne demande pas d’abord à ses disciples de porter de bons fruits, mais de devenir de bons arbres.
Quand l’arbre se sera laissé transformé, quand l’arbre sera devenu bon, quand l’homme aura changé de mentalité et de manière de vivre… alors seulement… il pourra produire de bons fruits (Mt 7, 15-20).

Les œuvres justes sont requises (Mt 7, 21-23), mais elles ne peuvent être que la résultante d’un processus de transformation, qui consiste d’abord à accueillir la Parole et à vivre à la suite du Christ, pour devenir cet être nouveau… fécondé par l’Esprit.

En d’autre termes... Jésus nous appelle à un changement d’attitude existentielle… à une transformation de nos mentalités et de nos comportements, pour un mode de vie, qui laisse sa place à Dieu et au prochain... pour une vie qui réponde au projet de Dieu, à sa volonté de voir advenir son règne d’amour et de justice.

En tant que disciples du Christ, nous sommes appelés à être les témoins vivants et actifs de ce Royaume... ici et maintenant.
Amen.



[1] Cf. D. Bonhoeffer, Le prix de la Grâce, Dalachaux et Niestlé, p. 134.
[2] Du dieu argent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire