dimanche 8 janvier 2012

Mt 2, 1-18

Mt 2, 1-18
Lectures bibliques : Mt 2, 1-18 ; Jn 8, 12 ; 2 Co 5, 17 ; Ep 4, 17-32
Volonté de Dieu : Ep 5, 8-10
Thématique : se mettre en quête de la vraie lumière & devenir « enfants de lumière »

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Lectures

- Mt 2, 1-18

1Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem 2et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l'Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. » 3A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s'enquit auprès d'eux du lieu où le Messie devait naître. 5« A Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c'est ce qui est écrit par le prophète : 6Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c'est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple. » 7Alors Hérode fit appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux l'époque à laquelle l'astre apparaissait, 8et les envoya à Bethléem en disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l'enfant ; et, quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que, moi aussi, j'aille lui rendre hommage. » 9Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à l'Orient, avançait devant eux jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. 10A la vue de l'astre, ils éprouvèrent une très grande joie. 11Entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 12Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d'Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.

13Après leur départ, voici que l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; restes-y jusqu'à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » 14Joseph se leva, prit avec lui l'enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte. 15Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, pour que s'accomplisse ce qu'avait dit le Seigneur par le prophète : D'Egypte, j'ai appelé mon fils.

16Alors Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants jusqu'à deux ans, d'après l'époque qu'il s'était fait préciser par les mages. 17Alors s'accomplit ce qui avait été dit par le prophète Jérémie : 18Une voix dans Rama s'est fait entendre,des pleurs et une longue plainte : c'est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, parce qu'ils ne sont plus.

- Jn 8, 12

12Jésus, à nouveau, leur adressa la parole : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. »

- 2 Co 5, 17

17Aussi, si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là.

- Ep 4, 17-32

17Voici donc ce que je dis et atteste dans le Seigneur : ne vivez plus comme vivent les païens que leur intelligence conduit au néant. 18Leur pensée est la proie des ténèbres, et ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qu'entraîne chez eux l'endurcissement de leur cœur. 19Dans leur inconscience, ils se sont livrés à la débauche, au point de s'adonner à une impureté effrénée. 20Pour vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris le Christ, 21si du moins c'est bien de lui que vous avez entendu parler, si c'est lui qui vous a été enseigné, conformément à la vérité qui est en Jésus : 22il vous faut, renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l'effet des convoitises trompeuses ; 23il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence 24et revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité.

25Vous voilà donc débarrassés du mensonge : que chacun dise la vérité à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres. 26Etes-vous en colère ? ne péchez pas ; que le soleil ne se couche pas sur votre ressentiment. 27Ne donnez aucune prise au diable. 28Celui qui volait, qu'il cesse de voler ; qu'il prenne plutôt la peine de travailler honnêtement de ses mains, afin d'avoir de quoi partager avec celui qui est dans le besoin. 29Aucune parole pernicieuse ne doit sortir de vos lèvres, mais, s'il en est besoin, quelque parole bonne, capable d'édifier et d'apporter une grâce à ceux qui l'entendent. 30N'attristez pas le Saint Esprit, dont Dieu vous a marqués comme d'un sceau pour le jour de la délivrance. 31Amertume, irritation, colère, éclats de voix, injures, tout cela doit disparaître de chez vous, comme toute espèce de méchanceté. 32Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.


Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 08/01/12

Le mot épiphanie signifie « manifestation » ou « apparition ».
C’est la manifestation de la lumière qu’est pour nous Jésus Christ, la Parole qui éclaire notre route.
En ce jour de l’épiphanie, c’est la tradition de l’Eglise de relire ce passage biblique bien connu, semé d’éléments légendaires, mais riche en contenus symboliques, présentant des mages venus d’orient pour se prosterner devant Jésus, signifiant ainsi l’universalité du salut offert et manifesté en Jésus Christ.
Ces mages sont peut-être des savants, des astronomes, ou peut-être des hommes un peu crédules, des astrologues, ou simplement des observateurs du ciel étoilé. Ce sont des étrangers, des non-juifs, qui partageaient sans doute avec le peuple d’Israël une espérance messianique. Mais surtout ce sont des hommes en quête de lumière, ouverts à la nouveauté, à l’inattendu et à la surprise… des veilleurs attentifs aux signes du temps… des hommes courageux et libres, prêts à bouger, à chercher, à se mettre en route, à quitter leurs habitudes et leur quotidien, pour avancer dans leur quête vers le nouvel astre qui vient d’apparaître.

Le récit biblique nous dit qu’ils voient une étoile qui les précède. Cette étoile qui éclaire Bethléem, la ville natale de David, c’est une nouvelle étoile qui vient de se lever pour accueillir la naissance de Jésus, celui qui sera lumière du monde (Jn 1, 9 ; Jn 8, 12), lumière pour éclairer les nations (Lc 2, 32). 
Les mages ont reconnu cette étoile en Orient, lorsqu’elle commençait à poindre.
Tous les Anciens croyaient qu’à la naissance d’un homme une étoile s’allumait dans le ciel, d’autant plus si celui-ci était un roi[1]. Les Israélites eux-mêmes, selon l’oracle d’un prophète « étranger », attendaient le Messie comme un « astre » qui devait surgir de Jacob. La prophétie de Balaam, dans le livre des Nombres (Nb 24,17) dit ceci (TM) :
« Une étoile point de Jacob et un sceptre surgit d’Israël ». Dans la traduction grecque (des LXX), le « sceptre » devient un « homme », et dans les traductions araméennes (targoumim), le « sceptre puissant d’Israël » est « le Messie ».
Ceci montre qu’il ne faut pas prendre trop à la lettre cette « étoile » dont nous parle l’évangéliste Matthieu, car il s’agit d’une figure messianique, indiquant que Jésus est véritablement le Messie, l’étoile, la lumière qui éclaire notre chemin et qui permet de nous diriger, même lorsqu’il fait nuit.

A travers ce récit, et à l’image de ces étrangers, de ces mages, dont l’intention est de se prosterner respectueusement devant le Messie, je crois que l’évangéliste Matthieu nous invite à partir en quête, à quitter nos habitudes (parfois sclérosantes) et nos certitudes (parfois rigides) pour marcher librement à la suite de cette étoile qu’est pour nous Jésus Christ.
Ce cheminement n’est pas linéaire et rectiligne. A l’image du périple des mages, qui passe d’abord par Jérusalem avant d’arriver au bon endroit : à Bethléem, nos routes peuvent être marquées par un certain nombre d’étapes et de difficultés. Comme le montre le récit, à travers le personnage d’Hérode, le chemin peut être semé d’embûches, d’horreurs et d’injustices… à commencer par l’hostilité de ceux qui ont peur de perdre leurs prérogatives, de ceux qui ont peur que le Messie remette en cause leur pouvoir et leurs privilèges. Et d’une certaine manière, les récits évangéliques, qui ne cessent de mettre en avant l’autorité de Jésus et le renversement des valeurs que provoque l’Evangile (aussi bien le Sermon sur la Montagne que la Bonne Nouvelle du salut offert par grâce), montrent que l’inquiétude de l’establishment des hommes politiques et religieux est tout à fait fondée. L’Evangile a bien la force de mettre en branle un certain nombre de logiques auxquelles notre monde semble s’être résigné : le dieu argent ; la loi du donnant-donnant, de la réciprocité et du mérite ; l’usage de la force et de la violence dans de nombreux domaines ; l’injustice des mécanismes économiques dont l’homme est responsable, à commencer par ceux qui exercent des pouvoirs politiques ou financiers ; l’enfermement, le manque de compassion et de générosité vis-à-vis des autres dans lequel un certain nombre de nos contemporains se replient. L’Evangile est puissance de transformation et de salut (Rm 1,16) pour qui le reçoit et le met en pratique. Il est capable de produire des changements et des bouleversements dans notre vie, pour autant que nous l’accueillons et que nous nous mettions, chaque jour davantage, à l’école du Christ (Mt 11,29).

Le passage de l’épître de Paul que nous avons entendu nous rappelle cette puissance de transformation à l’œuvre chez ceux qui ont revêtu le Christ, la nouvelle nature créée à la ressemblance de Dieu (Ep 4, 24). Suivre Jésus… devenir disciple du Christ….implique de se laisser traverser et transformer par la Parole de Dieu, jour après jour… dans toutes les relations que nous vivons avec les autres, dans la vie quotidienne… et cela… malgré les obstacles… malgré le péché, la méchanceté et la misère humaine dont nous sommes témoins.
Paul parle d’un renouvellement par la transformation spirituelle de notre intelligence (Ep, 4, 23), c’est-à-dire d’une rénovation en profondeur de notre intelligence, qui s’opère en revêtant l’homme nouveau (Ep 4, 24), en vivant en Christ (dans la justice, la sainteté et la vérité).
Il n’y a pas d’un côté, notre relation à Dieu le dimanche matin au culte, et, de l’autre, le reste de notre vie quotidienne. Nous ne pouvons pas véritablement grandir dans la foi en vivant intérieurement divisés, comme des êtres schizophrènes. C’est tout notre être, notre personne toute entière, dans tous ses aspects (relationnels, psychiques, spirituels, …), qui doit s’ouvrir au Christ et se laisser transformer, pour s’unifier sous l’action de l’Esprit.
C’est ce que la théologie appelle la « régénération » (c’est-à-dire la participation à la nouvelle réalité qui se manifeste en Jésus Christ) et la « sanctification » (qui est un processus de transformation).
Dans le Christ, l’homme est saisi de l’intérieur, et, à la lumière du Fils, il trouve un ré-ordonnancement de sa vie, pour devenir, peu à peu, une nouvelle créature (2 Co 5, 17).

Cette quête vers la lumière qu’est le Christ fera alors de nous progressivement des enfants de lumières (Ep 5,8). Et cette transformation nous apportera la paix et la joie. C’est là la promesse que nous révèle le récit des mages, dans l’évangile de Matthieu : « A la vue de l’astre, [les mages] éprouvèrent une très grande joie » (Mt 2, 10). L’effet généré par l’étoile, pour ceux qui sont à sa recherche, ceux qui sont en quête et finissent par la trouver : c’est la joie. Cette joie ouvre alors tous nos verrous fermés.
Devant Jésus – don du ciel – ceux qui découvrent en lui la véritable lumière, n’ont rien d’autre à faire que d’ouvrir leurs cœurs et leurs trésors, d’offrir leurs dons, pour rendre grâce à l’amour de Dieu manifesté par cet enfant…. cet enfant, figure d’avenir, porteur d’espérance, promesse de vie nouvelle. 

Ce matin, et particulièrement en ce début d’année où nous tentons bien souvent de prendre de nouvelles résolutions, ce récit des mages nous invite à réfléchir sur nos objectifs, sur le but que nous souhaitons atteindre.
En général, pour avancer, il faut avoir une visée, un point de mire, une étoile pour nous guider. Alors quelle est véritablement notre étoile ?

Je parle d’une étoile véritable, pas d’une « star », d’une étoile qu’on appelle « star » en anglais, et qui désignent plutôt des étoiles filantes, des « stars » éphémères auxquelles les médias et les mages modernes rendent un culte et vouent une admiration toute provisoire.
Quelle est notre étoile ? Quelle est notre préoccupation ultime ?
Quel est Celui qui illumine notre vie et notre route… même lorsqu’il fait nuit ?
Et quels mages sommes nous ? Sommes-nous prêts comme les mages de l’évangile à quitter les sentiers battus, à chercher, à tâtonner, à poursuivre courageusement la quête, malgré les obstacles, les fausses pistes… dans la certitude qu’une joie nous attend au bout de la nuit ?
Pouvons nous devenir des mages pour guider les regards nos contemporains vers la véritable étoile ?

Nous sommes les disciples de ce à quoi nous prêtons attention… de ce sur quoi, sur qui, se porte notre regard.
Alors… où se porte notre regard ?

L’évangile nous appelle à reconnaître la vraie lumière : celle qui délivre de nos ténèbres et nous apporte le salut… celle qui nourrit, qui donne sens à notre existence et notre espérance. 
Si Jésus Christ, le porteur de l’Esprit, est pour nous cette lumière, laissons nous transformer par l’Esprit, afin que nous devenions enfants de lumière dans notre monde, que nous puissions, nous aussi, rayonner et faire connaître aux autres la source de cette lumière qui nous habite.

En ce début d’année, en ce temps des vœux… je vous souhaite à toutes et à tous une année lumineuse, une année de transformation sous l’action de l’Esprit de Dieu.
Que cette année fasse de vous… de nous… des mages pour nos frères et sœurs… des mages en mouvement, animés du dynamisme du marcheur, du randonneur, en quête de lumière, pour aller vers les autres et leur offrir nos dons les meilleurs : notre amour et notre générosité. 
Que la joie des mages nous anime, et fasse vaciller nos soucis, nos inquiétudes et nos peurs. Guidés par la lumière, portés par la foi du Christ, soyons, nous aussi, saisis et rayonnants d’une grande joie !
Amen.


[1] Par exemple un Alexandre le Grand. Voir Cicéron, De divinatione, 1, 47. 

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