dimanche 29 avril 2012

Mt 5, 17-37

Mt 5, 17-37
Lectures : Mt 23, 1-12. 23-28 ; Mt 5, 17-48 
Série de prédications sur Mt 5 à 7 (le sermon sur la montagne) : n°5 – Mt 5, 17-37
Thématique : comment interpréter la loi ?... Jésus en appel à une justice « plus abondante » fondée sur l’amour.

Prédication = voir plus bas, après les lectures

Lectures bibliques

- Mt 23, 1-12. 23-28

Alors Jésus s'adressa aux foules et à ses disciples : 2« Les scribes et les Pharisiens siègent dans la chaire de Moïse : 3faites donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes, car ils disent et ne font pas. 4Ils lient de pesants fardeaux et les mettent sur les épaules des hommes, alors qu'eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt. 5Toutes leurs actions, ils les font pour se faire remarquer des hommes. Ils élargissent leurs phylactères et allongent leurs franges. 6Ils aiment à occuper les premières places dans les dîners et les premiers sièges dans les synagogues, 7à être salués sur les places publiques et à s'entendre appeler “Maître” par les hommes. 8Pour vous, ne vous faites pas appeler “Maître”, car vous n'avez qu'un seul Maître et vous êtes tous frères. 9N'appelez personne sur la terre votre “Père”, car vous n'en avez qu'un seul, le Père céleste. 10Ne vous faites pas non plus appeler “Docteurs”, car vous n'avez qu'un seul Docteur, le Christ. 11Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. 12Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. […]

23Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui versez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, alors que vous négligez ce qu'il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité ; c'est ceci qu'il fallait faire, sans négliger cela. 24Guides aveugles, qui arrêtez au filtre le moucheron et avalez le chameau ! 25Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui purifiez l'extérieur de la coupe et du plat, alors que l'intérieur est rempli des produits de la rapine et de l'intempérance. 26Pharisien aveugle ! purifie d'abord le dedans de la coupe, pour que le dehors aussi devienne pur. 27Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui ressemblez à des sépulcres blanchis : au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d'ossements de morts et d'impuretés de toutes sortes. 28Ainsi de vous : au-dehors vous offrez aux hommes l'apparence de justes, alors qu'au-dedans vous êtes remplis d'hypocrisie et d'iniquité.

- Mt 5, 17-48

17« N'allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abroger, mais accomplir. 18Car, en vérité je vous le déclare, avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i ne passera de la loi, que tout ne soit arrivé. 19Dès lors celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements et enseignera aux hommes à faire de même sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. 20Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, non, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux.

21« Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commettra un meurtre en répondra au tribunal. 22Et moi, je vous le dis : quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal ; celui qui dira à son frère : “Imbécile” sera justiciable du Sanhédrin ; celui qui dira : “Fou” sera passible de la géhenne de feu. 23Quand donc tu vas présenter ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, 24laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande. 25Mets-toi vite d'accord avec ton adversaire, tant que tu es encore en chemin avec lui, de peur que cet adversaire ne te livre au juge, le juge au gendarme, et que tu ne sois jeté en prison. 26En vérité, je te le déclare : tu n'en sortiras pas tant que tu n'auras pas payé jusqu'au dernier centime.

27« Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras pas d'adultère28Et moi, je vous dis : quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l'adultère avec elle.

29« Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi : car il est préférable pour toi que périsse un seul de tes membres et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. 30Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi : car il est préférable pour toi que périsse un seul de tes membres et que ton corps tout entier ne s'en aille pas dans la géhenne.

31« D'autre part il a été dit : Si quelqu'un répudie sa femme, qu'il lui remette un certificat de répudiation32Et moi, je vous dis : quiconque répudie sa femme — sauf en cas d'union illégale — la pousse à l'adultère ; et si quelqu'un épouse une répudiée, il est adultère.

33« Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras pas, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de tes serments34Et moi, je vous dis de ne pas jurer du tout : ni par le ciel car c'est le trône de Dieu, 35ni par la terre car c'est l'escabeau de ses pieds, ni par Jérusalem car c'est la Ville du grand Roi36Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux en rendre un seul cheveu blanc ou noir. 37Quand vous parlez, dites “Oui” ou “Non” : tout le reste vient du Malin.

38« Vous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent39Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. 40A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. 41Si quelqu'un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. 42A qui te demande, donne ; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos.

43« Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. 46Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir ? Les collecteurs d'impôts eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? 47Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens n'en font-ils pas autant ? 48Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.


Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 29/04/12

Avec les Béatitudes – qui introduisent le sermon sur la montagne – Jésus a présenté les dispositions fondamentales pour s’approcher du Royaume des cieux, du monde nouveau de Dieu.

Un mot clef ressort de ce discours : celui de « justice » (Mt 5, 6.10.20 ; 6, 1.33), qui désigne la conformité, la fidélité, la cohérence de notre obéissance à la volonté de Dieu exprimée dans la loi (au sens large, par la Torah et les Prophètes (Mt 5, 17) dans l’Ancien Testament).
Face aux dérives de certains responsables religieux de son temps – les scribes et les pharisiens – Jésus en appel à une justice « plus abondante » (Mt 5, 20)[1], à une fidélité plus radicale par rapport aux exigences premières de la Torah.

En effet, il ne suffit pas de connaître la loi, il faut encore la mettre en pratique.
Pour cela, il faut, d’une part, l’écouter et l’interpréter, et, d’autre part, répondre à ses exigences, lui obéir.
C’est finalement la même chose pour l’Evangile aujourd’hui. D’un côté, il nécessite un processus de connaissance : de lecture et d’interprétation. De l’autre, il faut en vivre. Sinon, il reste « lettre morte », il n’aboutit à aucun changement, à aucune transformation.

A la base de cette approche de la loi (comme de l’Evangile) se pose donc une question très sérieuse :
Comment interpréter la loi ? Comment « réaliser » ce qui est écrit ? Comment le mettre concrètement en pratique ?
Quel doit être le critère fondamental qui nous permet de « vivre » la loi dans son esprit… sans en rester à une interprétation littéraliste, réductrice ou légaliste de loi ?

A travers la critique que Jésus adresse aux scribes et aux pharisiens qu’ils qualifient d’hypocrites (c’est-à-dire de dissimulateurs et de calculateurs), Jésus nous donne des éléments de réponse :
La question de la « réalisation » de la loi, de son interprétation, de sa « mise en pratique » ne peut pas être déliée de la question de la justice (Mt 5, 20 ; 6, 33 ; 7, 23 ; 15, 6s ; 23, 23).
Mettre en pratique la loi signifie avant toute chose rechercher « la justice, la miséricorde et la fidélité » (Mt 23, 23).
La Loi ne sert qu’à cela : accomplir la volonté de Dieu… sa volonté de justice… pour que les hommes vivent entre eux des relations justes.

Pour Jésus, l’Ecriture (la Loi et les Prophètes, comme expression de la volonté de Dieu) est un instrument au service de la justice. Ce qui caractérise cette justice dont parle ici Jésus, ce n’est pas la réciprocité, l’échange, le donnant-donnant, mais c’est le don, la gratuité, l’amour, la bienveillance, la magnanimité, la compassion. Car ce qui fonde cette justice, ce n’est pas une loi humaine, mais c’est Dieu lui-même, qui est bon et compatissant avec chacun (qu’il soit bon ou méchant, juste ou injuste).
Cela signifie que celui qui fonde sa vie sur Dieu, est appelé à agir comme Lui. Celui qui met toute sa confiance en la miséricorde de Dieu est invité à agir aussi selon la miséricorde de Dieu (Mt 5, 45.48 ; Lc 6, 36 ; Lv 19, 2).
Notre comportement – en tant qu’enfants de Dieu (Rm 8, 14s) – doit être en cohérence avec celui de Dieu, notre Père, qui octroie le soleil et la pluie à tout le monde, gratuitement et sans distinction.
Pour Jésus, c’est donc la générosité et la gratuité qui permettent d’accomplir la volonté de justice de Dieu. Cet idéal de justice n’est pas fondé sur le système de l’échange, de la réciprocité, mais sur celui de l’amour et du don, qui invite chacun à agir à la manière de Dieu, en prenant l’initiative en faveur d’autrui (Mt 7, 12).
En matière d’interprétation de la loi, l’agir de Dieu constitue donc pour Jésus la seule référence (Mt 5, 48). Et puisque Dieu est parfaitement miséricordieux, nous sommes appelés à être aussi parfaitement miséricordieux (Mt 5, 21-48).

La question en jeu au cœur de notre passage est une question « herméneutique ». La question qui se pose aux Juifs et aux premiers Chrétiens – et c’est toujours une question d’actualité dans le droit contemporain – c’est de savoir comment interpréter la loi ?
Chacun peut soutenir sa propre lecture avec des différents arguments. Bien souvent, un bon juriste va essayer de trouver une faille ou une disposition particulière dans le droit (ou un texte de jurisprudence) pour arriver à tourner la loi à son profit, dans le sens qui l’arrange.
A l’époque de Jésus, ce sont les Rabbi et leurs écoles qui produisent ce travail de lecture et d’interprétation de la loi.
La conviction de l’évangéliste Matthieu, c’est qu’on ne peut se contenter d’appliquer la loi selon la tradition d’interprétation de la synagogue – qui  fournit, en quelque sorte, une lecture « basse », édulcorée, « insipide » de la loi – mais c’est la lecture qu’en fait Jésus qui permet sa juste réalisation, qui « accomplit » véritablement la loi dans son intention originelle.

Pour savoir qu’elle est la bonne interprétation, il faut, en effet, essayer de revenir à la source, à l’intention première de celui qui a formé cette loi… aujourd’hui, on dirait à l’intention du Législateur.
C’est ce travail, ce discernement concernant l’intentionnalité des commandements divins que Jésus livre ici dans son sermon sur la montagne, à travers quelques exemples, en partie inspirés du Décalogue (des Dix Paroles de l’alliance du Sinaï).
Pour Jésus, l’accomplissement de la loi doit avant tout conduire à plus de justice. (La justice est le critère d’obéissance à la loi.) Or, ce n’est pas le cas, avec l’interprétation qu’en propose la tradition : les scribes et les pharisiens.
Jésus va donc partir de la tradition orale des scribes, c’est-à-dire de l’interprétation normative de la Torah, transmise oralement. (A cette époque, le peuple ne lisait pas le texte, mais entendait la parole proclamée dans les synagogues et interprétée dans les écoles). C’est à chaque fois la petite phrase : « vous avez entendu… vous avez appris qu’il a été dit [aux anciens]… ».
Puis, à partir de cette interprétation qu’il juge limitée ou insuffisante, Jésus va révéler le sens véritable de la loi, en démontrant que l’Ecriture peut signifier beaucoup plus que ce que nous en avons compris. C’est la figure rhétorique (la seconde partie de la phrase) : « Mais, moi j’ajoute… et moi, je vous dis… » qui permet à Jésus d’expliquer sa lecture de la Torah, plus exigeante et plus radicale.
Il ne s’agit pas ici a proprement parlé d’une nouvelle loi, mais de l’interprétation que Jésus en propose et que l’évangéliste Matthieu nous rapporte parce qu’elle lui semble véritablement bonne et juste.

Précisément, pour l’évangéliste Matthieu, Jésus est venu « accomplir » la Loi mosaïque (Mt 5, 17), c’est-à-dire en donner une juste interprétation, en révéler l’intention, le sens, la visée voulus par Dieu, et ainsi la mener vers sa pleine réalisation, jusque dans ses moindres détails (Mt 5, 18).
Pour Matthieu, Jésus – le Messie de Dieu – prend ici les traits d’un nouveau Moïse, qui interprète la Torah selon l’autorité qu’elle avait à son origine.
En réalité, Jésus ne se limite pas à interpréter la Torah, mais il l’incarne concrètement par son existence, sa communion avec Dieu, ses relations aux autres. 
Par sa vie, Jésus est lui-même le modèle de la Torah : la Torah vivante.

Affirmer que « Jésus accomplit la loi » a des conséquences pour les disciples, pour ceux qui veulent écouter et suivre le Christ. Concrètement cela signifie deux choses :

- Premièrement, Jésus ramène chaque précepte particulier à son principe, rendu à son intention originelle, « radicalisé ».
Les disciples du Christ ne peuvent pas ignorer cette interprétation de la loi proposée par Jésus.
Si Jésus, accomplit la Loi mosaïque, suivre le Christ – être son disciple, lui obéir – signifie « participer » – prendre part – à cette Torah vivante qui recherche la justice de Dieu.
Être disciple du Christ, c’est aussi rechercher cette intentionnalité des commandements divins que révèle Jésus dans son sermon sur la montagne, et c’est mettre en œuvre tout ce qui possible – là où nous sommes – pour favoriser l’accomplissement de la justice.

- Deuxièmement, tous les préceptes sont ramenés à un unique principe, récapitulé dans le commandement exemplaire de l’amour du prochain... l’amour du prochain élargi jusqu’à l’amour des ennemis, l’amour sans contrepartie, qui est vraiment l’accomplissement de toute la Torah (cf. Mt 5, 43-48 ; Mt 22, 34-40 ; voir aussi Rm 13, 8-10 ; Ga 5, 14 ; Jc 2, 8).
Cela veut dire que l’accomplissement de la loi ne peut pas être délié de l’amour. La justice voulue par Dieu n’appartient pas au registre de la symétrie, de la réciprocité, de l’échange, mais – comme l’amour – elle s’inscrit dans le registre du don, de la gratuité… sans mérite, sans condition.

- pause musicale -

Alors, ce matin, pour être plus concret, arrêtons-nous sur quelques exemples donnés par Jésus :
* « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : "Ne tue pas." Ou plutôt , celui qui tuera : sera passible du jugement. Mais moi je vous dis que quiconque se mettra en colère contre son frère sera passible du jugement, et celui qui dira à son frère "raca"[2] sera passible du sanhédrin[3], et celui qui lui dira "stupide" sera passible de la géhenne du feu[4] » (Mt 5, 21-22).
L’interprétation restrictive de la Torah que Jésus récuse est que seul les actes interdits par la Loi sont condamnables et susceptibles d’être poursuivis par un tribunal humain.
Pour Jésus, ce ne sont pas seulement les actes qui comptent, mais les mots et les intentions.
D’une part, il affirme que la colère est déjà moralement « coupable » d’homicide. Cette interprétation se fonde notamment sur le livre du Lévitique ou sur le Siracide. Je cite :
« N’aie aucune pensée de haine contre ton frère […] ne te venge pas, et ne soit pas rancunier à l’égard des fils de ton peuple ; c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi même » (Lv 19, 17s).
« D’aucune injustice ne garde rancune à ton prochain, ne fais rien dans un mouvement de violence » (Si 10, 6).
D’où cette affirmation que l’on trouve dans la première épître de Jean :
« Quiconque hait son frère est un meurtrier » (1 Jn 3, 15 ; voir aussi 1 Jn 4, 20).
D’autre part, nous savons qu’il n’y a pas que les actes qui peuvent attenter à la vie d’autrui. Les mots ont aussi le pouvoir de blesser, d’offenser, d’écraser, et même de « tuer » symboliquement notre prochain. Jésus soulève ainsi la gravité du fait d’insulter ou de rabaisser son frère (ou sa sœur). Dire du mal, maudire, médire à l’égard d’un autre, est une façon de toucher à sa vie, à sa personne, à son intégrité, son honneur ou sa respectabilité. C’est une manière de réduire l’autre à la projection et à l’objet de ma propre colère. C’est une manière de lui refuser la vie et de tendre à son anéantissement.
Ensuite, Jésus tire les conséquences de cette manière d’interpréter la Torah :
« Si donc tu offres un don sur l’autel, et que là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton don, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; et alors viens offrir ton don. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire tant que tu es encore en chemin avec lui, de peur que cet adversaire ne te livre au juge, le juge au gendarme, et que tu ne sois jeté en prison. Amen je te dis : tu ne sortiras pas de là tant que tu n’auras pas payé jusqu’au dernier centime » (Mt 5, 23-26).
Si rien ne doit affecter la relation avec mon frère, ni acte, ni parole, ni intention mauvaise, il en découle dans le cas contraire – si j’ai infligé un tort à autrui – la nécessité d’une restauration du lien en vue d’une réconciliation fraternelle. Ici, ce qui est mis en avant c’est l’urgence d’agir avant qu’une blessure ne se transforme en ressentiment, en rancœur ou en haine, c’est l’urgence d’aller voir son frère pour tenter de réparer le tort causé, solliciter son pardon et restaurer le lien qui a été altéré ou rompu avec lui.
La formulation solennelle « Amen, je te le dis », qui sonne comme une parabole du jugement dernier, veut simplement nous faire comprendre que la dynamique du jugement dernier est la même que celle de tous les jours et doit inspirer un comportement analogue… un comportement fondé sur l’amour, le pardon, la bonté et la compassion envers le prochain.
Enfin, cette interprétation de la loi nous montre que, pour Jésus, le culte rendu à Dieu ne peut pas être séparé du service du frère[5]. Il n’y a pas, d’un côté, Dieu, et de l’autre, le frère. Mais il y a une cohérence dans notre rapport à l’Autre, dans notre vie relationnelle (cf. Mt 25, 31-46 ; Jn 13, 35).
C’est pourquoi Jésus recommande la voie de la réconciliation et l’amour du prochain.

* Le deuxième exemple donné par Jésus sur le mariage (Mt 5, 27-32) est plus complexe.
« Vous avez entendu qu’il a été dit : "Ne commettez pas d’adultère". Mais moi je dis que quiconque regarde une femme en la désirant a déjà commis l’adultère avec elle, dans son cœur. Si ton œil droit te fait trébucher, arrache-le et jette-le loin de toi […] » (Mt 5, 27-29).
Pour Jésus, la manière dont je regarde l’autre peut avoir des conséquences et même causer du tort à une autre union conjugale.
Ce qui est mis en cause, ce n’est pas le désir (en tant que tel), mais c’est le désir de possession : la convoitise active à l’égard de la femme du prochain.
L’interdiction de l’adultère est ici ramené à l’intention, à ce qui est susceptible de provoquer la chute : le regard qui convoite la femme de l’autre comme un objet. Cette interprétation peut paraître radicale, mais, en réalité, elle n’est pas propre à Jésus. On en trouve de solides parallèles chez les rabbins, par exemple ce commentaire de Rabbi Shim’on ben Laquish sur « l’œil de l’adultère » (un terme employé dans le livre de Job : cf. Jb 24, 15) : « "l’œil de l’adultère" : afin que tu ne penses pas que seul celui qui commet le péché avec son corps est un adultère. Celui qui commet le péché avec son œil est lui aussi un adultère ».[6]
Ces deux interprétations nous montrent que l’œil qui, en fait, devrait servir à éviter les « obstacles »[7] est en réalité, bien souvent, la cause de la chute.[8] 
C’est pourquoi, Jésus va insister sur la nécessité de purifier notre regard (qui traduit l’intention du cœur ou de la volonté). Il va comparer l’œil à la lampe du corps. « Si ton œil est sain[9], ton corps tout entier sera dans la lumière » (Mt 6, 22).

Cette question de l’œil – de la manière de regarder et de voir – me semble tout à fait intéressante pour penser notre rapport à l’autre dans la société. En effet, bien souvent, de la manière dont je regarde l’autre découle la façon dont je le considère. Si je regarde l’autre comme un objet, comme un inférieur ou un subordonné, j’ai toutes les chances de ne pas le traiter comme une personne, comme un sujet à part entière, mais seulement comme un objet, une marchandise ou une prestation à mon service.
C’est la raison pour laquelle les mouvements féministes ont raison au moins sur un sujet : celui de la publicité (aussi bien dans les magazines, sur Internet ou à la télévision) qui tend à chosifier, à objectiver la femme, à la réduire à un objet de jouissance au service du plaisir de l’homme. Cette manière de voir réductrice et utilitariste de plus en plus fréquente dans notre société ultra-matérialiste est totalement anti-évangélique, car l’amour du prochain veut reconnaître en tout autre (homme ou femme) non seulement mon semblable, mais mon prochain, sur lequel peut se porter un regard d’amitié ou d’amour, qui n’est pas un regard de domination, de possession ou de convoitise.
Aimer l’autre pour lui-même, c’est d’abord l’aimer en tant que sujet – gratuitement, sans condition – et non pour ce qu’il peut faire ou procurer. C’est toute la différence entre le système de l’échange (établissant une relation de type commercial) et l’esprit du don (qui laisse place à la reconnaissance de l’autre et à l’amour sans condition).
C’est au regard de cette notion de « don » qu’il faut envisager notre vie relationnelle, y compris conjugale. L’amour ne consiste pas à posséder ou à prendre l’autre, mais à le recevoir comme un don, parce qu’il se donne. Il en est de même, pour moi-même : je ne me prends pas, je ne me possède pas par moi-même, mais je me reçois d’un Autre.[10]

A ce cas, Jésus ajoute, en forme de complément, le précepte du divorce[11] : « Il a été dit : "Que celui qui répudie sa femme lui donne [un document de] séparation." Mais moi je vous dis que quiconque répudie sa femme – sauf en cas d’impudicité – la contraint à être adultère ; et qui épouse une répudiée, commet un adultère » (Mt 5, 31-32).
Jésus rappelle que la volonté de Dieu est que « l’homme se sépare pas ce que Dieu a uni » (Mt 19, 6) et donc qu’il ne divorce pas. Pour lui, il n’y a qu’un cas qui puisse véritablement justifier le recours au divorce, c’est celui de l’ « impudicité » [porneia]. Cette notion assez imprécise semble inclure tout acte sexuel immoral selon la loi : inceste, unions consanguines (Lv 18, 6s ; 1 Co 5, 1), prostitution (1 Co 6, 12s) ou adultère (Lv 18, 20).
Cependant, cette clause restrictive qui explicite les situations possibles de répudiation n’habilite pas ceux qui se séparent (même dans ce cas) à contracter de nouvelles noces. Dans ce domaine, on peut dire que l’interprétation de Jésus est plus radicale que celle des scribes.
Face à cette interprétation, une question mérite d’être posée : Pourquoi ces cas d’« impudicité » constituent-ils une exception ? A mon avis, parce qu’ils correspondent à des situations où la réconciliation devient extrêmement difficile. En dehors de ces situations, pour Jésus, la voie du dialogue, de la confiance et de la fidélité doit être privilégiée.
Il me semble que ce que Jésus met en avant, à travers cette interprétation de la loi, c’est l’incompatibilité du mariage avec l’égoïsme. Il nous propose une vision du mariage libéré du plaisir égoïste et vécu au service de l’amour. La voie de la justice est, pour lui, celle de la responsabilité personnelle et de l’amour fidèle dans laquelle chacun des membres du couple doit s’engager pour l’autre, et pour l’avenir du couple.
C’est vraisemblablement sur cette interprétation de Jésus que l’Eglise catholique a fondé sa position concernant le mariage et l’impossibilité d’un remariage pour des personnes divorcées.
Les Eglises protestantes ont pris une position différente, car, pour elles, le mariage n’est pas un sacrement. (Il n’a pas été institué par le Christ.) Il relève de la bénédiction d’une alliance de la part de Dieu : bénédiction d’une union conjugale reconnue civilement où chacun s’est engagé à la fidélité et à l’assistance mutuelle.
Cependant, l’échec d’une relation étant possible (comme chacun le sait), les Eglises protestantes acceptent le mariage de personnes divorcées, car elles croient à la grâce d’une bénédiction sur un nouveau projet de vie.
De toutes façons, la sociologie et les situations matrimoniales ont tellement évolué depuis un siècle dans notre société, que les églises ont dû s’adapter, dépasser l’interprétation littérale de ce précepte, et s’interroger sur le fond (sur l’esprit de la volonté de Dieu).
Il me semble que nous pouvons, nous aussi, faire cet effort d’interprétation. Le but de Jésus n’est pas de produire de la culpabilité, mais de nous indiquer la voie de la meilleure justice… et donc de nous appeler à la vigilance dans notre mode de relation à l’autre, y compris dans le couple.
Derrière cette lecture de Jésus, plusieurs points importants me semblent toujours d’actualité : le respect de l’autre et de la parole donnée, le sens de l’engagement, la fidélité. Dans une société comme la nôtre, où tant de couples se séparent si facilement pour des raisons parfois secondaires, il faut rappeler le sens de ces valeurs. Jésus valorise la responsabilité mutuelle, l’engagement réciproque et le pardon.
Un couple se construit dans la durée, malgré les obstacles. Il ne suffit pas de se mettre sous le regard de Dieu le jour de son mariage. C’est une relation à poursuivre aussi avec l’aide de Dieu et avec son amour, jour après jour.

* Enfin, le troisième exemple est celui sur le serment (Mt 5, 33-37)[12]. Un serment est « un acte qui consiste à invoquer publiquement Dieu comme témoin d’une déclaration que je fais concernant quelque chose de passé, de présent, ou de futur »[13]. La loi admet le serment (Dt 6, 13 ; 10, 20). Mais la préoccupation de la loi est toujours de sauvegarder la sainteté de Dieu, appelé à cautionner le serment.
Pour résoudre cette difficulté, les rabbins admettaient le serment, à condition que l’on évite de prononcer le nom de Dieu. Ainsi, on jurait par le ciel, par la terre, etc. (Mt 23, 16-22). Jésus réagit à cet usage qui rendait les serments trop fréquents. Il s’oppose à cette façon de faire : pour lui, il est préférable de ne pas jurer du tout (voir déjà Qo 5, 4). Il suffit de proscrire le mensonge : que le oui soit oui et le nonnon (Mt 5, 37 ; Jc 5, 12).
En d’autres termes, Jésus dénonce l’hypocrisie et les risques de cet usage. Une parole fiable et vraie se suffit à elle-même. Elle a sa propre valeur, son propre poids. Elle n’a pas besoin d’invoquer une garantie extérieure.
D’une part, Jésus valorise ici encore l’engagement de la parole donnée, la franchise et la fidélité nécessaires dans les décisions. D’autre part, comme il avait critiqué toute attitude qui réifie[14] ou fonctionnalise l’autre (Mt 5, 21-32), il s’oppose également à une attitude (ou un serment) qui pourrait manipuler ou utiliser Dieu lui-même (Mt 5, 33-37).

La justice qu’enseigne Jésus se manifeste donc dans l’interdiction d’objectiver autrui (Mt 5, 17-21). Elle défend d’instrumentaliser le « frère » et Dieu.

* Conclusion :  …  Alors, frères et sœurs, que pouvons-nous retenir de cette méditation ?

La volonté de Dieu, qu’exprime l’Ecriture, n’est pas de nous enfermer dans un carcan, mais de nous conduire à la vraie liberté : celle des enfants de Dieu.
Si nous tentons de reprendre les quelques exemples que nous avons parcourus : éviter la colère contre son frère, rechercher la relation et la réconciliation ; ne pas développer un rapport de convoitise, de domination ou de possession vis-à-vis de l’autre, tendre à la fidélité ; ne pas manipuler ou instrumentaliser Dieu, s’engager dans la vérité… nous pouvons voir que la loi n’a pas pour but d’éteindre la flamme de notre désir, mais de libérer ce désir de l’égoïsme et de l’égocentrisme, pour le tourner vers l’Autre, vers ce qui construit la relation à l’autre.
La loi est ce que l’homme est invité à faire lorsqu’il a compris qu’il était aimé par un Dieu cherchant à le libérer.
C’est pourquoi Jésus invite ses disciples à obéir à la loi en la pratiquant avec le cœur (cf. Jr 31, 33), sans tomber dans une lecture littéraliste ou légaliste de la loi (qui nous enfermerait dans application de principe, sclérosante et stérilisante), ni dans une interprétation relativiste, où chacun s’accommoderait comme il veut des préceptes qu’il choisit, en les adaptant à sa guise.
En tant que disciples du Christ, nous sommes conduits à persévérer et à progresser dans l’accomplissement des commandements de Dieu, dans sa volonté de justice dans nos relations avec notre prochain. Car le but de la loi vécue en Christ – dans la dynamique du Royaume, du monde nouveau de Dieu – est bien de nous conduire à une justice « plus abondante » (Mt 5, 20) dans nos relations fraternelles.
En d’autres termes, la loi nous est donnée pour que nous ne nous laissions pas asservir par nous-mêmes (par nos pulsions ou par les idoles que nous fabriquons), pour nous protéger et protéger les autres des excès de notre égoïsme. Son but est de nous aider à « mieux » aimer, à vivre des relations plus « justes » avec les autres.

Ce qui paraît évident – et ce que nous montre Jésus (par sa vie) – c’est qu’« il n’y a pas d’accomplissement de la loi sans communion avec Dieu »[15]… sans communion avec la volonté de Dieu, révélée dans l’Ecriture, éclairée par l’Esprit Saint.
Si Jésus Christ accomplit la loi, vivre en communion avec le Christ (en écoutant ses paroles), c’est déjà « participer » – prendre part – à cet accomplissement.

Jésus nous invite à accomplir la loi en nous enracinant dans la justice[16] et dans l’amour.
Il n’y a pas de mise en pratique de la loi sans justice, et pas de justice sans amour.
La justice réside dans la confiance et dans la loyauté entre personnes, reconnues comme sujets.
L’amour s’inscrit dans la logique de la gratuité qui caractérise le don.

En guise de résumé, nous pourrions retenir la dernière phrase de notre passage :
« Soyez donc, vous [aussi], parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48).
Autrement dit, « soyez parfaitement miséricordieux comme votre Père céleste est parfaitement miséricordieux ».
La perfection à laquelle Jésus appelle ses disciples est paradoxale (Mt 5, 48). Car elle a pour modèle la miséricorde inconditionnelle et la magnanimité de la providence de Dieu, qui distribue généreusement et gratuitement ses dons et ses bienfaits, à tous, sans condition et sans distinction (Mt 5, 43-48 ; Mt 6, 25-34).
Cela signifie que le seul « idéal de perfection » à rechercher nous est, en réalité, déjà donné : c’est celui de l’amour de Dieu… un amour fait de compassion et de miséricorde… qui s’exerce dans la bonté à l’égard de chacun.
(N’oublions pas que Jésus accomplit la loi d’amour, en mangeant avec les publicains, en pardonnant les péchés, en aimant jusqu’au bout, jusqu’à la croix.)
Il ne s’agit pas d’un « idéal de perfection » qui classe, qualifie ou disqualifie les individus selon leurs qualités ou leurs mérites, mais d’une dynamique qui nous invite à vivre à l’image de Dieu : à l’image de sa perfection, qui se manifeste par une logique d’amour et de surabondance.
Jésus nous appelle à faire de même : à enraciner notre demeure dans l’amour du Père.
Ce n’est pas là un idéal de sainteté à atteindre par nos seules forces – ce qui serait impossible – mais il s’agit de répondre et de transmettre ce que nous avons nous-mêmes reçu : d’être « des courroies de transmission » de la grâce, de l’amour premier de Dieu.
Pour cela, il nous faut consentir à un retournement de notre manière de penser, à un changement de mentalité (c’est-à-dire à une conversion) : Jésus nous invite à quitter la logique de l’échange ou du calcul, propre aux hypocrites[17], pour inscrire notre existence dans l’esprit du don… qui accomplit la volonté de Dieu, dans l’amour, et par amour.
Alors, pour accomplir la loi, laissons « simplement » Dieu régner sur nos vies. C’est en vivant (à la suite du Christ) dans la confiance et dans la communion avec Dieu que nous recevons de lui la possibilité d’accomplir sa volonté : de transmettre gratuitement son amour autour de nous[18].
Amen.


[1] « Être plus abondant » (v.20) veut dire « surabonder » et ici aussi « surpasser » l’obéissance à la Torah qui caractérise les scribes et les pharisiens. Le « plus » est ici qualitatif (et non quantitatif) : c’est un appel à la « perfection » (cf. Mt 5, 48).
[2] « Raca » est un mot araméen qui signifie « (tête) vide », c’est-à-dire, imbécile, fou, insensé !
[3] C’est-à-dire de la « cour suprême » se prononçant en dernière instance, à Jérusalem.
[4] La géhenne : ravin de Jérusalem où l’on situait les anciens sacrifices à Moloch ; symbole du jugement et de la perdition.
[5] D. Bonhoeffer, [Nachfolge], Le Prix de la Grâce, Delachaux et Niestlé, p.89 : « Dieu ne veut pas se laisser séparer de notre frère. Il ne veut pas qu’on l’honore, lui, si l’on déshonore un frère. Il est le Père ; il est même le Père de Jésus-Christ qui est devenu notre frère à tous ».
[6] Lévitique Rabba, XXIII, 12.
[7] Le mot grec « skandalon » s’applique à quelque chose qui fait trébucher celui qui marche, que ce soit un fil ou un obstacle.
[8] Mt 5, 29s : une sentence semblable se trouve en Mt 18, 8s.
[9] haploûs : simple, intact, sans arrière-pensée, c’est-à-dire, intègre, parfait. L’œil simple est celui qui ne se laisse pas séduire par la cupidité ou par la jalousie : les rabbins parlent d’un « œil bon ».
[10] C’est à la lumière de ces affirmations qu’il faut comprendre la notion de « chasteté » y compris dans le mariage. « L’être chaste » s’oppose à « l’être incestueux ». Ce dernier supprime la différence entre les générations et entre les sexes au profit de son propre plaisir, de sa propre satisfaction. L’être incestueux possède l’autre pour la propre satisfaction de ses pulsions. Or la chasteté est tout le contraire. La chasteté respecte profondément la différence et refuse de posséder l’autre. Le plaisir reste la médiation de la rencontre et non pas l’élimination de l’un des deux partenaires au profit de son propre plaisir. 
La chasteté consiste à recevoir l’autre comme un don et à être reçu soi-même comme un don. Je ne prends pas l’autre, je le reçois parce qu’il se donne. Et moi-même je ne me prends pas, je me reçois d’un autre. (Cf. Michel Kobik)
[11] Il ne s’agit pas ici d’un commandement du Décalogue, mais de Dt 24. Concernant le mariage et le divorce, voir aussi Mt 19, 1-9.
[12] Voir Ex 20, 7 ; Lv 19, 12 ; Nb 30, 3 ; Dt 23, 22 ; Qo 5, 4 ; Jc 5, 12.
[13] D. Bonhoeffer, [Nachfolge], Le Prix de la Grâce, Delachaux et Niestlé, p.94.
[14]  Chosifie.
[15] D. Bonhoeffer, [Nachfolge], Le Prix de la Grâce, Delachaux et Niestlé, p.84 : « Il n’y a pas d’accomplissement de la loi sans communion avec Dieu ; il n’y a pas non plus de communion avec Dieu sans accomplissement de la loi ».
[16] « La justice comprise comme accomplissement de la volonté de Dieu désigne le but existentiel que le Père céleste confère à la vie humaine (Mt 6, 33) » (M. Stiewe et F. Vouga, Le Sermon sur la Montagne, Labor et Fides, p.67.)
[17] « La caractéristique de l’hypocrisie est qu’elle comprend sa relation à Dieu et avec les hommes dans le cadre d’un système de l’échange. Ses actes sont motivés par le calcul du gain et de la récompense, de sorte que Dieu et l’autre sont objectivés en étant pratiquement réduits au simple rôle de partenaires commerciaux. » (M. Stiewe et F. Vouga, op.cit., p.63.)
[18] Pour l’évangéliste Matthieu, la perfection est un don : « un don que le sujet reçoit gratuitement lorsqu’il met toute sa confiance en la bonté et la générosité démesurée du Père céleste […]. Dans cette certitude, il est libéré de lui-même et du souci pour son avenir. » (M. Stiewe et F. Vouga, op.cit., p.105.)

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