dimanche 28 août 2011

Mt 13, 31-35

Mt 13, 31-35

Lectures bibliques : Mt 6, 5-15 Mt 13, 31-35
Thématique : s’inscrire dans la relation à Dieu
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 28/08/11

Le Royaume de Dieu : c’est la figure de ce à quoi nous sommes appelés à tendre, le but, la finalité (le telos) de notre histoire.

En Jésus le Christ, le Royaume de Dieu s’est approché ; il s’est manifesté de façon centrale dans notre histoire.

Alors, lorsque Jésus parle en parabole du Royaume des cieux… de ce qui est déjà là, à travers lui, et de ce vers quoi nous cheminons, de ce à quoi nous devons tendre, de ce que nous espérons… il nous adresse une parole essentielle pour notre existence présente.

La première parabole que nous avons entendu est celle du grain de moutarde.

Le Royaume des cieux n’est pas comparé à un grain de moutarde en lui-même, mais à un grain de moutarde qu’un être humain sème dans son champ, un grain de moutarde devenu un arbre au stade final de son développement.

A lui seul, ce petit grain de moutarde n’est rien.
Comme l’évangéliste Matthieu le précise, il s’agit – à sa connaissance – de la plus petite de toutes les semences.

Il en est de même des dons que Dieu nous offrent : la foi et la Parole de Dieu ne sont rien.
Elles contiennent certes toute la potentialité de vie d’une graine – le miracle de la vie en puissance – mais elles ne restent qu’au stade latent de la graine si elles ne sont pas enfouies en nous, si elles ne sont pas accueillies et ancrées dans le cœur de l’homme.

Il en va autrement lorsque ce grain minuscule est semé dans de la bonne terre – au creux de l’humain – et régulièrement arrosé par une terre bien irriguée. Il croît et prospère alors, pour devenir la plus grande des plantes potagères, pour devenir un arbre dans lequel les oiseaux viennent faire leur nid, un arbre qui offre accueil, protection et refuge à son entourage.

Cette parabole nous révèle plusieurs aspects du travail de la foi : en mettant en contraste la petitesse de la graine et la grandeur de la plante, elle nous parle d’un processus de croissance, d’une dynamique de développement et d’élévation.

Elle est l’occasion de nous interroger sur ce qui fait pousser cette graine, sur ce qui nous fait véritablement grandir :
- D’abord, il ne s’agit pas de déposer cette graine reçue sur un endroit pierreux ou de la laisser en périphérie de notre existence, au bord du chemin, mais de la planter, de l’ensemencer, au creux de nous-même, au plus profond, dans la bonne terre. C’est là seulement qu’elle pourra croître.
- Ensuite, il faut l’arroser régulièrement, lui donner à boire pour qu’elle se développe.

En cette période de l’année, alors que le temps des vacances s’achève, nous commençons à songer à la rentrée.
C’est le temps de s’organiser, de réfléchir à notre emploi du temps, aux activités que nous voulons faire, et à celles que nous pouvons faire.
Cette parabole peut nous interpeller : allons-nous en ce début d’année scolaire reprendre simplement nos activités et nos habitudes ? Allons-nous nous inscrire dans la répétition, dans le confort routinier de nos habitudes ?

Si tel n’est pas notre souhait… Comment faire place à la nouveauté ? Comment donner un peu d’eau et de terreau à notre plante cette année pour nourrir ses racines et pour qu’elle puisse continuer à se développer ?

En d’autres termes, dans la perspective de cette nouvelle année scolaire, qu’est-ce que je peux faire pour changer mon quotidien, pour vivre les choses autrement, pour m’inscrire dans la rencontre avec Dieu et avec les autres ? Quels sont les choix qui s’offrent à moi ? Quelles sont les possibilités ? Quelles sont et seront mes priorités ?

Cette parabole nous invite en premier lieu à cultiver notre jardin.
Cultiver son jardin, cela ne veut pas dire développer son ego – être égoïste et égocentrique – se replier sur soi et se regarder le nombril.
Cultiver son jardin, c’est d’abord prendre… se donner… et garder du temps pour ce qui nourrit véritablement notre existence : notre relation à Dieu et aux autres.

Réfléchir à ce qui me nourrit vraiment dans la vie, c’est m’interroger sur ce qui me constitue et me construit en tant qu’être humain.

Précisément, ce que je suis, ce qui constitue ma personne, ce qui construit jour après jour mon identité, je ne le dois pas d’abord à moi-même, à mes propres mérites, mais à la grâce et à l’amour de Dieu qui me reconnaît sans condition, ainsi qu’à l’historique de mes relations avec les autres.

Contrairement à ce voudrait nous faire croire le discours ambiant, celui d’une société qui valorise de manière radicale l’indépendance et l’individualisme, je ne me construis pas tout seul, moi-même par moi-même.
Je ne suis pas un être indépendant, mais je vis en inter-dépendance avec les autres, avec mon prochain, avec mon environnement.

Ce qui fait de moi ce que je suis…ce qui contribue à forger peu à peu ma personnalité… je le dois avant tout à ma vie relationnelle… aux relations avec les autres : celles qui ont marqué mon passé, mon histoire… et celles d’aujourd’hui, de ma vie de tous les jours, qui continuent à me construire, à me nourrir, à me faire réagir et évoluer, à me transformer.

Si tel est bien le cas, cela signifie que mon désir de faire grandir cette graine qui m’a été donnée, correspond en fait à un désir de vie, un désir de relation aux autres et à Dieu, un désir de croître dans ma vie relationnelle, dans ce qui me nourrit vraiment au quotidien.

Alors, en cette nouvelle année scolaire qui s’ouvre à nous, comment se donner les moyens d’avancer dans cette relation à Dieu, aux autres, et à moi-même ?

La seconde parabole que nous avons entendue – celle du levain – nous donne une bonne piste : 

Il suffit de prendre du levain et de le cacher dans la farine, afin de faire lever le tout.

Le levain, c’est évidemment ce qui fait fermenter et lever toute la pâte, mais c’est quelque chose que seul celui qui fait le pain peut voir... c’est le secret du boulanger ou de la boulangère que nous sommes.
Il ne se devine pas, il ne se voit pas, mais il change tout, en permettant au pain de lever, et en lui donnant son goût savoureux et croustillant.

Autrement dit, le levain, c’est un peu comme notre relation à Dieu : c’est quelque chose qui ne se voit pas, mais qui change la saveur de la vie, le goût de la vie et de nos relations avec notre prochain.
Lorsque le levain est là, il permet au reste de prendre sens et ampleur, de se déployer.

Si le levain se cultive dans le secret, il a également une autre caractéristique : Il est long à préparer.

Préparer du levain exige de la patience : faire le bon mélange d’eau et de farine, le laisser respirer, ne jamais l’enfermer hermétiquement, s’y reprendre à plusieurs fois, jour après jour.
Et surtout, il est difficile à réussir dès la première fois.

Ici encore, le levain est à l’image de notre relation à Dieu... qui exige patience, persévérance et fidélité.
Si on rate, on peut recommencer.
Il ne faut pas l’enfermer, mais la laisser respirer.

Mettre du levain, l’enfouir dans la farine, pour que toute la masse lève : voilà la Parole que Jésus le Christ nous adresse ce matin.

Cette Parole de vie nous invite à mettre Dieu et notre relation à Dieu au centre de nos préoccupations afin que notre vie prenne de l’épaisseur, de la profondeur, qu’elle ait véritablement le goût de la vie.
Pour Jésus, la relation à Dieu ne peut être dissociée de la relation avec nos frères et sœurs. Non seulement, la relation au Père vécue dans le secret est le lieu du repos, de la paix, du ressourcement véritable, mais la relation à Dieu vécue dans l’intimité de la prière vient en réalité agir et illuminer notre vie quotidienne en nourrissant la qualité de nos relations aux autres. Elle est réellement le levain qui fait lever la pâte de la vie.

En ce temps de rentrée qui s’annonce, voilà que l’Evangile nous dévoile le secret qui fera lever notre pain, voilà que Jésus nous invite à faire de la place à Dieu dans notre quotidien.

En nous appelant à nous confier à Dieu dans la prière, Jésus nous invite à vivre une relation authentique et simple avec le Père.
Pas besoin de crier ou de rabâcher, Dieu nous accueille dans la simplicité d’une relation entre un Père et son enfant.
Tel un Père bien aimant, il sait ce dont son enfant a besoin.

Alors... frères et soeurs... à nous de répondre à l’appel que Jésus nous adresse... en osant prier... en osant nous en remettre à Dieu... nous confier à Lui comme à un "Père". 
A nous de prendre le temps d’apprendre à vivre peu à peu cette relation filiale avec "notre Père céleste".

La foi reçue comme un don est à accueillir, à découvrir, à approfondir jour après jour.
Prendre le temps… se donner du temps… garder du temps pour entretenir cette relation à Dieu, voilà une manière de cultiver son jardin en puisant directement à la source de la vie éternelle.



Amen. 

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