dimanche 18 mars 2012

Mt 5, 9

Mt 5, 9

Lectures bibliques : Mt 5, 8-9 ; Mt 5, 43-48 ; Jn 14, 23-29 ; Jc 3, 13-18 
Série de prédications sur Mt 5 à 7 (le sermon sur la montagne) : n°3 – Mt 5, 9
Thématique : devenir « artisans de paix »

Prédication = voir plus bas, après les lectures

Lectures

- Mt 5, 8-9  (NBS)

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !

- Mt 5, 43-48  (TOB)

Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. 46Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir ? Les collecteurs d'impôts eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? 47Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens n'en font-ils pas autant ? 48Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

- Jn 14, 23-29  (TOB)

23Jésus lui répondit : « Si quelqu'un m'aime, il observera ma parole, et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. 24Celui qui ne m'aime pas n'observe pas mes paroles ; or, cette parole que vous entendez, elle n'est pas de moi mais du Père qui m'a envoyé. 25Je vous ai dit ces choses tandis que je demeurais auprès de vous ; 26le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. 27Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. 28Vous l'avez entendu, je vous ai dit : “Je m'en vais et je viens à vous.” Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi. 29Je vous ai parlé dès maintenant, avant l'événement, afin que, lorsqu'il arrivera, vous croyiez ».

- Jc 3, 13-18  (NBS)

13Qui est sage et intelligent parmi vous ? Que celui-là montre ses œuvres par sa belle conduite, avec douceur et sagesse. 14Mais si vous avez au cœur une passion jalouse et amère ou une ambition personnelle, n'en soyez pas fiers et ne mentez pas contre la vérité. 15Cette sagesse-là n'est pas celle qui descend d'en haut : elle est terrestre, animale, démoniaque. 16En effet, là où il y a passion jalouse et ambition personnelle, il y a du désordre et toutes sortes de pratiques mauvaises. 17La sagesse d'en haut, elle, est d'abord pure, ensuite pacifique, conciliante, raisonnable, pleine de compassion et de bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. 18Or le fruit de la justice est semé dans la paix par les artisans de paix.


Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 18/03/12

Jésus ne dit pas « je vous fiche la paix ! », mais « je vous donne ma paix » (Jn 14, 27).

Le Christ ne donne pas la paix à la manière du monde.
Pour travailler à l’avènement du monde nouveau de Dieu où « Amour et vérité se rencontrent, paix et justice s’embrassent » – comme le chante le psaume 85 (Ps 85, 11) – Jésus a employé d’autres armes que celles que nous fabriquons.
Il n’a pas revêtu une tenue de combat, ni un gilet pare-balles, mais il a accepté d’encaisser les coups…de tout recevoir des autres, leur amour comme leur péché… en revêtant le manteau des béatitudes.
C’est là la tenue qu’il nous offre pour nous inviter à approcher du royaume des cieux et devenir « artisans de paix » (Mt 5, 9). 

En nous donnant ce commandement : « aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5, 44), on peut dire que Jésus ne nous fiche pas la paix, mais nous demande de la vivre et de la porter : de briser les engrenages de la violence, … d’être des ambassadeurs de paix et de réconciliation autour de nous.

* Alors… que faut-il comprendre derrière ce mot « paix » ?

Le terme « paix » est souvent compris comme un synonyme de calme, de quiétude, de sérénité, de tranquillité.
Mais, lorsqu’on associe la paix à la tranquillité, on lui donne, en réalité, une connotation plutôt égoïste, comme si la paix ne pouvait advenir que dans le repli sur soi, dans un univers clos, en étant protégé de l’influence des autres, en cultivant son jardin, à l’abri de l’extérieur.

Trois autres synonymes paraissent beaucoup plus intéressants pour parler de la « paix » selon Jésus : les mots « douceur », « apaisement » et « réconciliation ».

En tant que porte-Parole de Dieu, en tant que porteur de l’Esprit de Dieu, Jésus nous dit : « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14, 27).
Il nous indique par là que cette paix vient de Dieu, qu’elle est d’abord à recevoir (1), puis à transmettre (2).

(1) La paix dont Jésus parle, n’est pas celle de notre monde : elle dépasse le silence des armes ou un sentiment de bien-être béat.
Elle ne s’impose pas par la force, mais elle se reçoit dans l’amour.
La véritable paix est d’abord quelque chose à rechercher et à recevoir. C’est le fruit de l’Esprit Saint, et ce fruit est l’ultime produit d’un long processus. Il faut d’abord planter la graine, nourrir le sol, l’arroser, puis attendre que la plante pousse, que la fleur apparaisse et finalement cueillir le fruit.
Mais il arrive que notre plante soit taillée par les épreuves de la vie, alors cette paix met du temps pour advenir.
La paix se creuse dans la confiance, dans la relation à Dieu. Elle naît dans la patience et la persévérance d’une relation qui se noue et se construit.

(2) Ensuite, les béatitudes nous rappellent que la paix est aussi le fruit de la justice : il ne peut y avoir de paix que là où chacun s’enracine dans la bonté, la fraternité et l’amour du prochain. Cette paix (à recevoir) est donc aussi à transmettre.
Mais transmettre la paix, pour la faire croître autour de nous, n’est pas de tout repos.
En nous donnant les béatitudes, en nous appelant à rechercher le royaume et sa justice (Mt 6, 33), Jésus ne nous invite pas à la tranquillité ou à l’insouciance, mais il nous appelle à assumer une responsabilité, à être les artisans de cette paix, à travailler pour elle, et donc à travailler pour Dieu.

Précisément, la promesse qui est faite aux « artisans de paix », c’est d’être appelés « fils de Dieu ». « Être appelé » est un hébraïsme pour signifier « être » ou « devenir » (cf. Mt 5, 19 ; 1 Jn 3, 1). « Ils seront appelés » c’est-à-dire que ceux qui sont artisans de paix « deviendront » réellement « fils de Dieu ». Ils seront reconnus comme tels, comme Jésus, nommé « fils de Dieu ».
Le « fils de Dieu », c’est Celui qui est le mandataire, le représentant, le « lieu-tenant » de Dieu sur terre, son serviteur, son Révélateur, son auto-manifestation pour les hommes.
L’adoption comme « fils » est le plus grand privilège d’Israël (Rm 8, 23 ; 9, 4). Et c’est cette vocation à être des « fils » que Jésus propose à tous ceux qui veulent répondre et s’engager à promouvoir la paix, à la manière de Dieu.

* Être « artisan de paix » dans un monde qui n’est ni paisible, ni pacifique constitue un défi.
En effet, il est facile de répondre par la paix à celui qui vient dans la paix, mais comment faire œuvre de paix dans un monde marqué par l’agressivité et la concurrence, par la force et la violence des plus puissants qui écrasent… qui nourrissent jalousie et rivalité.

Être « artisan de paix » nécessite en premier lieu de renoncer à la violence, à la vengeance, aux rapports de force.
Dans notre monde, une telle attitude peut être vue comme une défaite, voire pour certains comme une lâcheté, ou, dans le meilleur des cas, comme de la naïveté.
Mais, en réalité, quel avenir les relations de violence ou les rapports de force promettent-ils ? Ils sont synonymes d’immobilisme, de fatalité, de désespoir. Si l’homme en reste à la seule logique de la réciprocité, alors demain sera comme aujourd’hui, dans la répétition du même.
En nous invitant à quitter cette logique du donnant-donnant, les béatitudes nous promettent un autre avenir… un avenir nouveau.
Pour ce faire, elles nous invitent à marcher dès aujourd’hui sur un autre chemin.

Être « artisan de paix » dans notre monde, implique une conversion, un changement de mentalité, de mode de communication. Car il s’agit d’adopter un comportement nouveau, qui ne s’inscrit pas dans la réciprocité, dans la symétrie, afin de ne pas propager l’agressivité, l’acrimonie, la dureté, la violence, la méchanceté, l’injustice, lorsqu’elles nous sont communiquées. Répondre à l’agressivité ou à la violence autrement que par elles, autrement que par la riposte du « tac au tac », autrement que par un enchérissement de la chaîne de la violence, nécessite d’être celui qui va y mettre un terme.

Et c’est là quelque chose d’extrêmement difficile, car qui d’entre nous – à différents niveaux – n’a jamais été confronté – comme récepteur ou comme émetteur – au poids de la critique, de la fâcherie (pour ne pas dire de la vacherie), de la méchanceté, de la médisance… ou pire… au mépris de l’indifférence, de la calomnie, de l’injure ou de l’injustice… et n’a pas succombé à l’envie d’y répondre de la même manière ?

* Alors… comment faire pour ne pas répondre en miroir, comment faire pour surmonter le mal, en ne le reproduisant pas, et même en en libérant l’autre, en semant l’amour là où l’hostilité surgit, en ouvrant les portes là où elles semblent se fermer ?

Parvenir à surmonter le mal, l’agressivité, la violence, … ne pas y répondre, et y mettre un terme,… cela nécessite de modifier notre manière de voir, d’être et de réagir. Et cela signifie au moins cinq choses (mais il y en aurait sûrement d’autres) :
- (1) Premièrement, savoir prendre du recul sur notre manière de communiquer et sur celle des autres, afin de savoir décrypter les mécanismes, les mots, les paroles, les actes qui risquent de blesser ou qui sont des marqueurs d’agressivité.
- (2) Deuxièmement, apprendre à ne pas répondre sur le même mode de communication que l’agresseur, mais venir interroger ce qui est en train de se passer, venir interroger la violence qui est en train d’émerger. Ceci afin de rester en communication avec l’autre, afin de venir lui proposer autre chose : une autre manière de communiquer.
- (3) Troisièmement – et c’est là le point central – accepter de prendre sur soi une partie de la violence de l’autre… pour éviter de la restituer, de la reproduire ou de la renvoyer en l’amplifiant… pour éviter de faire subir à l’autre une souffrance équivalente ou peut-être plus grande. C’est cette acceptation paradoxale – et quelque part « injuste » à vue humaine – qui met fin à la chaîne de l’agressivité : accepter de prendre sur soi le mal, pour ne pas lui laisser le champ libre, pour ne pas le rendre ou le reproduire.
- (4) Quatrièmement, ne pas vivre dans le jugement, pour laisser à l’autre la possibilité de changer, de se déplacer, de se retourner. Si l’autre est marqué du sceau d’un jugement définitif à son égard, d’un jugement qui l’enferme, qui le fige dans un rôle déterminé, alors il n’a plus la place de changer, et toute tentative de mouvement, pour lui, devient terriblement difficile, voire impossible.
- (5) Enfin, cinquièmement, être artisan d’union et de réconciliation, en étant celui qui prend l’initiative, qui tend la main, qui agit dans le sens de l’ouverture, sans attendre que l’autre fasse le premier pas (Lc 6, 31).

* Je voudrais m’arrêter avec vous ce matin sur un de ces points [le 3]. Lorsque je dis d’« accepter de prendre sur soi une partie de la violence de l’autre, pour éviter de la restituer », cela pose immédiatement deux questions :

(1) La première : Est-ce possible de prendre sur soi le mal, l’agressivité, la violence de l’autre, sans avoir à en subir soi-même les conséquences ?

Il est difficile de répondre à cette question. Car ne pas répondre au mal, en le prenant sur soi, n’est pas quelque chose de naturel, ni de facile. Il est difficile de renoncer à son bon droit, de renoncer à s’affirmer soi-même, de faire front au mépris, à la haine ou à l’injustice. Et il est difficile de penser qu’il n’y a pas de conséquences pour celui qui accepte de rompre la chaîne de la réciprocité, du donnant-donnant … en déployant une autre logique[1].

« Prendre sur soi » au lieu de « répondre » et de « renvoyer » pour se protéger, c’est prendre un risque – car forcément le comportement de l’autre a une influence (positive ou négative) sur moi – et c’est aussi faire un pari : le pari qu’une attitude nouvelle – fondée sur la bonté, sur une initiative unilatérale de ma part – est capable d’entraîner l’autre sur un autre terrain, dans une autre voie.
C’est le pari auquel Jésus nous appelle… un pari qui refuse la fatalité de la haine, la logique du court terme, pour s’inscrire dans une autre temporalité : celle de l’espérance.

En réalité, cette attitude nouvelle – qui n’est pas sans risque et sans conséquence pour celui qui accepte de « prendre sur lui » le péché de l’autre, plutôt que de lui renvoyer – n’a qu’un seul but : l’autre… la conversion de l’autre… son salut, c’est-à-dire sa guérison, sa libération.
« Être artisan de paix », « aimer son ennemi », c’est lui permettre de changer de regard et de s’ouvrir à un autre avenir. C’est vouloir établir ou rétablir une relation paisible, là où régnait l’indifférence, la méprise ou l’incompréhension, là où la relation était souffrante, douloureuse ou inadaptée.

(2) La seconde question qui peut se poser, c’est comment y parvenir ? Comment adopter cette attitude de bonté unilatérale sans y laisser des plumes, sans mal-être, sans souffrance ?

Il me semble qu’il n’y a qu’une seule possibilité de parvenir à cette attitude, de parvenir à accepter de prendre sur soi le mal – sans être écrasé et broyé par lui – c’est de ne pas le garder pour soi, en soi, mais c’est de le prendre pour le confier à Dieu, pour le déposer au pied de la croix du Christ.

Alors, le mal reçu est déposé pour être transformé dans la prière. L’agressivité de l’autre devient prière d’intercession pour l’autre. Et nous rejoignons cette parole de Jésus : « aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5, 44).

Alors, nous sommes « fils de Dieu » (Mt 5, 9 & 45), fils du Père céleste, car à son image – lui qui « fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons » (Mt 5, 45) – nous sommes en mesure d’accueillir et d’aimer chaque être humain, indépendamment de ses qualités ou de ses défauts, indépendamment de ce qu’il véhicule à cet instant : bonté ou méchanceté, douceur ou agressivité.

En prenant sur nos frêles épaules le mal, afin de le confier à Dieu, nous sommes des artisans du monde nouveau de Dieu, nous contribuons à la paix, nous sommes des ouvriers dans la vigne du Seigneur, lui qui est capable de transformer le mal (que nous lui confions) en bien.

En d’autres termes, à travers les béatitudes, Jésus nous appelle à nous attacher au bien, et à vaincre le mal par le bien (Rm 12, 21)… non pas par nos propres forces, non pas par notre propre justice… mais en lui confiant toute chose… en lui confiant le mal, afin que son amour et sa justice les changent et les transforment en bien.

* Confier toute chose à Dieu… implique de commencer par lui confier notre personne.
Cette attitude de confiance passe par un changement de regard sur le monde, sur les autres et sur nous-mêmes. Car nous faisons, nous aussi, partie des pécheurs… des durs, des médisants, des agressifs… nous faisons, nous aussi, le mal que nous ne voudrions pas faire (Rm 7, 19), et nous sommes loin d’être toujours ces artisans de paix.
Il nous faut donc, nous aussi, nous confier à Dieu… convertir notre regard et notre cœur… et commencer à regarder le monde avec les lunettes de la foi qui voient au-delà…. plus large et plus grand que ce que le monde nous offre à voir.

Alors…devenir « artisans de paix » consiste peut-être d’abord à « changer notre regard » (Mt 6, 22-23), pour dépasser ce qui est mortifère en l’autre, comme en nous-mêmes, … dépasser les mauvais éléments, le mal… pour s’attacher au bons aspects, à l’étincelle de bien, dont chacun peut être le porteur… pour voir plus loin que ce que l’autre me donne parfois à voir de lui-même lorsqu’il s’avance vers moi avec son péché, avec ce qui le sépare de Dieu et des autres. C’est cette capacité que déploient « ceux qui ont le cœur pur », ceux qui n’ont pas le cœur partagé mais tout entier présent à Dieu, ceux qui sont capables de voir le bien, de regarder la parcelle qui est bonne en l’autre, d’aller à la pêche à la bonté cachée en tout homme.
En s’attachant au bien, malgré le mal… en s’attachant à regarder les épis de blé, en dépit des mauvaise herbes… les artisans de paix (Mt 5, 9) rejoignent ainsi les cœurs purs (Mt 5, 8). Car ils s’attachent à voir en tout homme l’étincelle de vie, la braise qui peut rallumer la flamme de l’amour, pour peu qu’elle soit remarquée et attisée.

Le mal et le bien existent en chacun de nous, ils co-existent dans nos relations, dans notre église, dans notre société. Mais le Christ nous invite à changer de regard, de mentalité et de comportement, à dépasser la logique de la réciprocité, de la symétrie, du donnant-donnant, pour vivre dans celle de l’amour, du don et de la gratuité… pour déployer une attitude nouvelle, susceptible de nous transformer, de changer le regard des autres, et d’orienter notre monde dans le sens du Royaume.

* Conclusion

Alors… chers ami(e)s… que pouvons nous retenir de cette médiation ?

Jésus nous appelle à devenir « militants du royaume des cieux », « artisans du monde nouveau de Dieu »… à renoncer à la logique de la violence…. à ne pas nous positionner dans des relations de miroir avec les autres… à sortir du registre de l’opposition frontale où l’on risque de s’enfermer dans des logiques de comparaison qui ne nourrissent que la convoitise, la frustration, la jalousie et la vengeance.
Jésus nous appelle à nous mettre en marche, à nous mettre à son école (Mt 11, 29), pour apprendre peu à peu à nous laisser déplacer et transformer par son Evangile, à changer nos relations aux autres et notre rapport au monde.

Pour celui qui écoute la parole de Jésus et la met en pratique, l’autre n’est plus un concurrent qu’il faut écraser pour s’approprier sa part de jouissance, et le monde n’est plus un champ de bataille livré aux appétits prédateurs les plus incontrôlés.
Il devient possible d’habiter le monde et la relation à l’autre sur un autre mode que celui du « je veux ce que tu as, même s’il faut pour cela t’écraser » ou du « tu m’as fait ça, alors je te fais ça »… un peu comme le font les enfants.
Ce changement de paradigme (de modèle) implique un lâcher prise sur notre volonté de toute puissance et de maîtrise, pour oser quitter la logique de la réciprocité et du mimétisme.

« Militants du royaume des cieux », nous sommes appelés à nous engager à la suite du Christ, à nous mettre en marche sur le chemin de l’espérance et, par là-même, à refuser la démobilisation, le fatalisme et la désertion du monde.

Soyons « artisans de paix » autour de nous… cherchons d’abord le royaume et la justice de Dieu… et
toute chose nous sera alors donnée en plus (Mt 6, 33).

Que le Seigneur nous inspire des paroles et des gestes de paix, qui relèvent et libèrent le prochain. Qu’il nous inspire des engagements justes. Et qu’il nous donne le courage de tenir bon dans la lutte…sans autres armes que celle de l’amour, de la paix et de la confiance qu’il nous donne.
Amen.


[1] Entre parenthèse, il ne faut pas croire que celui qui répond à la violence par la violence, n’a pas non plus à en subir les conséquences. Car il est responsable de la violence qu’il nourrit. Et il devra affronter cette violence qu’il a, à son tour, générée. 

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