samedi 4 août 2012

Le Baptême (élection, conversion) (1ère partie)


Le baptême (1/2) : l’élection, la conversion (et la sanctification)

Lectures bibliques : Es 43, 1-7 ; Mc 1, 1-15 ; Rm 6, 3-11 
Thématique : Le sens du baptême à travers quelques gros mots de la théologie : l’élection et la conversion (la repentance, la justification, la régénération)

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Es 43, 1-7 ; Mc 1, 1-15 ; Rm 6, 3-11

- Es 43, 1-7

Mais maintenant, ainsi parle le SEIGNEUR
qui t'a créé, Jacob,
qui t'a formé, Israël :
Ne crains pas, car je t'ai racheté,
je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi.

2Si tu passes à travers les eaux, je serai avec toi,
à travers les fleuves, ils ne te submergeront pas.
Si tu marches au milieu du feu, tu ne seras pas brûlé,
et la flamme ne te calcinera plus en plein milieu,

3car moi, le SEIGNEUR, je suis ton Dieu,
le Saint d'Israël, ton Sauveur.
J'ai donné l'Egypte en rançon pour toi,
la Nubie et Séva en échange de toi

4du fait que tu vaux cher à mes yeux,
que tu as du poids et que moi je t'aime ;
je donne donc des hommes en échange de toi,
des populations en échange de ta personne.

5Ne crains pas, car je suis avec toi,
depuis le levant je ferai revenir ta descendance,
depuis le couchant je te rassemblerai.

6Au nord je dirai : « Donne »,
et au midi : « Ne retiens pas !
Fais revenir mes fils du pays lointain
et mes filles de l'extrémité de la terre,

7tous ceux qui sont appelés de mon nom
et que j'ai, pour ma gloire, créés, formés et faits !

- Mc 1, 1-15

1Commencement de l'Evangile de Jésus Christ Fils de Dieu : 2Ainsi qu'il est écrit dans le livre du prophète Esaïe,
Voici, j'envoie mon messager en avant de toi,
pour préparer ton chemin.

3Une voix crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

4Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés. 5Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés. 6Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 7Il proclamait : « Celui qui est plus fort que moi vient après moi, et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales. 8Moi, je vous ai baptisés d'eau, mais lui vous baptisera d'Esprit Saint. »

9Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. 10A l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre sur lui. 11Et des cieux vint une voix : « Tu es mon Fils bien-aimé, il m'a plu de te choisir. »

12Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert. 13Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.

14Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l'Evangile de Dieu et disait : 15« Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s'est approché : convertissez-vous et croyez à l'Evangile. »

- Rm 6, 3-11

Ignorez-vous que nous tous, baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés ? 4Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. 5Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. 6Comprenons bien ceci : notre vieil homme a été crucifié avec lui pour que soit détruit ce corps de péché et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. 7Car celui qui est mort est libéré du péché. 8Mais si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. 9Nous le savons en effet : ressuscité des morts, Christ ne meurt plus ; la mort sur lui n'a plus d'empire. 10Car en mourant, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; vivant, c'est pour Dieu qu'il vit. 11De même vous aussi : considérez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ.



Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 04/08/12 / Culte avec baptêmes

La Bible nous donne aujourd’hui matière à réfléchir sur les différentes facettes du baptême chrétien, ainsi que sur plusieurs aspects fondamentaux de la vie du croyant.
Je vous propose aujourd’hui une méditation en forme de « petite catéchèse », pour aborder le baptême comme une introduction à la vie de foi, à travers quelques « gros mots » de la théologie dont nous allons essayer d’éclaircir le sens : « l’élection » (A), « la conversion » (B), « la sanctification » (C).

(A) Tout d’abord, il est question, dans ces passages de la Bible, de la notion d’« élection ».
L’élection, c’est un terme qui désigne le choix de Dieu, le fait que Dieu choisisse un « lieu » pour y demeurer.
Ce « lieu » n’est pas un temple de pierre, mais c’est nous-mêmes, c’est notre personne que Dieu choisit (1 Co 3, 16 ; Ep 2, 22), pour nous prendre à son service, pour y placer son image et son nom.
L’élection, avec la création et l’alliance, fait partie des thèmes majeurs qui définissent la relation de Dieu avec son peuple : le peuple élu, Israël d’abord, puis, à travers les nations, tous les croyants qui mettent leur confiance en Dieu.

Si Dieu élit les croyants, s’il les appelle à son service, c’est pour qu’ils soient saints (Lv 19, 2 ; Ep 1,4), qu’ils lui appartiennent, et qu’ils héritent du Royaume (Jc 2,5).
Pour l’évangéliste Matthieu (cf. Mt 22, 14), ceux que Dieu appelle à son service, au service de son Royaume (de ce monde nouveau de fraternité, de justice et de paix que Dieu veut pour l’humanité) doivent se montrer dignes de la grâce de Dieu en pratiquant la justice et l’amour du prochain.
La conviction de l’évangéliste (qui témoigne de l’enseignement de Jésus), c’est que tous les hommes sont appelés, tous les hommes reçoivent la grâce première de Dieu, mais que tous ne souhaitent pas répondre à cet appel, tous ne veulent pas vivre de cette grâce (cf. Mt 22, 14 ; Mt 25, 31-46).
Ceux que Matthieu nomme les élus sont ceux qui ont été appelés et qui ont choisi de répondre à l’amour de Dieu.

Le sacrement du baptême dit cette grâce première de Dieu.
Le livre d’Esaïe nous rappelle le sens de cette élection :
« Ne crains pas – dit le Seigneur – car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.
Si tu passes à travers les eaux, je serai avec toi […] car moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur » (Es 43, 1-3).

C’est cette conviction qui anime les croyants : Nous ne sommes pas seuls. Nous n’arrivons pas de nulle part dans l’existence. Quelque chose – ou plutôt quelqu’Un – nous précède et chemine à nos côtés. Nous sommes précédés de l’amour de Dieu, de sa Parole de grâce qui nous accueille tels que nous sommes, gratuitement et inconditionnellement.
C’est cette Parole que le sacrement du baptême rend visible par l’eau qui vient caresser le front du baptisé comme une parole d’amour liquide qui viendrait le couvrir et l’envelopper d’un habit d’amour et de lumière offert par Dieu.

C’est le 1er point que nous pouvons retenir :
Le baptême est le signe de l’amour et de la grâce de Dieu.
Il nous rappelle que nous sommes aimés de Dieu, que Dieu nous accueille comme ses enfants.

(B) À côté de cette notion d’élection dont Esaïe nous rappelle la force et la profondeur… la deuxième notion que le début de l’évangile de Marc introduit est celle de « conversion » (cf. Mc 1, 4 & 15).
Pour qu’elle nous paraisse plus clair, je vous propose de la découper en trois aspects : la repentance (B1), la justification (B2), la régénération (B3).

(B1) La grâce de Dieu nous est offerte, mais la grâce de Dieu résonne aussi comme un appel : un appel à vivre de cette grâce, un appel à sortir de nos errements, de nos enfermements, de notre esclavage… pour vivre une existence véritablement libre, en relation avec Dieu.
Le premier aspect de la conversion est celui que fait résonner Jean le Baptiste en « proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés » (Mc 1, 4).

Souvent, nous avons du mal avec cet aspect qu’on appelle « la repentance », peut-être parce que nous ne comprenons pas toujours ce que désigne le « péché » ou peut-être parce que nous avons une image négative de la « repentance », comme s’il s’agissait de faire pénitence, de « se fouetter » ou de se culpabiliser.

Dans notre monde contemporain, le mot « péché » est complètement tombé en désuétude. Et lorsqu’on essaie de l’utiliser, la plupart du temps, il prête à confusion et à un certain nombre de malentendus.
Il ne faut pas confondre « le péché » et « les péchés ».
Le péché n’est pas d’abord une faute morale, mais un état qui résulte de notre éloignement, de notre séparation d’avec Dieu… et qui correspond plus ou moins à une vie sans Dieu, à une existence sans préoccupation ultime, sans véritable relation avec notre fondement créateur.

En hébreux, le mot « péché » signifie « rater sa cible », « manquer son but ».
Or, manquer quelqu’un, manquer sa relation avec un autre, cause forcément un dommage : au minimum, cela nous fait perdre l’occasion d’une belle rencontre. Mais si ce quelqu’un est Dieu, on imagine les conséquences. Celui qui manque Dieu passe à côté de sa vocation d’enfant de Dieu, il passe à côté de l’essentiel : de la découverte de sa véritable humanité en relation avec le Père Eternel.

Pour mieux comprendre ce que recouvre le « péché », le théologien luthérien Paul Tillich le découpe en trois strates relationnelles (par rapport à Dieu, à soi-même et aux autres) :
- Premièrement, le péché est incroyance ou incrédulité. C’est le contraire de la foi. Il s’agit de l’acte ou de l’état de l’homme qui n’a besoin de personne et surtout pas de Dieu… qui se revendique dans une pleine indépendance, une totale autosuffisance, une complète autonomie… et qui, de ce fait, se détourne de Dieu, pour se tourner vers lui-même.
- Deuxièmement, le péché est « hubris », c’est-à-dire « élévation de soi », par laquelle l’homme se fait le centre de lui-même et de son monde.
Au lieu de reconnaître sa dépendance et sa finitude, l’homme – devenu « étranger » à Dieu – s’élève lui-même jusqu’à la sphère du divin. Le livre de la Genèse révèle ce désir caché de l’homme d’être comme Dieu. L’hubris y apparaît quand le serpent promet à Eve que manger du fruit de l’arbre de la connaissance fera de l’homme l’égal de Dieu (cf. Gn 3, 5).
- Enfin, troisièmement, le péché est concupiscence. Après s’être décentré de Dieu (c’est l’incroyance) et posé comme centre (c’est l’élévation de soi), la concupiscence désigne la convoitise illimitée de l’homme qui veut inclure en lui l’ensemble de son monde, en s’accaparant toute chose, en ramenant la réalité à lui-même, en attirant tout à lui.
Mais cette volonté de toute-puissance aboutit à la chosification des autres, qui ne sont plus considérés comme des personnes, des sujets, mais comme des objets au service de l’égocentrisme de celui qui se met au centre.
Pour Tillich, le péché – qui vient entraver et pervertir la relation à Dieu, à soi-même, et aux autres – conduit à un processus de déshumanisation des personnes et finalement à un mécanisme d’autodestruction.

Par ailleurs, comme le péché est universellement répandu, il se trouve amplifié par la logique du mimétisme et de la répétition.
Bon nombre de théologiens (à la suite de l’apôtre Paul) ont ainsi parlé de la « puissance du péché », comme d’un phénomène « diabolique », c’est-à-dire comme quelque chose qui « divise » fondamentalement les personnes entre elles et en elles-mêmes.

Alors, que signifie le mot « repentance » par rapport à cette notion de péché, qui nous fait rater notre cible avec Dieu, avec nous-même et avec les autres ?
Par rapport au péché, la « repentance » est avant tout synonyme de « reconnaissance ». Se repentir, c’est d’abord confesser son péché, se reconnaître pécheur.
La repentance est le premier stade de la conversion.
Pour se retourner, pour changer d’orientation et de mentalité, il faut commencer par reconnaître qu’on s’est trompé de chemin.
La conversion commence par la reconnaissance de notre incrédulité, de notre orgueil et de notre convoitise.

Avec cette notion de repentance et de conversion, nous touchons au sens du baptême tel que Jean le Baptiste le pratiquait.
Qui dit « reconnaissance de notre péché » dit « reconnaissance de la grâce de Dieu » à laquelle nous n’avons pas su ou pas voulu répondre. La reconnaissance du péché va de pair avec la reconnaissance de l’amour premier de Dieu et celle de notre faiblesse et de notre incapacité à y répondre.

Dans le judaïsme du premier siècle, les croyants pratiquaient régulièrement des ablutions, des rites de purification ou des bains rituels. Le baptême de Jean n’a pas pour objet une purification rituelle, mais c’est un baptême de changement radical pour le pardon des péchés. Il s’articule avec une prédication musclée qui annonce l’arrivée d’un temps nouveau. Il proclame la justice de Dieu et demande un changement de comportement.
Il est reçu par ceux qui reconnaissent leur péché ; il atteste du pardon offert par Dieu ; il est signe de repentance et de conversion.
Ceux qui ont été baptisés sont appelés à produire du fruit digne de ce changement radical (cf. Mt 3, 8).

Certains éléments du baptême de Jean qualifie aussi le baptême chrétien : c’est un baptême que l’on reçoit, qui n’a lieu qu’une fois, qui témoigne d’un temps nouveau et qui engage à mener une vie nouvelle.

C’est le 2ème point que nous pouvons retenir :
Le baptême est lié à la conversion. Dieu nous invite à reconnaître notre éloignement et à répondre à son projet d’amour. Il attend de nous un changement de comportement, pour que, créés à l’image de Dieu, nous advenions à notre véritable humanité à sa ressemblance (cf. Gn 1).
Le baptême est la marque d’un appel qui nous invite à vivre une vie nouvelle, sous le signe de la gratuité, de l’amour de Dieu et du prochain.

(B2) Après la repentance – la reconnaissance de notre péché – un deuxième aspect de la conversion peut être abordé à travers la notion de « justification » ou d’« acceptation ».
C’est ce qu’on appelle « la justification par grâce par le moyen de la foi ».

La reconnaissance du péché nous conduit à demander pardon à Dieu et à accepter sa grâce. C’est là le cœur de la conversion : accepter de dépendre de la grâce de Dieu, de sa justice qui est extérieure à nous-mêmes ; accepter que Dieu nous offre gratuitement son amour et sa miséricorde, bien que nous soyons pécheurs et indignes.

Dans la justification, il y a deux éléments : Dieu opère la justification par grâce et nous la recevons dans la foi.
- Il y a d’abord l’acte gracieux de Dieu qui accueille l’homme pécheur malgré sa culpabilité… qui surmonte le péché… qui accepte l’homme, sans condition, malgré tout ce qui peut le séparer de Lui.
- Il y a ensuite l’acte de l’homme qui – par le moyen de la foi – accepte la miséricorde salvifique de Dieu.
Le croyant accepte d’être accepté par Dieu bien qu’il se sache inacceptable.

La justification relève d’une double acceptation. Elle relie (1) la grâce divine qui accepte et qui pardonne (sans raison, par amour) à (2) la foi qui accepte d’être accepté, d’être pardonné gratuitement. 
Il y a dans ce processus de salut (de pardon, de libération et de guérison) un élément paradoxal, qui est lié à l’initiative de Dieu qui surmonte le péché.
Malgré le péché, en dépit de son éloignement, l’homme est accepté par Dieu. Il est invité à recevoir cette acceptation, cette justification… à l’accepter et à en vivre.

L’homme est appelé à prendre part à la grâce de Dieu… à la bonté et à la gratuité qui caractérise le Père céleste, qui aime tout homme, qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt 5, 45).

C’est le 3ème point que nous pouvons retenir :
Le baptême atteste du pardon du péché. Dieu surmonte le péché et justifie l’homme par grâce, par l’effet de sa bonté miséricordieuse.
Ainsi justifiés par la seule grâce de Dieu, nous sommes libérés des accusations, des fautes et des erreurs qui jalonnent notre histoire.
Nous pouvons vivre dans la foi et la liberté, car Dieu nous offre de recommencer.

(B3) Le troisième aspect de la conversion (après la reconnaissance de notre péché et l’acceptation du pardon) est celui de la « régénération » ou « participation ».

L’homme Jésus, le Christ, le Révélateur de Dieu, est venu manifester l’amour inconditionnel de Dieu.
Du fait de sa pleine communion avec Dieu, l’apôtre Paul dit que Jésus était sans péché (cf . 2 Co 5, 21). 
Parce qu’il était sans péché… parce qu’il vivait et agissait sous l’impulsion de l’Esprit de Dieu… Jésus a introduit dans notre monde une nouvelle réalité : il a rendu manifeste l’homme nouveau, le nouvel Adam, l’homme pleinement uni à Dieu, en parfaite communion avec Lui.
Le croyant est invité à prendre part – à participer – à cette nouvelle réalité, à cette nouvelle humanité totalement unie à Dieu.
Il est appelé à se laisser saisir par le Christ… à se laisser régénérer en prenant part à la vie du Christ.
C’est ce que Paul appelle « être en Christ ».

La régénération ou participation au Christ… à la vie du Christ – à sa communion avec Dieu, à sa mort et sa résurrection – introduit une autre signification du baptême.
Paul exprime cette compréhension de deux manières :

- D’abord, dans l’épître aux Galates, le baptême est comparé à un vêtement. Par le baptême, le croyant revêt le Christ.
Voici ce que dit Paul : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ » (Ga 3, 27). 

Nous savons bien que le vêtement est une marque d’identité. La façon dont nous nous habillons est une manière de parler de nous-mêmes, de nous présenter.
En disant que par le baptême, nous avons revêtu le Christ, ce que Paul veut dire c’est que notre identité se trouve désormais en Christ.
Nous n’avons plus à chercher ailleurs le fondement de notre existence. Il nous est offert par notre participation au Christ.

- Ensuite, dans l’épître aux Romains, Paul parle du baptême comme d’une mort qui nous associe à celle du Christ, pour nous faire renaître à une vie nouvelle :
«  Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Rm 6, 4).

Pour Paul, Jésus Christ est venu manifester le salut – la libération et la guérison – que Dieu offre aux hommes. Mais le Christ n’a pas seulement révélé ce salut, au cours de son existence terrestre, dans sa vie relationnelle et sociale (en libérant, en soignant, en aimant ceux qu’il rencontrait). Il a aussi manifesté le salut de Dieu par sa résurrection par-delà la mort.
Cet événement n’est pas seulement un événement passé. Si Dieu a ressuscité Jésus Christ, cela indique qu’il vit désormais d’une vie nouvelle dans la gloire de Dieu.
Par la foi, nous pouvons d’ores et déjà prendre part à cet événement, nous pouvons participer à la mort et la résurrection de Jésus Christ, et ainsi entrer dans une dynamique nouvelle, dans une vie nouvelle.

En participant à la vie du Christ, à sa communion avec le Père, nous crucifions en nous le vieil homme (cf. Rm 6, 6-11), nous engloutissons l’homme pécheur éloigné de Dieu, pour renaître à une vie nouvelle : une vie en relation avec Dieu, réconciliée avec Lui.
Par cette communion au Christ, nous choisissons la vie : une vie libre et responsable qui nous permet d’être en accord avec la volonté de Dieu : en vivant l’Evangile, en cherchant la justice, en nous engageant en faveur du prochain.
C’est cette participation à la vie du Christ, à sa mort et à sa résurrection, signe d’une vie nouvelle, qui fait dire à Paul : « Avec Christ, j’ai été crucifié.  Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2, 19-20).

C’est le 4ème point que nous pouvons retenir :
Le baptême est reçu au nom du Christ. En étant baptisés, nous sommes associés à la vie, à la mort et à la résurrection de Jésus Christ. Le baptême nous rappelle que le fondement de notre histoire ne se situe pas en nous-mêmes, mais dans le Dieu de Jésus Christ, qui nous apporte le salut et nous ouvre à l’espérance.

Ainsi, la conversion – à travers ses trois étapes : la reconnaissance de notre péché (la repentance), l’acceptation du pardon de Dieu (la justification par grâce) et l’entrée dans une dynamique nouvelle par la participation à la vie du Christ (la régénération) – nous conduit à un changement radical d’orientation, à une véritable révolution copernicienne.
En nous inscrivant dans la relation à Dieu, à la suite de Jésus Christ, nous nous libérons de notre égocentrisme… nous cessons de tout ramener à nous-mêmes… nous cessons d’avoir besoin de nous mettre au centre, de nous justifier en permanence.
Libérés dans la foi, nous pouvons désormais placer Dieu et le prochain – le Royaume et la justice – au centre de nos préoccupations.

Ce que représente l’eau dans la Bible peut nous aider à comprendre ce passage de la mort à la vie évoqué par Paul.
D’une part, l’eau peut être symbole de mort. C’est l’eau du déluge et de la tempête.
L’eau du baptême dit la mort de Jésus Christ qui nous délivre de nos morts, de nos peurs et de nos enfermements.
D’autre part, l’eau est aussi un symbole de vie. Elle est source et condition de toute vie.
L’eau du baptême dit la résurrection de Jésus Christ qui nous appelle au renouvellement de notre vie, à la nouvelle naissance, à l’accueil et à l’espérance.

Nous avons été baptisé une fois, mais nous devons continuellement être baptisés par la foi. Avec le Christ, nous devons toujours mourir à l’orgueil, à l’égoïsme et à l’indifférence, et avec le Christ, nous devons toujours renaître à l’espérance, à la confiance, au pardon et à l’amour de Dieu.

(C) Pour finir cette méditation à la fois sur le baptême et la vie chrétienne, il manque encore une dernière étape – une dernière notion –  pour cheminer dans cette dynamique, dans cette vie nouvelle : c’est la « sanctification », comme « processus de transformation ».

La notion de « sanctification » nous donne le sens du baptême chrétien dans la durée : le baptême est lié à la promesse de l’Esprit, au don de l’Esprit saint… c’est-à-dire à l’action de l’Esprit de Dieu qui agit en nous, intérieurement, au cœur de notre être, pour nous transformer en profondeur, pour changer nos mentalités et nos comportements, et pour porter autour de nous ce changement et cette nouveauté de vie.

Je ne vais pas développer davantage cette notion qui sera à elle seule l’objet d’une prochaine méditation, mais ce que nous montre le début de l’évangile de Marc, c’est la manière dont Dieu agit dans notre monde.
En revêtant Jésus de son Esprit, en faisant de lui le Christ, le porteur de l’Esprit, Dieu (qui est Esprit) nous révèle la manière dont il intervient dans notre histoire.
Ce n’est pas par magie, en restant en haut du ciel, mais c’est dans l’en bas de nos vies, par son Esprit, par le don de son souffle créateur et régénérateur, que Dieu agit, qu’il prend chair, qu’il s’incarne, qu’il intervient dans les êtres.
Dieu choisit l’homme. Il choisit Jésus et il nous choisit. Il choisit d’agir avec nous, à travers nous, en nous, dans l’en-bas de nos vies, en nous donnant son souffle, pour que nous soyons ses bras et ses mains qui accueillent et qui façonnent son Royaume.

Par le don de son Esprit, Dieu se fait intime, Dieu se fait proche.
Il vient incognito se loger dans le creux de l’humain, pour autant que l’homme s’ouvre à lui, qu’il lui laisse de la place.
C’est par son Esprit que Dieu intervient ; c’est par lui qu’il nous transforme. C’est un processus de longue haleine, qui s’inscrit tout au long de l’existence.

Il ne s’agit pas seulement de se convertir, de changer de mentalité et de s’ouvrir à une nouveauté de vie, mais il s’agit de tenir bon dans cette dynamique, de s’enraciner dans un processus de transformation dont le baptême n’est que le commencement et qui dure toute la vie.
La sanctification est ce processus de transformation positive de l’individu qui s’opère progressivement sous l’action de l’Esprit saint. Il ne s’opère que dans la mesure où le croyant, dans sa liberté, accepte de s’ouvrir à l’action de l’Esprit, accepte de le laisser agir en lui.

C’est le 5ème point que nous pouvons retenir pour aujourd’hui :
Le baptême annonce l’Esprit saint. L’Esprit saint vient opérer en nous un processus de transformation, de sanctification.
Il vient témoigner en nous de ce que nous sommes « enfants de Dieu » (Rm 8, 16).
L’Esprit saint est le souffle qui nous fait appeler Dieu : Père (Rm 8, 15 ; Ga 4, 6), qui rend vivant l’Evangile au cœur de notre existence, qui nous permet d’en vivre et d’en témoigner autour de nous.

Conclusion :

Alors, Frères et Sœurs, en ce jour de joie pour ces trois baptêmes, souvenons-nous que le baptême est une ouverture, un commencement riche de promesses.
Il offre un condensé de la vie chrétienne et nous inscrit dans un cheminement, dans une dynamique de vie et de transformation.

Demandons à Dieu qu’il renouvelle en nous, jour après jour, la grâce et la dynamique de notre baptême, afin que, par l’action de son Esprit, notre vie soit transformée et rayonnante de son amour.

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