dimanche 13 mai 2012

Mt 8, 23-27

Mt 8, 23-27
Lectures bibliques : Mt 8, 18.23-27 (au début du culte avec mise en scène par les jeunes de l’Ecole Biblique)Mc 4, 35-41 ; Ps 27, 1-3.11-14 ; Ps 63, 2-9 ; Ps 107, 1-3.23-32.
Thématique : la foi  / Culte avec les jeunes de l’Ecole Biblique et du KT

Prédication = voir plus bas, après les lectures

Lectures bibliques

- Mt 8, 18. 23-27

18Voyant de grandes foules autour de lui, Jésus donna l'ordre de s'en aller sur l'autre rive. […]
23Il monta dans la barque et ses disciples le suivirent. 24Et voici qu'il y eut sur la mer une grande tempête, au point que la barque allait être recouverte par les vagues. Lui cependant dormait. 25Ils s'approchèrent et le réveillèrent en disant : « Seigneur, au secours ! Nous périssons. » 26Il leur dit : « Pourquoi avez-vous peur, hommes de peu de foi ? » Alors, debout, il menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme. 27Les hommes s'émerveillèrent, et ils disaient : « Quel est-il, celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ! »

- Mt 4, 35-41

Ce jour-là, le soir venu, Jésus leur dit : « Passons sur l'autre rive. » 36Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque où il se trouvait, et il y avait d'autres barques avec lui. 37Survient un grand tourbillon de vent. Les vagues se jetaient sur la barque, au point que déjà la barque se remplissait. 38Et lui, à l'arrière, sur le coussin, dormait. Ils le réveillent et lui disent : « Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ? » 39Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence ! Tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. 40Jésus leur dit : « Pourquoi avez-vous si peur ? Vous n'avez pas encore de foi ? » 41Ils furent saisis d'une grande crainte, et ils se disaient entre eux : « Qui donc est-il, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

- Ps 27, 1-3. 11-14

1Le SEIGNEUR est ma lumière et mon salut,
de qui aurais-je peur ?
Le SEIGNEUR est la forteresse de ma vie,
devant qui tremblerais-je ?
2Si des malfaiteurs m'attaquent
pour me déchirer,
ce sont eux, mes adversaires et mes ennemis,
qui trébuchent et tombent.
3Si une armée vient camper contre moi,
mon cœur ne craint rien.
Même si la bataille s'engage,
je garde confiance. […]
11Montre-moi, SEIGNEUR, ton chemin,
et conduis-moi sur une bonne route
malgré ceux qui me guettent.
12Ne me livre pas à l'appétit de mes adversaires,
car de faux témoins se sont levés contre moi,
en crachant la violence.
13Je suis sûr de voir les bienfaits du SEIGNEUR
au pays des vivants.
14Attends le SEIGNEUR ;
sois fort et prends courage ;
attends le SEIGNEUR.

- Ps 63, 2-9

2O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche, j'ai soif de toi.
Tout mon être soupire après toi,
comme une terre aride, desséchée, sans eau.
3Dans le temple, je t'ai cherché du regard
pour voir ta puissance et ta présence glorieuse,
4car ta bonté / ta fidélité vaut mieux que la vie.
Je proclamerai ta louange,
5toute ma vie je te remercierai ;
en levant les mains vers toi je dirai qui tu es.
6Je serai comblé,
comme rassasié des meilleurs morceaux.
Je laisserai exploser ma joie, je t'acclamerai.
7Quand je suis couché, je me souviens de toi ;
je pense à toi pendant les heures de la nuit :
8tu es venu à mon secours.
A l'abri de tes ailes je crie ma joie.
9Je suis attaché à toi de tout mon être,
ta main droite est mon soutien. […]

- Ps 107, 1-3. 23-32

1Célébrez le SEIGNEUR car il est bon,
car sa fidélité est pour toujours.
2Qu'ils le redisent, ceux que le SEIGNEUR a défendus,
ceux qu'il a défendus contre la main de l'adversaire,
3qu'il a rassemblés de tous les pays,
du levant et du couchant,
du nord et de la mer. […]
23Ceux qui partent en mer sur des navires
et exercent leur métier sur les grandes eaux,
24ceux-là virent les œuvres du SEIGNEUR
et ses miracles en haute mer.
25A sa parole se leva un vent de tempête
qui soulevait des vagues.
26Ils montent aux cieux,
descendent aux abîmes,
sont malades à rendre l'âme ;
27ils roulent et tanguent comme l'ivrogne
et toute leur adresse est engloutie.
28Ils crièrent au SEIGNEUR dans leur détresse, et il les a tirés de leurs angoisses :
29il a réduit la tempête au silence, et les vagues se sont tues.
30Ils se sont réjouis de ce retour au calme et Dieu les a guidés au port désiré.
31Qu'ils célèbrent le SEIGNEUR pour sa fidélité et pour ses miracles en faveur des humains.
32Qu'ils l'exaltent dans l'assemblée du peuple et le louent à la séance des anciens.

Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 13/05/12

Voici un récit qui nous est familier… que la plupart d’entre nous connaissons sans doute depuis notre enfance.
La principale difficulté de ce passage – ce qui peut nous interroger, nous gêner – c’est tout bonnement le miracle apparent… le miracle qui saute aux yeux… et qui est un peu comme l’arbre qui cache la forêt… qui vient faire de l’ombre aux paroles de Jésus (Mt 8, 26).

Alors, ce matin, si nous voulons découvrir ce que les évangélistes cherchent à nous dire à travers ce récit, il nous faut dépasser… outrepasser… cet aspect miraculeux qui fait écran à ce que Jésus lui-même demande à ses disciples… à l’interrogation qu’il adresse à ceux qui veulent le suivre… et qui vient questionner notre foi.

Rappelons en quelques mots le contexte de notre passage :
Les disciples viennent de recevoir un enseignement : le sermon sur la montagne, au cours duquel Jésus les a appelé – avec autorité (Mt 7, 28s) – à enraciner leur existence dans la confiance en Dieu, à rechercher d’abord le Royaume et la justice de Dieu (Mt 6, 33).
Ils viennent aussi d’être témoins de nombreuses guérisons de malades (Mt 8, 16s). Tout ceci a dû les porter à la confiance envers leur maître.
Ils sont maintenant confrontés à une épreuve, une tempête.

Pour les Juifs de l’époque de Jésus, la mer n’est pas comme aujourd’hui synonyme de loisir, de détente, de vacances au soleil.
Elle symbolise plutôt le danger et la mort.
La mer évoque l’élément primordial du chaos ou les forces hostiles du mal qui ont la capacité d’engloutir la vie de l’homme.
Symboliquement, la tempête est le lieu de la crise, de la suspension entre vie et mort.
Voilà qu’une tempête surgit qui va révéler l’état d’esprit des disciples, leur réaction dans une situation de crise, au milieu de l’épreuve.

D’abord, ce que ce récit met en crise, c’est ce que Jésus demande aux disciples de faire ou plutôt de vivre : vivre dans la confiance en Dieu.
Jésus appelle ses disciples à croire, à se fier à Dieu, à se confier à Lui, à s’en remettre fidèlement à Lui, en toutes situations.
Mais la tempête révèle en réalité la peur des disciples, leur incrédulitéleur manque de foi : « Pourquoi avez-vous peur, hommes de peu de foi ? » (Mt 8, 26).
Ce que ce passage nous montre, c’est la difficulté pour les disciples de mettre en pratique la prédication de Jésus … c’est la difficulté de suivre le Christ en s’enracinant dans la confiance et la fidélité.

Ensuite, lorsque Jésus répond à l’inquiétude des disciples… lorsqu’il rappelle la création à l’ordre… à l’ordre de Dieu le Créateur… lorsque les vents et la mer enfin se calment… l’apaisement de la tempête ne crée toujours pas la foi, mais des réactions variées : l’étonnement ou l’émerveillement des disciples, selon l’évangéliste Matthieu (Mt 8, 27) ; une grande crainte, selon Marc (Mc 4, 41) ; une stupeur, faite à la fois de crainte et d’admiration, selon Luc (Lc 8, 25).

Il y a là quelque chose de paradoxal.
Le paradoxe de cet épisode, c’est que, d’un côté, cette épreuve, cette situation de crise donne aux disciples des éléments permettant de mieux comprendre qui est Jésus, en tant que Christ… permettant de discerner l’identité de leur maître… mais, d’un autre côté, elle met en relief l’incrédulité et la peur des disciples.
Le paradoxe, c’est que la Parole agissante de Jésus que les disciples réclament, en l’appelant au secours parce qu’ils ont peur (Mt 8, 25), en réalité, ne suscitent pas la foi, mais une interrogation, une nouvelle peur, faite d’étonnement et de crainte.

Ce récit nous révèle donc une sorte de contradiction. Il nous montre de façon paradoxale quel est le problème des disciples… qui est peut-être le problème de tout disciple.
Le problème des disciples, c’est qu’ils attendent quelque chose d’extra-ordinaire – un miracle – pour croire, et lorsque ce miracle advient, ils s’y arrêtent, ils s’y bloquent, au lieu de s’en tenir à la Parole de Dieu, que Jésus Christ vient rendre manifeste en appelant « simplement » à vivre dans la confiance.

En d’autre termes, ce récit nous met face à un paradoxe lié à ce qu’est la foi… à la nature même de la foi.
La foi n’est pas de l’ordre du savoir – ou du surnaturel –  mais elle est de l’ordre d’une rencontre existentielle qui nous inscrit dans une dynamique. Elle est de l’ordre d’une relation de confiance – de l’abandon dans la confiance – qui engage notre être… notre personne… à s’en remettre à un Autre.
La foi ne consiste pas en un savoir au sujet de Jésus Christ, mais à vivre de sa Parole, qui nous appelle à confier notre existence, et le sens de notre existence, à Dieu, notre Père, le Créateur.

Bien évidemment, ce récit de « la tempête apaisée » est une manière de nous révéler l’identité de Jésus, en tant que Christ, et son autorité :
A travers cet épisode, les évangélistes nous font comprendre qu’en Jésus le Christ, le souffle de Dieu – son Esprit Créateur, sa Parole créatrice – est lui-même présent et agissant. Il nous montre qu’en Jésus Christ, Dieu se révèle, qu’il est avec nous [Emmanuel], qu’il est agissant :
En Jésus Christ, Dieu est capable de surmonter la tempête et les flots qui symbolisent la mort ; il est capable de nous arracher à la mort, de nous faire traverser l’épreuve, car il est Celui qui nous sauve. C’est pourquoi, nous pouvons nous en remettre à lui dans la confiance.
Dieu – Créateur et Sauveur – veille sur ses créatures, ses enfants. Il ne les abandonne pas au néant. Il est avec nous, à nos côtés, en toutes situations.

Mais, en même temps, nous voyons que le fait de savoir cela n’est pas suffisant pour la foi.
Il ne suffit pas de savoir qui est Jésus, qu’il est le Christ, l’envoyé de Dieu, le Révélateur du Père… il ne suffit pas de savoir qu’il est ressuscité – car sans aucun doute ce récit renvoie à la résurrection, à la victoire sur la mort – mais, encore faut-il se fier à sa Parole, s’en remettre à elle, l’écouter, lui obéir, lorsqu’il nous appelle à confier notre vie à Dieu.

La foi… s’en remettre à Dieu, se confier à Lui… ne consiste pas seulement à savoir qui est Jésus, ni même à croire qu’il est le Christ, mais cela relève d’autre chose : c’est un mouvement de l’être tout entier, c’est un abandon, un lâcher prise, une remise de notre existence toute entière entre les mains d’un Autre.
Cette remise, ce don de soi, cet abandon dans la foi – qui caractérise Jésus – conduit alors à la paix, au calme, à la sérénité … car tout ce qui est essentiel et ultime est finalement confié à Dieu.[1]

Ce récit nous montre donc deux choses importantes :

La première, c’est que les miracles, en réalité, ne suscitent pas la foi. Au contraire, ici le surnaturel, l’extraordinaire, aboutit à l’incompréhension (Mt 8, 27) et à la stupeur (Lc 8, 25).
Il me semble que cela doit nous interroger sur notre « conception » de Dieu, sur nos attentes et notre rapport à Dieu, dans la foi.
La foi ne consiste pas à attendre d’abord que Dieu agisse de façon visible, qu’il réalise des miracles, pour ensuite pouvoir croire. Mais elle naît de la relation/dans la relation à Dieu, dans la simplicité du quotidien de notre existence.
La foi ne consiste pas à croire en Dieu, parce qu’il fait des miracles. Mais parce que nous croyons en Dieu, parce que nous lui confions le sens premier et dernier de notre existence, alors nous envisageons la vie, notre vie elle-même, comme un miracle, nous pouvons l’accueillir comme tel, laisser Dieu y régner et y accomplir des miracles.

Autrement dit, « croire »… ce n’est pas croire en un « Dieu-cachet d’aspirine » qui règlerait toutes nos difficultés et nos ennuis. Ce n’est pas non plus croire en un « Dieu-parapluie », qui nous préserverait des tempêtes de toutes sortes. Mais, c’est croire qu’en toutes situations, y compris au milieu des bourrasques (lorsque les vents semblent contraires… lorsque nous sommes assaillis par l’échec, le malheur ou l’adversité), que Dieu est là, à nos côtés… que nous ne sommes pas livrés à l’abandon et à la solitude… qu’il nous accompagne, nous donne courage et nous conduit, si nous voulons bien nous en remettre à lui.
Dieu ne nous protège pas de toutes épreuves, mais nous soutient dans toutes épreuves, pour nous aider à les traverser (cf. Ps. 23).

Le second point que nous montre ce récit, c’est la différence entre Jésus et ses disciples.
Alors que les disciples sont gagnés par l’agitation, la confusion, l’angoisse et l’incrédulité, Jésus, lui, dort en paix, car il se sait entre les mains de Celui qui reste, en toutes circonstances, le maître de la vie, le maître des forces de la nature[2].
Jésus est confiant, parce qu’il a fait sienne les paroles du psalmiste (que nous avons entendues dans le psaume 27) : « Le Seigneur est le protecteur de ma vie, je n’ai rien à redouter » (cf. Ps 27, 1) .

La foi : c’est ce qui différencie fondamentalement Jésus et ses disciples (cf. Mt 8, 26)… et c’est là la source de l’autorité de Jésus.
Le secret de Jésus dans la tempête n’est pas celui d’une sorte de « superman ». Il n’est pas à rechercher dans quelque pouvoir surhumain, mais dans sa seule confiance en Dieu le Créateur.
Le vent et la mer, Jésus ne les domine pas en déployant quelques pouvoirs magiques, mais il les rappelle simplement à l’ordre… à l’ordre de Dieu, leur Créateur.[3]
« Ainsi, malgré les apparences, malgré même ce qu’imaginent les disciples, Jésus n’est pas un faiseur de miracles, qui arrangerait d’un mot une situation qui tourne mal. Il est tout simplement le seul vrai croyant de l’équipage dans la tempête, celui qui garde envers et contre tout une confiance sans faille.
Malheureusement, ce n’est pas la foi de Jésus que les disciples voient en regardant après coup leur maître. Ils n’aperçoivent en lui qu’un personnage doué de pouvoirs surhumains, et ils sont pris d’une nouvelle angoisse, car on est toujours méfiant face à des forces qu’on ne contrôle pas.
Mais en voyant en Jésus un faiseur de miracles, les disciples passent à côté de la foi, de la confiance en Dieu à laquelle Jésus les appelle »[4].
Et c’est là toute l’ambiguïté, le paradoxe de ce récit de « la tempête apaisée ».
A bien y regarder… la tempête est apaisée extérieurement, mais elle ne l’est pas dans le cœur des disciples.
Elle ne le sera que lorsqu’ils accepteront de suivre le Christ, de le laisser naître en eux, en enracinant leur existence dans la confiance en Dieu.

Alors tout ceci nous amène finalement à une question : qu’est-ce qui manque aux disciples pour dépasser leur angoisse et vivre dans la confiance ?

Si les disciples ont ainsi peur de la mort – comme beaucoup d’entre nous, peut-être – c’est sans doute qu’ils ne sont pas encore assurés de la bonté de Dieu.
Avec les disciples, il nous faut donc réentendre cette parole du psaume 63, qui nous a rappelé cette certitude au sujet de Dieu : « ta bonté – ta fidélité – vaut mieux que la vie » (cf. Ps 63, 4).
Nous sommes assurés de la bonté de Dieu, de son amour fidèle. C’est la raison pour laquelle nous pouvons lui confier notre vie.
Cette bonne nouvelle de la bonté de Dieu pour nous – plus forte et plus durable que la mort – ne nous met certes pas à l’abri du danger, ni même de la mort. Mais elle nous place à l’abri de la peur, de l’angoisse du néant, de l’absurde et du désespoir. Car nous savons que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu, de sa bonté fidèle (Rm 8, 38-39).

Conclusion : Alors, chers amis… pour conclure… que pouvons-nous retenir de cette méditation ?

Le Christ n’attend pas de nous l’admiration ou la crainte, mais la confiance en Dieu, en toutes situations, afin de lui remettre nos vies, nos personnes, mais aussi de lui confier nos peurs, nos limites, nos doutes, nos souffrances lorsque surgit l’épreuve.
Un moment de crise… l’inconnu qui se présente à nous… la proximité du danger, de la maladie ou de la mort… une épreuve difficile… peuvent ébranler notre foi.
C’est pourquoi Jésus appelle ses disciples à vivre en communion avec Dieu, jour après jour, à enraciner leur existence quotidienne dans la confiance en Dieu.

La foi est une relation qui s’inscrit et se développe peu à peu dans la durée, tout au long de notre existence.
Elle consiste en une seule chose : répondre à l’amour premier de Dieu qui nous offre sa grâce… lui remettre notre vie jour après jour et oser lui confier celles de ceux dont nous portons le souci.
C’est en acceptant le don de Dieu, en lui répondant, dans la foi, que nous entrons dans cette relation, que nous nous inscrivons dans un mouvement, dans une dynamique de relation avec Celui que Jésus nous invite à appeler simplement « notre Père ».

Dans cette relation, le doute ne s’oppose pas à la foi. Il est nécessaire à la foi. Il vient l’interroger, mettre du jeu, provoquer la réflexion et susciter l’intelligence de la foi.
En revanche, la peur révèle l’incrédulité, le manque de foi… de confiance en l’Autre. C’est pourquoi Jésus nous appelle à déposer tout ce que nous sommes, y compris nos craintes, pour les confier à Dieu.

Suivre le Christ, c’est répondre à l’amour de Dieu, c’est s’engager (Mt 8, 22), franchir un pas, faire le choix de la confiance (Mt 8, 26), malgré l’inconnu et les difficultés (Mt 8, 20.25 ; Mt 14, 22-33)… C’est « passer sur l’autre rive » (Mt 8, 18) : celle de la foi… qui nous rend capable d’affronter, d’assumer, de traverser l’épreuve… et même de déplacer les montagnes, avec la foi du Christ (cf. Mt 17, 20 ; Mt 21, 21s ; Jn 14, 12s).
Car c’est bien ce que nous indique en substance ce récit : la foi est un ressort caché, une dynamique, une puissance de vie. Elle est force de création et de transformation.

Alors, chers amis, frères et sœurs, n’attendons pas des signes extraordinaires, des preuves irréfutables, des miracles, pour offrir à Dieu notre confiance, mais osons répondre à son amour, à son alliance, à sa confiance, en lui offrant la nôtre.
C’est en lui confiant notre vie que nous le laisserons y accomplir des miracles… la transformer et la faire fructifier. 
Amen.


[1] Autrement dit, la foi est une dynamique qui consiste à passer existentiellement du « croire que » au « croire en ».
[2] En particulier de la puissance de la mer : cf. Jr 5, 22 ; Jb 38, 10-11 ; Ps 104, 9 ; Ps 106, 9 ; Ps 107, 23-32 ; le livre de Jonas. Tout au long de l’Ancien Testament, la domination sur la mer et sur les eaux témoigne du pouvoir divin : de la création au déluge, de la traversée de la mer rouge à l’aventure de Jonas.
[3] En rappelant la création à l’ordre de Dieu le Créateur et en manifestant son autorité sur les éléments naturels déchaînés, Jésus accomplit, en réalité, la vocation propre à l’humanité. En Gn 1, 26-28, en effet, l’homme a reçu pour vocation spécifique de dominer toute la terre, et de maîtriser la création. Jésus, en tant que Christ, est donc ici l’être humain par excellence : le nouvel Adam. Il réalise la vocation spécifique de l’homme.
[4] J.-M. Babut, Actualité de Marc, Cerf, p.86.

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